Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
laine dans lequel elle transportait son repas du midi, l’affolement des bêtes attira son attention.
Son visage se crispa en une expression de terreur pure, elle cria. Sans que Clio comprenne ce qui était en train de se produire, une ombre la percuta de plein fouet, l’envoyant ainsi s’écraser au sol. Clio resta paralysée par la peur et ne put qu'observer, horrifiée, l’animal qui l’avait heurtée se jeter sur la malheureuse et arracher à gros morceaux sa chair, la tuant sur le coup. L’herbe prit rapidement une couleur rouge sang.
Couchée par terre, Clio ne parvenait pas à calmer les tremblements qui la secouaient. L'animal ne ressemblait ni à un loup, ni à un gros chien, et lorsqu’il leva la tête, elle distingua parfaitement deux pupilles jaunes. Délaissant le corps de la pauvre adolescente dont les yeux étaient encore ouverts, il s’avança vers Clio.
La gueule ouverte, le monstre léchait ses babines ensanglantées. Clio, en revanche, ne réussissait toujours pas à bouger. Son cœur s’arrêta de battre lorsqu’elle comprit qu'il la voyait car, contrairement à ses visions, elle se trouvait cette fois-ci réellement sur les lieux ! L’animal n’avait qu’à sauter sur elle et refermer ses crocs sur sa gorge pour la tuer…
S’aplatissant sur le sol, le monstre s’apprêtait à bondir quand un sifflement retentit, ressemblant étrangement à celui d’un maître qui rappellerait à l’ordre son chien. L’animal se redressa et Clio hurla au moment où il se précipita sur elle. Terrorisée, sa main se serra d'instinct autour du serpent. Elle le pressa si fort qu’il lui entailla la peau, et aussitôt le passage qui l’avait conduite dans le passé s’entrouvrit à nouveau ; son cri résonna quand elle bascula dans le vide.
Par chance ou pur hasard, Clio atterrit sur le canapé. Tous ses membres lui paraissaient soudain si fragiles qu'elle avait l’impression de s’être transformée en statue de verre prête à se briser au moindre mouvement...
Les secondes s’écoulèrent avant qu’elle n’ose enfin bouger, son cœur reprit un rythme normal ; sa respiration, quant à elle, redevint profonde et régulière. Avec douceur et prudence, elle s’extirpa du fauteuil et se remit debout.
— Une vraie petite nature ! ricana une voix autour d’elle.
À sa fenêtre, un ocelot l’observait et elle fut étonnée de découvrir ici cet animal : d’ordinaire, on ne croisait ces félins nocturnes qu’en Amérique du Nord. Contrairement à ceux de son espèce – dont la fourrure est semblable à celle des guépards – son visiteur était aussi blanc que la neige. Seules des taches noires permettaient de le distinguer du manteau neigeux. Ses yeux d’un bleu pâle dévoraient Clio… Son rire retentit puis il fit un bond et disparut. Courant à la fenêtre, elle le vit s’éloigner d’un pas tranquille.
Clio attrapa son blouson et sortit de sa chambre précipitamment ; elle sentait qu’elle devait suivre le félin. Il s’était d'ailleurs arrêté et semblait l’attendre… À peine arrivait-elle à sa hauteur qu’il s’élançait de nouveau sur le chemin. La neige tombait désormais à gros flocons. Humidifiant ses lèvres, Clio mordit d’un geste nerveux son index, hésitante sur la conduite à adopter. La raison aurait voulu qu'elle reste à l'hôtel, toutefois, elle ne pouvait se résigner à laisser filer l'ocelot ! Quelque chose lui serrait l’estomac, lui enjoignant de le poursuivre sans qu'elle comprenne pourquoi !
Le vent qui soufflait était atroce et lui giflait la figure. Malgré la douleur et l’étrange peur qui l’envahissaient, elle n’arrêta pas de courir derrière l’animal. Ils traversèrent rapidement le village et arrivèrent bientôt devant la forêt qui le bordait. Tremblante de froid et d’épuisement, Clio continua de le talonner mais, quand il pénétra sous le premier boqueteau, elle connut un instant d'hésitation, avant de s'y engouffrer à son tour.
Une main sur ses côtes, Clio résista tant bien que mal. Lorsqu’elle se redressa, elle eut la surprise de voir que l’animal lui faisait face. Cependant, il n’était plus seul puisqu’à ses côtés se tenait une femme, presque aussi grande qu'elle. Elle avait de longs cheveux ébène qui voletaient autour de son visage et ses yeux étaient aussi sombres que sa chevelure.
Le cœur de Clio se serra dans sa poitrine, elle affronta l’inconnue du regard, dont un étrange
Weitere Kostenlose Bücher