Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
prison avait disparu. À présent, un parfum familier la remplaçait, qu'elle ne parvenait pas à l'identifier. L’endroit où elle se tenait tanguait trop pour qu’elle essaie de se relever tout de suite ; sous ses doigts, la terre humide de la prison avait été substituée par du parquet.
— Bon sang où suis-je tombée ?
Une fois son envie de vomir dissipée, elle se redressa avec prudence. Encouragée par son équilibre retrouvé, elle s'engagea dans le corridor, dont l'extrémité s'ouvrait sur un croisement. Clio opta pour le chemin de droite sans trop savoir pourquoi et continua sa progression.
Au bout d’une dizaine de minutes, elle se sentit lasse et s'assit pour s’interroger sur ce lieu étrange. Comment avait-elle atterri ici ? La dernière chose dont elle se souvenait était l’apparition fracassante de Janus et Hermès. Croisant ses bras autour de ses genoux, elle les serra contre sa poitrine et ferma les yeux.
Cette place n’avait rien en commun avec l’antre où Alexia et elles avaient été retenues prisonnières ; elle ne se trouvait plus au mont Mouchet. Par conséquent, la question qui subsistait était de savoir où on l'avait envoyée.
Avalant avec difficulté sa salive, elle regarda autour d’elle. Tous les murs qui l’entouraient se ressemblaient. Plus elle les observait, plus ils lui paraissaient familiers. Son cœur fit un bond lorsqu'elle reconnut sur l'un d'eux quelques symboles celtiques, des lettres de l’alphabet grec, des formes géométriques. Elle s'agenouilla et s'en approcha, intriguée.
Clio regretta de ne pas avoir soigneusement étudié les runes depuis qu’elle connaissait son statut d’Esprit Ancien. Elle attrapa une de ses mèches et l’enroula autour de son index afin de se concentrer sur une solution.
Tandis qu’elle époussetait ses vêtements, elle tenta de se rappeler les méthodes utilisées pour sortir d'un dédale. Sa première pensée fut de toujours prendre à droite ; la seconde option, avancée par des scientifiques, consistait à poser sa main sur l’un des murs et à le suivre : soit elle reviendrait à son point de départ s’il s’agissait d’un mur central de sa prison, soit elle trouverait la sortie. Mais le risque de tourner en rond lui fit mordre sa lèvre inférieure. Soudain, l’histoire du héros grec Thésée lui revint : Ariane, la fille du souverain de Crête, lui avait donné un fil afin qu'il ne s'égare pas.
— Mais oui ! s’exclama Clio.
Elle regarda autour d’elle, cherchant ce qu'elle pourrait utiliser, jusqu'à ce que ses yeux se posent sur son pull. À l’aide de ses ongles, elle réussit à tirer un fil et en coinça l’extrémité à l’angle du mur. Décidée à tenter le tout pour le tout, elle commença à le dérouler.
Clio eut l’impression de marcher pendant des heures. Elle tomba par deux fois dans des culs-de-sac. Et malheureusement, le pull finit par rendre l'âme. Épuisée et désespérée, elle se laissa tomber au sol.
— Bon sang ! Je ne sortirai jamais d’ici !
Les larmes coulèrent sans retenue sur ses joues, son cœur se serra lorsqu’elle pensa à Janus et à Hermès. Il n’était pas étonnant qu’elle ne fût pas la gardienne, elle n’avait aucun pouvoir, aucun courage... Comment aurait-elle pu sauver le monde si elle était incapable de quitter cet endroit ?
Le visage de Morgan s’imposa soudain à ses yeux et aussitôt elle se sentit envahie par la même chaleur qu’il lui procurait lorsqu’il la tenait dans ses bras. Au fond d’elle-même, la jeune femme entendit sa voix lui murmurer de ne pas perdre espoir. D’un geste rageur, elle chassa les larmes de ses joues et fit défiler dans son esprit les souvenirs des lectures qu’elle avait réalisées sur la mythologie.
Un peu d’optimisme lui revint quand elle se souvint alors d’une autre méthode : elle posa sa main sur le mur et un de ses doigts appuya sur l’une des runes ; un cri de surprise s’échappa de ses lèvres lorsqu'un R enflammé se dessina devant elle.
Tel un ruban que l’on défait, le R se déroula le long du couloir sans que le feu ne se propage autrement que dans ce mince filet. Le cœur gonflé d’espoir, elle se mit à courir au côté du ruban, persuadée d’avoir enfin l'aide dont elle avait besoin. Elle déchanta toutefois rapidement quand elle arriva à l’extrémité de la ganse, qui s'arrêta au fond d'un un cul-de-sac.
Cette fois, elle lâcha un cri de rage et leva
Weitere Kostenlose Bücher