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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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l'Inde et Israël. Nous avons pris l'initiative d'Euratom. Nous voudrions bien que ça fonctionne, même si nos partenaires n'apportent rien. Mais c'est pour l'Europe que nous avons travaillé. Elle en bénéficiera le moment venu. »

    Après le Conseil :
    AP : « Vous ne trouvez pas que 1970, pour la bombe H, c'est encore loin?
    GdG. — Oui, c'est loin. Je me demande si on ne pourrait pas raccourcir les délais. Mais, voyez-vous, ces choses-là, ça prend beaucoup de temps. L'important, c'est de les lancer de manière qu'elles deviennent irréversibles.
    AP. — Est-ce vraiment pour l'Europe que nous travaillons, comme le dit Palewski ?
    GdG. — C'est d'abord pour la France ! Je vous en conjure, n'ayez pas honte de le dire! Voyez, il suffit qu'on sache à travers le monde que la France est en train de devenir une puissancenucléaire, pour que d'autres pays demandent aussitôt notre aide technique. Ils la préfèrent à celle des Américains ou des Russes, qui les rendraient dépendants, ou à celle des Anglais, qu'ils savent dépendants des Américains.
    « Mais ça ne veut pas dire que, pour plus tard, nous ne travaillions pas pour l'Europe. Comme la France est en Europe et qu'il n'y a pas de construction européenne qui tienne sans la France, ce sera probablement, un jour ou l'autre, l'Europe qui en profitera. À condition que ce que nous inventons et créons ne soit pas versé dans un chaudron, appelé Euratom, où nous apporterions tout, où les autres n'apporteraient rien et où, cependant, chacun pourrait puiser autant que nous. C'est ça, Euratom! C'est invraisemblable! C'est honteux! C'est à n'y pas croire! Enfin, tout ça, c'est terminé. Terminé ! »
    Il tape du plat de la main sur la table.

    « Nos atomistes trouveront toujours des trucs à faire, ils en raffolent »
    Au Conseil du 25 juillet 1962, Palewski déclare:
    «Nous avons encore un an d'essais nucléaires à faire au Sahara. Puis il faudra se disposer à se replier, pour s'installer en Polynésie. »

    Après le Conseil :
    AP : « Je ne comprends pas ce qu'a dit Palewski. Nos futures installations en Polynésie, qu'on ne met en route que l'an prochain, ne seront pas prêtes avant 1966. Ça veut dire qu'il y aurait un hiatus de trois ans entre la fin des essais au Sahara et le début des essais en Polynésie ?
    GdG. — Oui, il a dû se tromper. Ne vous en faites pas, nos ingénieurs atomistes trouveront toujours des trucs à faire au Sahara pendant ces trois ans-là. Même si ces expériences ne servent à rien, ils en raffolent. »
    1 Cette réforme, prévue par le Général et maintes fois évoquée depuis lors, n'a jamais vu le jour.

Chapitre 13
    « LE DÉLIRE DE L'ALGÉRIE NE DURERA PAS »

    « Il fallait faire un exemple»
    Élysée et Matignon, mercredi 23 mai 1962.
    Premier différend entre Pompidou et le Général: l'affaire Jouhaud. Il est profond.
    Le Général est furieux du jugement rendu hier par le Haut tribunal militaire. Celui-ci, créé en 1961, a fait échapper à la sentence capitale l'ex-général Salan, le chef, pour lequel il se contente de la détention perpétuelle, alors qu'il a précédemment condamné à mort l'ex-général Jouhaud, son lieutenant.
    Le Général n'en a pas soufflé mot aujourd'hui en Conseil, mais sa colère froide est si visible que nous ressentons comme une tension électrique. Chacun pense — et sûrement lui aussi — que cette juridiction d'exception a pris ces deux décisions contradictoires parce qu'elle a supposé que Jouhaud ne pourrait pas ne pas être gracié, tandis que Salan, à coup sûr, ne l'eût pas été: elle a voulu forcer le Général à l'indulgence, tout en prononçant une fois sur deux, pour l'apparence, une condamnation suprême qu'elle pense inapplicable.
    Le Général ne m'en dit pas un mot, et je n'ose l'interroger, de crainte de me faire rabrouer. Pompidou me fait venir dans son bureau et m'en dit davantage:
    « Cette affaire est bien délicate. Je vous en parle non pas pour que vous fassiez des déclarations ni des fuites, mais pour que vous sachiez redresser les erreurs à demi-mot.
    « Le Général estime qu'il fallait faire un exemple, pour rendre manifeste aux yeux de tous la gravité impardonnable d'un putsch militaire. L'exécution capitale du grand chef aurait fourni cet exemple. À défaut de Salan, ne reste plus que la tête de son second. Il a donc décidé hier soir de rejeter le recours en grâce présenté par Jouhaud. Il est intraitable. Il veut

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