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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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temps. Les 30 et 31 décembre – il le note avec autant de soin que d’habitude – il va rembourser 250 F à sa fille Suzanne, remettre 140 F à sa femme, 10 F à son fils Maurice et payer ses loyers de Paris et Gambais.
    Comme la famille de Mme Collomb connaît le domicile de la rue de Chateaudun, il l’a quitté précipitamment. Sous le nom de Guillet, il a loué un nouvel appartement, 32, rue de Maubeuge.
    La suivante sera Andrée-Anne Babelay, une petite bonne de dix-neuf ans. Abordée dans la rue par Landru, elle l’a suivi, s’est mise à aimer follement cet homme dont elle ne sait rien. Le 12 mars 1917, elle prend congé de sa patronne :
    — Je vous quitte, madame… Je m’en vais avec mon fiancé ! Il a trente-cinq ans et c’est un vrai « monsieur ».
    Dans le carnet de Landru : « Un aller et retour, 4,95 F. Un aller, 3,10 F. »
     
    À la petite annonce du 1 er mai avait également répondu une certaine Célestine Buisson, née le 6 avril 1871 dans les Basses-Pyrénées. La lettre était ainsi conçue : « Monsieur. Excusez-moi, ayant vu votre annonce dans un journal. Je suis veuve, j’ai 12 000 F, j’ai quarante-quatre ans, j’ai un fils au feu, donc je suis seule et voudrais me refaire une situation. »
    Douze mille francs, voilà qui intéresse Landru. Il note sur l’enveloppe de la seconde lettre de Mme Buisson : « Ecrit le 8/5 pour rendez-vous mardi 5 heures. » Après la première entrevue, il note encore : « A un fils, dix-neuf ans, Bayonne, une ou deux sœurs, a épousé un hôtelier, était bonne à tout faire sans fonds ; a emporté le magot et les meubles au décès du vieux ; jalousie de famille ; vu le 14, écrira. » La suite ? Nous la connaissons à l’avance. En avril 1917, Mme Buisson vient habiter chez Landru, dans son nouvel appartement du boulevard Ney. Plusieurs fois, le couple accomplit des voyages à Gambais. Le 19 août, ils y retournent. Le carnet porte : « Un aller et retour, 4,95 F. Un aller, 3,10 F. »
    Le 31 août, Landru ne possédait que 88,30 francs. Le 1 er septembre, il note avoir encaissé 1 125,55 francs. Dans les jours qui suivent, Landru verse de l’argent à sa famille, offre à déjeuner à sa nouvelle conquête, Fernande Segret, et la conduit à l’Opéra-Comique. Les titres appartenant à Mme Buisson sont vendus par lui. Et son mobilier.
    Mme Jaume est ainsi décrite dans le carnet : « Trente-six ans, paraît plus jeune, air provincial, séparée d’un mari parti en Italie, mariée à 28 ans, 6 ou 7 ans avec mari âgé de 33 ans avec qui elle vivait fraternellement ; lui au café, discoureur. Elle : a encore son père qui vit avec une fille de vingt ans plus jeune que lui ; travaille en ville pour la couture ; a demandé et obtenu l’assistance judiciaire pour divorce en cours, en raison de nombreuses saisies. Catholique fervente, craint le divorce en raison de l’impossibilité de se remarier à l’église. »
    Puisque cette « fiancée » est pieuse, Landru l’accompagne dans les églises. Son carnet en témoigne : Quête église avec Lyane : 0,10 F ; Lyane, tronc Sacré-Cœur : 0,15 F ; arrêt au Sacré-Cœur : 0,15 F .
    Cet arrêt est du 25 novembre 1917. Le même jour, Mme Jaume est partie pour Gambais. Avec un aller simple.
     
    Restent sur la liste funèbre deux noms : Pascal et Marchadier. Dans son carnet, Landru a noté : « Pascal Anne, trente-six ans, veuve depuis cinq ans, sans enfant, 2, villa Stendhal, Paris XX e . Air jeune, tailleur et sombrero. » Il s’est présenté à elle comme Louis de Barbezieux. Quand il l’aura conduite à Gambais, il estimera ainsi sa « récupération » : « Un parapluie, 5 F ; un manteau, 5 F ; un lit de fer, 35 F ; un tapis, 12 F ; dentier Pascal  : 15 F. »
    Marie-Thérèse Marchadier est une ancienne prostituée que ses ex-clients ont connue comme la belle Mythèse. Elle disparaît à Gambais le 13 janvier 1919, ainsi que les trois chiens qu’elle a emmenés et dont on découvrira les cadavres – étranglés – dans le jardin.
     
    L’instruction marque chaque jour des points. La police et le parquet se sont transportés maintes fois à Gambais. On a fouillé le moindre recoin de la maison. On a remué à cent reprises la terre du jardin. La cuisinière a fait l’objet d’interminables investigations. On a analysé les cendres qu’elle contenait et d’autres trouvées à l’extérieur de la maison. De 100 kilos de cendres,

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