Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
J'aurais préféré que l'Aménagement du territoire fût directement intégré au Plan. Créer une structure administrative indépendante est une procédure très lourde, qui risque de compliquer les choses.
    GdG. — Ne vous en faites pas, plus on ira, plus le Plan s'emparera de tout. Que le Plan et l'Aménagement du territoire se débrouillent en attendant. Puisqu'ils sont mis sous la responsabilité du Premier ministre, leurs disputes ne pourront pas aller très loin. »
    Au Salon doré, après le Conseil, le Général pousse devant moi jusqu'au lyrisme son hymne au Plan :
    « Rien ne compte plus que le Plan. L'Aménagement du territoire doit y être subordonné étroitement. Rien ne vaut le Plan. Pas d'aménagement du district de Paris, pas d'aménagement du territoire, en dehors du Plan. Pas de progression des salaires, pas d'augmentation des congés et de diminution de la durée de travail, en dehors du Plan. Le Plan nous permet de nous tirer toujours d'affaire. Tout le monde s'est mis d'accord sur ses grandes lignes. Tout le monde maintenant doit s'y tenir. À toute revendication, nous pouvons répondre : " Impossible, le Plan ne le prévoit pas."
    « Il faut créer une mystique du Plan. Vous entendez, Peyrefitte, le Plan, c'est le salut. Ainsi, rien d'imprévu ne devrait arriver en matière économique et sociale, ou du moins rien de grave. Une revendication ouvrière ? Impossible, le Plan. Une revendication patronale ? Le Plan. Le ministre des Finances et le ministre du Travail ne devraient rien avoir à faire pendant les quatre ans de la durée du Plan : la mécanique du Plan devrait se dérouler toute seule.
    « Je demandais un jour à Khrouchtchev, quand il est venu en France : "Mais enfin, quand travaillez-vous ? Vous voyagez tout le temps, vous faites des discours, vous chassez, vous allez vous reposer en Crimée. Quand trouvez-vous le temps de travailler ? — Moi ? m'a répondu Khrouchtchev. Je ne travaille jamais. Pourquoi travaillerais-je ? Le Plan a tout prévu. Il suffit de l'exécuter. Ça, c'est le travail des fonctionnaires."
    AP. — Tout de même, nous ne sommes pas en régime soviétique...
    GdG. — Il faut prendre dans les différents systèmes ce qu'ils ont de bon. Avec le Plan, on sait où on va. Faute de Plan, c'est l'anarchie. »

    « Des pans entiers de notre économie s'effondreraient »
    Au Conseil du 24 janvier 1963, Giscard : « Nous sommes envahis par les réfrigérateurs italiens. Notre industrie électroménagère du froid est en grande difficulté. Un effort de concentration et de lutte contre la concurrence est nécessaire, mais nous aurions besoin de six mois de délai pour nous organiser et ne pas disparaître. »

    Au Salon doré, après le Conseil, le Général me dit :
    « C'est bien joli, l'économie de marché ; mais, si l'on n'y prenait pas garde, des pans entiers de notre économie s'effondreraient.Les conditions de la production ne sont pas les mêmes selon les pays. Les ouvriers italiens sont payés trois fois moins cher que chez nous, leurs réfrigérateurs nous submergent et nous nous écroulons. Il faut quand même avoir les moyens de résister à des coups de bélier comme celui-là ! Sinon, demain, toutes les autos seront allemandes, toutes les motos japonaises, tous les avions américains ! Il faut que l'État se donne les moyens de permettre à nos entreprises de résister suffisamment pour ne pas s'effondrer ! D'ailleurs, il y a des clauses de sauvegarde dans le traité de Rome, il n'y a qu'à s'en servir.
    AP. — La Commission européenne a toujours la faculté d'établir des taxes compensatoires, quand une production extérieure est menaçante pour un pays.
    GdG. — Peut-être, mais la Commission ne le fait pas. Elle n'en prendra pas l'initiative. Elle ne s'y résoudra que si nous la tarabustons. »
    Le Plan, c'est son compromis, un peu militaire, entre le collectivisme et le capitalisme, qu'il récuse tous deux. Il n'aime pas le secteur public, dont les féodalités font passer l'État sous leur joug. Il n'aime pas le « laisser-faire, laisser-passer », trop contraire à son tempérament volontaire pour ne pas lui apparaître comme une lâcheté. Le Plan permet de soumettre les agents libres de l'économie à la haute direction de l'État.

    « Il faut remettre de l'ordre dans les prix et les salaires »
    Au Conseil du 20 février 1963, Giscard, Grandval, puis Pompidou, ont parlé des prix et des salaires. Le Général est intervenu plusieurs fois.

Weitere Kostenlose Bücher