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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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embellissant la ville, mais en abolissant l’impôt sur l’habitat, ce qui diminua ses revenus de cent mille pièces d’or par an. Son revenu annuel total ne s’en élevait pas moins à près d’un demi-million de pièces d’or. Ce qui me surprit davantage encore, c’est qu’il se rendait maintenant tous les jours au temple pour prier et observait la Loi de la façon la plus stricte   ; car je me rappelais le mépris qu’il avait si souvent exprimé pour «   ce saint chanteur de psaumes   », son dévot frère Aristobule, et dans les lettres personnelles qu’il joignait toujours maintenant à ses missives officielles, rien n’indiquait que son éthique eût changé.
    Une des lettres qu’il envoya était presque tout entière consacrée à Silas. Elle disait   :
    «   Ouistiti, mon vieil ami, j’ai l’histoire la plus triste et la plus comique à te raconter   ; elle concerne Silas, le «   fidèle Achate   » de ton brigand d’Hérode Agrippa. Très savant Ouistiti, puisant dans ton excentrique et riche savoir historique, peux-tu me dire si ton ancêtre, le pieux Énée, fut jamais aussi accablé d’ennui par le fidèle Achate que je l’ai été moi - même dernièrement par Silas   ? Les commentateurs de Virgile ont-ils quoi que ce soit à nous dire sur ce chapitre   ? Le fait est que j’ai été assez stupide pour nommer Silas intendant de mes Écuries, comme je crois te l’avoir écrit à l’époque. Le Grand Prêtre n’a pas approuvé cette nomination, parce que c’était un Samaritain –  les Samaritains ont irrité les Juifs à Jérusalem, ceux qui y étaient revenus après leur captivité à Babylone, en démolissant chaque nuit les murs qu’ils construisaient dans la journée   ; et les Juifs ne le leur ont jamais pardonné. Je me suis donc donné le mal de destituer le Grand Prêtre à cause de Silas. Silas commençait déjà à se sentir gonflé d’importance et donnait quotidiennement de nouvelles preuves de son fameux franc-parler et de sa rudesse de langage. Ma destitution du Grand Prêtre l’encouragea à se donner plus que jamais de grands airs. Ma parole, il arrive parfois que des visiteurs à la Cour ne sachent pas lequel de nous deux est le roi et lequel est simple intendant des Écuries. Et pourtant, si je laissais entendre à Silas qu’il abusait de mon amitié, il se formalisait et ma chère Cypros me reprochait ma sécheresse à son égard et me rappelait tout ce qu’il avait fait pour nous. Je devais redoubler d’amabilité envers lui et pratiquement le prier de m’excuser de mon ingratitude.
    Sa plus fâcheuse manie consistait à ressasser éternellement mes ennuis passés –  en présence de n’importe qui, par-dessus le marché  – et à donner les détails les plus circonstanciés et les plus embarrassants sur la façon dont il m’avait sauvé de tel ou tel danger, sur la fidélité dont il avait fait preuve envers moi, sur l’excellence des conseils qu’il m’avait inutilement donnés soulignant qu’il n’avait jamais attendu d’autre récompense que mon amitié, en toutes circonstances, car telle était la nature des Samaritains. Toujours est-il qu’il ouvrit la bouche une fois de trop. Je me trouvais à Tibériade, sur le lac de Galilée, où j’avais été magistrat sous Antipas, et les notables de Sidon assistaient avec moi à un banquet. Tu te rappelles peut-être le différend qui m’avait opposé à Silas lorsque j’étais le conseiller de Flaccus à Antioche   ? On pouvait compter sur Silas pour se conduire de la façon la plus déplorable à un banquet d’une importance politique aussi inhabituelle. Sa première réflexion pour Asdrubal, le capitaine du port de Sidon, homme très influent en Phénicie, fut la suivante   : «   Je connais ton visage, non   ? Ne t’appelles-tu pas Asdrubal   ? Mais si, bien sûr, tu faisais partie de la délégation qui est venue trouver le roi Hérode Agrippa, il y a neuf ans, pour lui demander d’user de son influence sur Flaccus en faveur de Sidon lors de cette querelle de frontière avec Damas. Je me rappelle fort bien avoir conseillé à Hérode de refuser tes présents, lui faisant remarquer qu’il était dangereux d’accepter des pots-de-vin de deux adversaires en conflit   ; il allait au - devant de sévères ennuis. Mais il s’est contenté de me rire au nez. C’est bien son genre.   »
    Asdrubal, un homme plein de délicatesse répliqua qu’il n’avait aucun

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