Clio Kelly et l'éveil de la gardienne

pour se relever aussitôt !
    — Ce qui voudrait dire qu’elle porte une cuirasse ! souffla Clio. Il y aurait un humain là-dessous que cela ne m’étonnerait pas ! Y aurait-il eu des viols sur les corps ?
    Une expression furtive passa sur les traits d'Anthony, mais elle s'évanouit presque aussitôt et son visage redevint impassible. Pendant ce temps, Alexia avait posé son menton dans ses mains et tentait de se rappeler quelque chose.
    — Nous n’avons trouvé aucune trace sur les victimes, sauf sur la première. Dans les autres cas, on pourrait le penser, répondit-elle. Je me souviens que, trois jours après mon arrivée, j’accompagnais le mari d’une des victimes qui devait me conduire sur les lieux du dernier crime. Près d’un muret, nous avons aperçu une femme endormie. Nous avons pensé qu’il serait préférable de la réveiller afin que la Bête ne l’attaque pas par surprise. Lorsque nous nous sommes avancés vers elle, nous avons vu qu’elle était couverte d’un manteau.
    — À peine a-t-on posé une main sur son épaule, reprit Anaïs, que sa tête a roulé au sol ! L’un de ses bras avait été arraché et son pull lui avait été remis après qu’elle ait eu la poitrine, le cœur et l’un des poumons dévorés. Je n’ai jamais vu un loup, un chien ou un lion se repaître à moitié sa victime et la rhabiller après avoir fini !
    — Venons-en à l’hypothèse selon laquelle la Bête serait accompagnée d’un homme... Il aurait fallu que celui-ci la dresse lorsqu’elle était toute petite. Au début, il aurait dû lui apprendre à attaquer des mannequins de forme humaine, puis il aurait pris le relais en mimant la peur pour donner de l’assurance à l’animal.
    — Les animaux ressentent la terreur de leur proie, ce qui leur facilite la tâche et fait redoubler leur agressivité.
    — En effet, nourrir l’animal de viande rouge et crue, puis l’affamer afin de le forcer à tuer les humains pour se nourrir.
    — J’ai tout de même du mal à croire qu’un homme ait pu dresser un animal pour le plaisir de le voir tuer ! murmura Anthony en quittant la table. Excusez-moi de vous fausser compagnie mais j’ai quelques affaires à régler. Je vous vois plus tard...
    Il remonta le col de sa veste sur sa nuque et sortit. Une fois la porte franchie, les autres échangèrent des regards un peu surpris. Toutefois, ils reprirent vite leur conversation.
    — Si je me souviens bien, par le passé, la Bête n’a pas hésité à venir rôder dans le village, murmura Clio. Je ne serais pas étonnée que, si nous avons affaire à un homme qui tente de reproduire les meurtres commis autrefois, il recommence.
    — Mais pourquoi ? s’étonna Anaïs.
    — Simplement pour s’amuser, répondit Morgan avec un calme qui étonna sa partenaire, tandis qu’il gardait la tête baissée sur le contenu de son assiette.
    Clio fut déstabilisée par la dureté de son expression et, pendant quelques instants, il lui sembla sentir se dégager de Morgan une aura.
    Le souvenir de l’homme à l’épée et de l’odeur du sang. Cette pensée s’effaça aussi rapidement qu’elle était apparue.
    Une fois le repas achevé, Romain décida de les emmener dans un petit musée consacré à la Bête et à son histoire. Ils quittèrent le restaurant après avoir salué la serveuse.
    À peine Clio avait-elle mis le pied dehors qu’elle ne put s’empêcher de jurer contre le mauvais temps. De façon chevaleresque, son collègue l’attira à lui pour faire rempart de son corps. Reconnaissante, la jeune femme se promit d’être un peu moins pénible avec lui.
    Le musée était tenu par un vieil homme au corps noueux et aux cheveux blancs.
    — Arthur ! s’exclama Romain. Comment vas-tu ?
    — J’irais mieux si les affaires refleurissaient ! soupira l’homme en serrant la main tendue. Quoique je ne puisse pas me plaindre, moi, j’ai la chance d’avoir des clients. Une famille d’Anglais est à l’intérieur : un couple et deux mioches.
    — Ça ne t’ennuie pas que je fasse visiter les lieux à mes confrères de Paris et à notre invitée arrivée tout droit de Suède ?
    — La brunette... murmura l’homme dont les sourcils se levèrent. Est-ce que vous êtes, vous aussi, adepte du bain de neige ? Pour ma part, à chaque hiver, un bon bain de neige dans mon jardin, ça revigore le corps et fait du bien à mon intimité, ça lui permet d’être à son aise toute l’année !
    Alors que les