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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Marécaux
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direction. Désemparés, ils me sortent de la cage et m’enferment dans une autre, située face à la route, pour que je puisse leur indiquer le bon itinéraire. Celui qui me conduit vers la liberté ?
    *
    9 h 30, arrivée au palais de justice. Avec passage par la porte principale et entrée dans le hall du tribunal où nous patientons dix bonnes minutes, en attendant qu’un gendarme puisse garer le véhicule. Autant d’attentes lancinantes et interminables qui m’apparaissent comme des punitions à répétition.
    Le personnel du greffe et certains avocats qui passent à côté de moi me reconnaissent parfois. Quelques-uns me glissent des bonjours furtifs. En les voyant, un profond sentiment de gêne m’envahit : ces témoins de ma vie passée découvrent aujourd’hui ma déchéance. Je suis embarrassé pour moi, mais aussi pour eux : croient-ils réellement aux sornettes, inepties et contrevérités que l’on colporte ?
    Quand le second gendarme arrive, je pense mon calvaire terminé, mais non il part aux toilettes et nous restons à nouveau là, tandis que défilent d’autres personnes que j’avais côtoyées autrefois, visages connus qui me font baisser les yeux de honte.
    Enfin nous montons vers le bureau du magistrat, devant la porte duquel les gendarmes, une fois de plus, me font patienter. À 10 heures, mon avocat arrive. Aucune pièce n’étant disponible pour un bref entretien, nous conversons dans le couloir. Après m’avoir exposé le contenu du dossier, il m’assure que beaucoup d’éléments sont à ma décharge. Un peu rasséréné par sa confiance, je vois le jour de ma libération poindre. Au loin.
    Dans le bureau, le juge d’instruction arbore toujours son air fermé et un costume trop large. Libéré des menottes, j’ai les poignets rougis, le magistrat me pose une multitude de questions, toutes à charge. Dire que je me trouve devant celui qui a brisé ma vie ! Je réponds clairement, renouvelle mes protestations d’innocence tandis qu’il réitère ses accusations. Chacun campe sur ses positions ; je me bats pied à pied et je crois le voir céder du terrain, voire reculer.
    Après trois heures d’interrogatoire, il ne fait plus aucun doute, désormais, dans mon esprit, que mon point de vue sera enfin entendu. Voyant Fabrice Burgaud afficher une pointe de déception, je me dis qu’il a enfin réalisé la bêtise commise et va demander ma relaxe. Les jours suivants m’apprendront que je me leurre encore.
    *
    Les gendarmes me remettent les menottes et je remonte, plutôt confiant, dans le fourgon, gagné par l’espoir de recouvrer ma liberté pour la Saint-Nicolas. J’entends presque déjà les rires de ma famille.
    À 13 h 30, départ pour la maison d’arrêt de Beauvais. Mon dos me fait terriblement souffrir mais l’espérance me sert de médecin. Je ne veux plus penser qu’à ma sortie imminente et à Odile, bien sûr, qui a sans doute enduré la même épreuve que moi.
    Durant le trajet de retour, qui dure deux heures, je m’angoisse pour mes enfants, qui ont dû être placés chez des inconnus et que je ne peux voir. Une fois arrivé au greffe, on me retire les menottes et me flanque dans une cage malpropre d’un mètre carré. Au bout de vingt minutes, on vient me conduire au rond-point, la partie centrale de la prison, et je suis jeté dans un autre cagibi tout aussi insalubre pour y être fouillé.
    Maurice s’abrutit devant la télévision quand j’apparais. Les autres détenus revenus de l’atelier me harcèlent de questions. « Alors, comment ça s’est passé ? » ; « Tu l’as senti bien ? » ; « Tu crois quoi ? »… Bien sûr, je mens, déjouant les interrogations délicates en me montrant le plus vague possible : il en va de mon intégrité physique. Le dîner arrive et mon appétit semble renaître. Je garde, chevillé aux tripes, après cette audition, le sentiment que les représentants de notre justice ont enfin fait montre, aujourd’hui, d’un soupçon de bon sens. J’ai mal au dos certes, mais, vers minuit, je m’endors aisément, l’âme gagnée par quelques onces de sérénité.
    Je ne le sais pas encore, mais en fait je ne suis qu’au début de mon parcours du combattant de la vérité. Qu’au commencement du chemin de croix à suivre vers la reconnaissance et la réhabilitation. Qu’aux prémices de ce long calvaire au cours duquel vingt-deux demandes de libération sous contrôle judiciaire me seront

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