C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue
l’arrivée du Dumont-d’Urville et de l’ Annamite dans la journée du 17. Son soulagement se nuance aussitôt d’inquiétude : il faudra donc tenir encore quarante-huit heures. Il est urgent que Würdemann et Schacht rejoignent.
À 11 h 32, un cri du veilleur : « À 263° bâbord, bâtiment en vue. » C’est l’ U 506 . Bientôt, les deux sous-marins se rangent bord à bord. Point d’effusions, quelques explications de Hartenstein suffisent. Würdemann lui demande combien il a recueilli de naufragés « sur son yacht ».
— Exactement 263.
— J’en prends la moitié, 131, plus un.
On décide de transborder uniquement les Italiens. Il vaut mieux, décidément, les séparer des autres. Après quoi, Würdemann explore à son tour les parages. Il recueille, sur les canots, les femmes et les enfants à bout de forces, les malades, les blessés. Au soir du 15 septembre, l’ U 506 transporte à son tour plus de 200 personnes.
Le même jour, peu après 14 heures, l’ U 507 de Schacht entre en scène. À son tour, il embarque les naufragés les plus mal en point. À 17 h 55, non seulement 153 rescapés ont trouvé asile à son bord, mais il a pris en remorque plusieurs canots.
Le 16 septembre, à 8 h 28, le Cappellini qui se rapproche, aperçoit sur son chemin un canot à voile rouge portant 50 naufragés, soldats et marins, tous anglais. Ils disposent d’une boussole, d’une carte et d’un poste de radio. L’Italien leur demande s’ils ont besoin de quelque chose.
— Oui, d’eau.
On descend dans le canot des fiasques d’eau et quelques bouteilles de vin.
À 10 h 32, le Cappellini rencontre un autre canot, en mauvais état cette fois. Il porte 41 hommes, 18 femmes et 25 enfants, tous au-dessous de six ans, deux de quelques mois. Le commandant Marco Revedin, qui ne peut pas prendre tout ce monde à son bord, propose d’embarquer les femmes et les enfants. Tout compte fait, les femmes préfèrent demeurer sur la chaloupe avec leurs époux. Revedin les ravitaille en eau, bouillon chaud, vin, biscuits, chocolat, cigarettes. Le Cappellini poursuit sa route vers le sud à la recherche d’autres naufragés.
À bord de l’ U 156 , ce n’est qu’à force d’énergie que Hartenstein parvient à garder les yeux ouverts. Sans cesse, à l’aide de ses jumelles, il fouille l’horizon. Il traîne maintenant quatre canots en remorque. Quand donc les Français arriveront-ils ? Quand ce qui reste de naufragés leur aura été refilé, il pourra dormir. Enfin.
Un bruit de moteur. Celui d’un navire ? D’un avion ? Dans la baignoire de l’ U 156 , chacun regarde le ciel. Oui, c’est un avion.
Hartenstein n’éprouve aucun doute : cet avion doit avoir reçu ses messages. Il vient observer les lieux pour informer les commandants des bâtiments alliés qui, à leur tour, auront à cœur de recueillir des naufragés.
Pour bien confirmer ses intentions pacifiques, Hartenstein fait aussitôt recouvrir le canon avant du sous-marin par un pavillon de la Croix-Rouge. Les marins allemands et les rescapés reçoivent l’ordre de s’éloigner de ce canon. On inspecte le ciel avec une intensité sans cesse accrue : les Britanniques, les Italiens, les Polonais aussi bien que les Allemands. On distingue maintenant les étoiles peintes sur les ailes. C’est un appareil américain. On le voit boucler un cercle au-dessus de l’ U 156 . Fébrilement, par signal optique et en morse, Hartenstein fait diffuser par la radio du bord un message en anglais : « Ici, sous-marin allemand avec naufragés anglais. » Un officier britannique s’élance, propose à Hartenstein d’envoyer son propre message. Hartenstein accepte. Le signal clignote : « Ici, officier RAF à bord sous-marin allemand. Il y a naufragés Laconia , soldats, civils, femmes, enfants. »
Aucune réponse de l’avion. Il s’éloigne vers le sud-ouest.
Un immense soupir de soulagement. C’est bien à un avion d’observation que l’on a eu affaire. Il est parti chercher du secours.
Une demi-heure s’écoule. De nouveau un bruit de moteur. De nouveau l’avion américain. Sans doute cette fois va-t-il répondre aux messages du sous-marin, peut-être même larguer des médicaments ?
À 12 h 32 exactement, l’avion se met en piqué. Il fonce sur l’ U 156 . Hartenstein voit distinctement s’ouvrir le panneau de la soute à munitions. Tous ceux qui regardent – et ils regardent tous – le
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