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Chronique de mon erreur judiciaire

Chronique de mon erreur judiciaire

Titel: Chronique de mon erreur judiciaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Marécaux
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J’apprends qu’il est passé devant le tribunal correctionnel et a écopé de quatre ans fermes dont un avec sursis pour coups et blessures, jugement qui l’a visiblement affecté et il ne me paraît plus tout à fait le même.
    Les gardiens n’ont pas changé. Mieux, ils sont encore plus sur mon dos qu’avant. Je fais en effet l’objet d’une surveillance accrue de leur part et ils ne me laissent jamais seul un instant. Ainsi, chaque fois que Jean-Pierre sort de la cellule, je dois en trouver une autre pouvant m’accueillir avec, si possible, une connaissance dedans. Un jour, un surveillant antipathique décide, de son propre chef, de me placer dans la geôle voisine où je ne connais personne. Heureusement tout se passe bien et je rencontre Frédéric, un handicapé plutôt gentil tombé pour « viol sur son épouse », dont les demandes de mise en liberté vont être rapidement exaucées, ce qui me rendra jaloux. Deux poids deux mesures ? L’innocence plus réprimée que la culpabilité ? Je finis par le croire.
    *
    Mardi 9 juillet 2002. Je passe devant la cour d’appel suite au rejet de ma demande de mise en liberté sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention de Boulogne-sur-Mer. Je ne me souviens plus très bien du déroulement de cette journée, mais dans mon esprit il s’agit d’une formalité : la preuve, j’écoute l’avocat général d’une oreille distraite. En effet, comment ne pourrais-je pas être confiant ? Peut-on me réserver un sort différent de celui accordé à ma femme ? La Cour n’y perdrait-elle pas toute logique ? Pour un même dossier, est-il possible de prendre deux décisions opposées ?
    De retour à la maison d’arrêt, je prépare mes cartons en expliquant à Jean-Pierre que je vais enfin sortir et, sans trop de détails, les raisons de mon incarcération ainsi que les dysfonctionnements de la machine judiciaire. Il me reste juste à attendre, allongé sur mon lit, la confirmation du résultat positif. À 20 heures pourtant, je m’effraie. Cette attente m’inquiète et je succombe à une crise d’angoisse sauvage. Je mets aussitôt un drapeau et frappe à la porte. Le surveillant arrive, mécontent parce que toutes les portes ont été verrouillées, et m’assène que le greffe étant fermé, il n’y aura plus d’extraction. Horriblement désappointé, je me console en songeant que le dossier a été mis en délibéré ou que la décision est parvenue sur le fax du greffe, effectivement fermé. Bref que, malgré l’aiguillon du doute en train de pointer, mieux vaut patienter jusqu’au lendemain. Une mise entre parenthèses favorisée par l’absorption d’un somnifère salutaire.
    Réveillé depuis 6 heures, j’entends enfin s’ouvrir la serrure de la porte et bouger les lourds verrous. Incapable de manger quoi que ce soit, de me faire un café, je reste allongé sur le lit, l’angoisse à marée haute. Vers 8 h 30, mon cœur palpite plus intensément. Quand le surveillant ouvre la porte, mes jambes ne me soutiennent plus tant je tremble.
    — Pour votre information personnelle, le greffe n’a rien reçu ! me dit-il.
    Ayant compris ce que cela signifie, je m’effondre : la cour d’appel a confirmé la décision du juge et je reste incarcéré.
    *
    Mardi 23 juillet 2002. Je dois me rendre au tribunal de grande instance de Boulogne à propos de la garde des enfants. Où je retrouve ma femme avec bonheur. Comme j’ai appris, lors d’un parloir, que si je pouvais lui écrire, elle n’avait pas le droit, elle, de me parler, je comprends les raisons de son silence. Même s’il me blesse. Comment allons-nous rétablir la communication de notre couple, brisé par nos détentions respectives ? Ce nouveau déboire me perturbe. Sur place, je vois qu’elle a énormément changé, teint ses cheveux et a beaucoup maigri. Elle ne fait aucun cas de moi, attitude qui me rend perplexe. J’aperçois également mes beaux-parents, lesquels s’enferment dans le mutisme, ainsi que ma sœur aînée, et je découvre que les relations de Thomas avec eux se sont tellement dégradées qu’ils ne veulent plus le garder parce qu’il est trop « dur ». Je revois l’époque, pas si lointaine, où ils avaient préféré lâcher prise et laisser Sébastien et Cécile sur le bord de la route parce qu’ils n’arrivaient pas à se faire entendre d’eux. Je m’inquiète.
    Et puis, comment pourrait-il en être autrement ? En

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