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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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algérien, ce n'est pas la bonne volonté qui manque à notre égard, ni à l'égard des accords d'Évian ; c'est l'efficacité. Mais tout est suspendu à Ben Bella, qui se trouve au Maroc.
    GdG. — La nouvelle représentation française a pour tâche d'assurer la mise en application et le respect des accords d'Évian. Qui l'emportera, de Farès, de Ben Khedda ou de Ben Bella? Ça ne nous concerne plus. Nous n'avons pas à prendre parti. Nous formons le souhait que les Algériens s'entendent entre eux; surtout, que les élections aient lieu rapidement et dans des conditions d'apaisement.»

    « La démocratie: se faire la guerre par des votes »
    À la sortie du Conseil, pendant que le Général s'attarde avec l'un ou avec l'autre, Pompidou, de fort bonne humeur, dit à quelques-uns d'entre nous: «Farès, qui a collaboré de près depuis longtemps avec la France, c'est Darlan. Ben Khedda, qui a travaillé avec Farès sans collaborer lui-même, c'est Giraud. Ben Bella, qui n'a pas cessé de combattre la France avec intransigeance, c'est de Gaulle. Forcément, c'est lui qui va gagner.» Après quelques secondes, il se corrige: « Il est vrai que n'est pas de Gaulle qui veut.»
    Dans le Salon doré, de Gaulle me dit ensuite: «Il n'y a pas de gouvernement algérien. Ce qui n'empêche pas qu'il y en ait trois. Il en poussera peut-être d'autres. C'est normal, étant donné ce que nous savons de ces messieurs. Suave mari magno turbantibus aequora ventis... 4 . Nous n'avons pas à prendre parti. Nous pouvons simplement exercer notre influence pour qu'il y ait, à la fin des fins, des élections. Que chacun à son tour soit président du Conseil, et que la guerre finisse par être circonscrite dans cette enceinte. Après tout, c'est ça qu'on peut attendre de la démocratie : se faire la guerre par des votes. (Rire.)
    «Dans l'intervalle, nous devons veiller sur les Français qui restent là-bas. Qu'ils ne soient pas molestés, enlevés, assassinés. Il faut le faire activement. À la limite, nous les embarquerions s'il le faut. Ce n'est pas souhaitable, ni pour nous, qui les aurions sur les bras, ni pour l'Algérie, qui ne peut pas reprendre une activité normale sans eux.
    « Tout ça est un magma qui va se décanter et qui était inévitable. Ça ne mérite pas qu'on se passionne. Le délire actuel de l'Algérie ne durera pas. Ce qui était excessif et contre nature, c'est qu'elle ait tenu une telle place dans l'existence de la France pendant ces huit années.»
    1 Mais le Général a maintenu Jean Foyer pendant cinq ans dans les fonctions de garde des Sceaux.
    2 Un accord mettant un terme aux violences est intervenu le 17 juin 1962 entre Jean-Jacques Susini, chef de l'OAS à Alger, et Mostefaï, l'adjoint de Farès à la tête de l'Exécutif provisoire.
    3 Depuis le référendum du 1 er juillet, les unités de l'« Armée de libération nationale » se sont installées en Algérie.
    4 Vers de Lucrèce: «Il est doux, quand les vents tourmentent les vagues sur la vaste mer, (de contempler les épreuves d'autrui du haut d'un promontoire).»

Chapitre 14
    «SI L'OAS ME ZIGOUILLE... »
    On l'a cru, on le croit toujours: c'est en réplique à l'attentat du Petit-Clamart du 22 août 1962 que le Général aurait eu l'idée d'un référendum pour établir l'élection du Président de la République au suffrage universel.
    Il faut dissiper cette légende. Quinze jours après le départ des cinq ministres MRP, il était bien décidé à brusquer cette réforme, qui était en germe dans le discours de Bayeux de 1946, et dont il avait depuis longtemps parlé à ses proches (notamment après le putsch des généraux). Désormais, il devenait urgent de pallier l'insécurité parlementaire, dans laquelle venait de le plonger le retrait du seul parti, autre que l'UNR, qui eût contribué jusque-là à la majorité gouvernementale.

    « Nous allons instituer l'élection populaire du Président»

    Salon doré, après le Conseil du 30 mai 1962.
    GdG : «Voulez-vous annoncer que le général de Gaulle a l'intention de s'adresser au pays, le vendredi 8 juin, par une allocution radiotélévisée. Indiquez qu'il a dit qu'en dépit des flottements causés par la subversion, en dépit des attentats en Algérie et même en métropole, dont l'opinion peut ressentir les effets, la ligne fixée est et sera maintenue. Pour ce qui est de la continuité et de la stabilité des pouvoirs publics, le Président de la République est décidé à les

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