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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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sommes assez pour traverser une grande difficulté et accepter qu'on ait à la traverser.

    « Le gouvernement doit être monolithique »
    « Le gouvernement ne doit donner à aucun égard, et de la part d'aucun de ses membres, l'impression ni d'une angoisse, ni d'unregret, ni d'un défaut de solidarité dans son action ou dans sa philosophie. Il doit être monolithique. Ce qu'a fait le gouvernement, il devait le faire. La loi lui prescrit d'assurer la vie nationale s'il le faut. Il n'est pas question de chercher à se mettre à ouvrir des débats sur ce qu'il aurait dû ou pas dû faire.
    « Quand un ordre est donné, il faut qu'on travaille à assurer aussi bien que possible son exécution. Par la suite, on verra dans quelles conditions une négociation pourra aboutir.
    « Nous traversons une épreuve. Elle devait arriver à propos des services publics. Nous devons nous placer sous le seul angle de l'intérêt général.
    « Nous sommes l'État. Il lui appartient de donner l'exemple de la réalisation du Plan. Il y a un rapport obligatoire entre l'accroissement de l'expansion et la hausse des salaires.
    « Le Premier ministre a grand intérêt à s'expliquer. Le général de Gaulle le fera quand il faudra. Mais cela voudrait dire que ce serait devenu très, très sérieux.
    « Pour l'application de la réquisition, jusqu'à la reprise, il faut y aller piano, il faut agir en souplesse. Mais l'autorité de l'État est en cause. Au bout du compte, il devra y avoir des sanctions, à commencer, naturellement, par la privation de salaire pour les grévistes.

    « Ce n'est pas la première difficulté que nous traversons depuis 1958. Nous avons pris les affaires en main dans une situation générale où l'État était entouré de féodalités triomphantes. L'armée, les partisans de l'Algérie française, les anciens combattants étaient des féodalités. Nous avions des partis politiques qui étaient des féodalités ; je dis bien : nous avions. Les syndicats étaient d'autres féodalités, tirées par une entreprise politique qui est le parti communiste — encore une féodalité. Il y en aura encore deux ou trois autres auxquelles il faudra régler leur compte.
    « Tout le reste n'est rien.»
    1 Finalement, Bokanowski y renoncera. Pompidou parlera à la RTF le 8 mars.
    2 Le décret, contresigné par le Premier ministre et les ministres compétents, a été signé et daté de Colombey par le Général le samedi 2 mars 1963.

Chapitre 3
    « IL N'Y A QU'UNE CHOSE À FAIRE, C'EST DE TENIR»
    Le lendemain, jeudi 7 mars 1963, j'assiste à la réception par Pompidou d'une délégation de députés UNR, fort hargneuse.
    Tomasini critique nos méthodes : « Il aurait fallu arrêter la grève avant qu'elle ne s'étende ! Maintenant, la population soutient totalement les grévistes.
    Billotte. — L'avis des députés, qui sentent la psychologie sur le terrain, doit être pris en considération, plutôt que celui de fonctionnaires qui sont rarement clairvoyants et pas toujours loyaux. Pour l'opposition, c'est un cadeau magnifique ! Elle va demander la convocation du Parlement.
    Moulin (député du Nord). — La réquisition, on savait qu'elle était inapplicable. Le décret est bafoué. On est donc dans une situation d'illégalité !
    Sanguinetti. — On crée l'illégalité ! On est à la merci du premier mouvement venu. C'est Guignol qui rosse le gendarme, et le public applaudit.
    L'abbé Laudrin (Morbihan). — À l'appel des mineurs, il faut redouter la mobilisation de tous les travailleurs. Même les agriculteurs sont touchés ; le chauffage pour les éleveurs de poulets est menacé.
    Jarrot (Saône-et-Loire). — Le bassin de Blanzy était calme. La réquisition l'a mis à cran.
    Jacson (Meurthe-et-Moselle). — En Lorraine, le mouvement s'amplifie par solidarité : entre les régions, entre cadres et ouvriers, avec le clergé qui devance les revendications pour les canaliser. C'est vraiment une épreuve de force de la population contre le gouvernement, comme la V e République n'en avait jamais vu.
    Diomède Catroux (Alpes-Maritimes). — Tout le problème est d'aider le gouvernement à sortir de l'erreur de la réquisition.
    Delory (Pas-de-Calais). — C'est sentimental : le mineur est un grand garçon sympathique. Cette grève était prévue depuis octobre. Nous le savions. Il faut montrer au mineur qu'on s'occupe de lui.
    Pompidou. — Les parlementaires n'ont pas à tenir avec des syndicats des discussions organiques

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