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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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voisinage, dont le nom lui aussi varie beaucoup (station, assemblée, vogue, kermesse, ducasse). Les gars ne manquent pas d’aller y faire un tour, histoire de jouer aux quilles et de faire danser quelque belle à la coiffe bien blanche et amidonnée. Personne ne penserait à réclamer des vacances, comme personne ne songerait à se faire bronzer au soleil.
    BAINS DE MER SUR ORDONNANCE MÉDICALE :
NOS ANCÊTRES ONT PEUR DU SOLEIL
    Il est difficile d’imaginer les plages de la Côte d’Azur, au XIX e siècle et au début du XX e . Elles sont alors aussi désertes en plein mois d’août que les rues de Paris peuvent l’être le jour de la finale de Roland-Garros. Tout au plus trois ou quatre personnes sur le sable de la Croisette ou les galets de Nice !
    À cela, il y a plusieurs raisons. À commencer par le fait qu’en ce temps-là les vacances n’existent pas. Nos ancêtres n’en ont jamais eu. Il est vrai que sous l’Ancien Régime leur calendrier compte une foule de jours fériés. Richelieu ne disait-il pas que « le peuple est un mulet qui se gâte par le repos » ? Le développement du capitalisme omit de prévoir des périodes de vacances. Certains s’en émurent, à commencer par le pape Léon XIII, mais il fallut attendre Léo Lagrange et les congés payés pour qu’elles arrivent vraiment.
    À cette explication s’en ajoute une autre. En effet, si la Côte d’Azur est déjà lancée et accueille régulièrement les grands de ce monde, elle est longtemps restée le cadre d’un « tourisme d’hiver ». Il ne serait alors venu à l’idée de personne de passer l’été au bord de la mer, moins encore de s’y baigner. Nos ancêtres ont bien trop peur du soleil.
    Vacances et chômeurs
    Le mot « vacances » – qui l’imaginerait ? – désigne à l’origine une période de manque.
    Pensez au poste « vacant »… L’étymologie est claire. Ces vacances, d’abord scolaires, étaient la période où l’école faisait défaut. Peu à peu, elles se sont ouvertes aux adultes, avec le Front Populaire les fameux « Cong. Pay. ».
    Mais le mot « congé », lui aussi, a un sens originel peu en accord avec celui où on l’entend actuellement : il évoquait initialement le fait de circuler, de s’en aller, et donna ainsi naissance au « congé » militaire, correspondant à une permission ou à une libération, prometteuse en tous les cas de relâchement.
    Longtemps, aussi, on parla de jours « chômés », en référence à un ancien terme latin signifiant « se reposer par la chaleur », pour peu à peu nommer chômage toute cessation d’activité, temporaire ou non, volontaire ou non. En ont découlé nos chômeurs, qui n’ont pas toujours très chaud et à qui manquent donc à la fois le travail et les vacances…
    Sous l’Ancien Régime, les bains de mer sont inconnus. Ils figurent parmi les remèdes contre la rage. C’est ainsi qu’Henri IV dépêcha un garçon de chambre à Dieppe pour y conduire son chien favori mordu par un animal sauvage. Selon une méthode séculaire, on plonge neuf fois l’animal dans les flots et il guérit.
    Au dire des médecins, il suffit que l’on aille prendre ce bain « avant que le venin n’ait pénétré jusqu’aux parties nobles, ce qui est d’ordinaire dans l’espace de neuf jours ». Voilà pourquoi, en 1671, ce sont trois demoiselles d’honneur de la reine qui se précipitent à Dieppe. L’une d’elles prend son bain devant Mme de Sévigné qui l’observe avec compassion : « J’ai vu Mme de Ludre […]. Elle a été plongée dans la mer ; la mer l’a vue toute nue et sa fierté en est augmentée, j’entends la fierté de la mer, car pour la belle, elle en était fort humiliée. »
    Partout des gens vont ainsi depuis fort longtemps guérir leur rage à la mer. Dieppe profite de sa proximité de Paris pour se spécialiser et s’équiper. Dès 1778, on ouvre une « maison de santé » qui emploie des « baigneurs-jurés » dont la profession consiste à assister les patients. Ils les attachent nus à une corde et les jettent brutalement dans les flots, de la rive ou d’un bateau. Lorsque ceux-ci sont bien immergés dans l’eau souvent glacée, on les y laisse le temps de trois prières. La brutalité fait partie du traitement. Le docteur Lieutaud, premier médecin du roi, ne dit-il pas que « c’est moins le bain qui guérit que la surprise ou la terreur qu’on a l’art d’inspirer à ceux

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