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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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Minuit venu le Sénat se réunit, mais que l’assemblée avait fondu entre-temps   ! Une centaine de membres à peine étaient présents et encore nageaient-ils en plein désarroi. Cependant, les officiers des bataillons de la cité assistaient à la séance, et dès qu’elle fut ouverte, ils demandèrent sans ménagement au Sénat de leur donner un empereur. C’était le seul espoir pour la cité, affirmèrent-ils.
    Hérode avait parfaitement raison   ; le premier qui se proposa comme empereur était Vinicius. Il semblait avoir quelques partisans, dont son méprisable cousin Vinicianus, mais en nombre si réduit qu’il fut snobé par les consuls. Ils ne soumirent même pas une motion au Sénat pour que la monarchie lui fût offerte. Comme Hérode l’avait aussi prévu, Asiaticus se présenta alors comme candidat. Mais Vinicius se leva et demanda si quiconque parmi l’assistance prenait au sérieux cette suggestion. Une échauffourée s’ensuivit et des horions furent échangés. Vinicianus frappé au visage et pris d’un fort saignement de nez dut s’allonger sur le sol jusqu’à ce que l’hémorragie ait cessé. Les consuls eurent grand-peine à restaurer l’ordre. Un messager vint alors annoncer que les veilleurs et les marins s’étaient joints aux gardes dans le camp, ainsi que les gladiateurs (j’ai oublié à l’instant de mentionner les gladiateurs). Vinicius et Asiaticus retirèrent alors tous deux leur candidature. Personne d’autre ne se proposant, la réunion se fractionna en petits groupes discutant anxieusement à voix basse. À l’aube, apparurent Cassius Chéréas, Aquila, Lupus et le Tigre. Cassius tenta de prendre la parole. Il commença par une allusion à l’admirable restauration de la République. Aussitôt des protestations s’élevèrent parmi les officiers des bataillons de la garnison.
    —  Oublie la République, Cassius. Nous voulons maintenant un empereur, et si les consuls ne nous en donnent pas bientôt un, et digne de l’être, c’est la dernière fois que vous nous voyez. Nous irons au camp nous joindre à Claude.
    Cassius bondit sur ses pieds, blanc de fureur, et s’écria   :
    —  Romains, je refuse quant à moi de tolérer un autre empereur. S’il en était désigné un, je n’hésiterais pas à lui faire subir le sort que j’ai fait subir à Gaius Caligula   !
    —  Ne dis pas de sottises, lui répliquèrent les officiers de la garnison. Il n’y a rien à craindre d’un empereur, s’il mérite son trône. Nous n’avions pas à nous plaindre sous le règne d’Auguste.
    —  Alors, répliqua Cassius, moi, je vais vous donner un empereur digne de ce nom, si vous me promettez d’aller lui demander le mot de passe et de me le transmettre, je vous donnerai Eutychus. (Peut-être vous rappelez-vous qu’Eutychus était l’un des «   éclaireurs   » de Caligula   ; considéré comme le meilleur aurige de Rome, il menait au cirque le char de la faction Vert-Poireau. Cassius leur rappelait ainsi les corvées que Caligula avait imposées aux soldats de la ville, telles que la construction d’écuries pour ses chevaux de course et leur nettoyage périodique sous la surveillance maniaque et arrogante d’Eutychus.) Je suppose que vous prenez plaisir à vous mettre à genoux pour nettoyer le fumier d’une écurie sur l’ordre du cocher favori d’un empereur   ?
    Un des colonels ricana   :
    —  Tu parles haut, Cassius, mais tu n’as pas moins peur de Claude. Reconnais-le.
    —  Moi , peur de Claude, hurla Cassius. Si le Sénat me demandait d’aller au camp et de ramener sa tête, je le ferais avec joie. Vraiment je ne vous comprends pas. Après avoir été opprimés durant quatre ans par un fou, comment pouvez-vous songer à confier le gouvernement à un idiot.
    Mais Cassius ne pouvait convaincre les officiers. Ils quittèrent le Sénat sans dire un mot de plus, assemblèrent leurs hommes sur la place du Marché sous les bannières de la compagnie et marchèrent vers le camp pour m’y prêter serment d’allégeance. Le Sénat, ou ce qu’il en restait, demeurait maintenant seul et sans protection. Chacun, me dit-on, se répandit en reproches contre son voisin et toute apparence de fidélité à la République défaillante disparut. Qu’un seul d’entre eux eût fait preuve de courage, quel prodige   ! J’aurais eu moins honte de mon pays. Depuis longtemps, je mettais en doute la véracité des héroïques légendes de la Rome antique

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