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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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louées de domestiques saisonniers pour participer aux grands travaux d’été qui vont commencer. Le lendemain, c’est la fête de saint Éloi, le patron des forgerons. On bénit les bêtes ferrées, bœufs ou chevaux, qui tireront les charrettes de foin et de gerbes de blé. Le 29 juin, c’est la fête des saints Pierre et Paul, autre grande fête rituelle qui ferme officiellement ce long cycle de maturation agraire commencé le premier jour de mai. Un nouveau cycle va suivre, lui aussi jalonné de fêtes, de repas et plein de symbolisme.
    LA DERNIÈRE GERBE ET LES SUÉES D’ÉTÉ
    L’été marque un sommet dans l’année de nos ancêtres ruraux. Les gros travaux vont enfin apporter les fruits de tant d’efforts. À condition, bien sûr, que la sécheresse ou quelque invasion de mulots ou d’autres bestioles nuisibles ne vienne pas les compromettre. C’est qu’à ces époques une sécheresse ou une canicule prolongée prend tout de suite des dimensions impressionnantes. Les témoignages sont nombreux et toujours angoissés. En 1623, le curé de Charnay rapporte que « depuys la Saint Jehan jusques à la Toussaint, l’eau a été plus rare que le vin ». Nombreux sont les étés catastrophiques : 1632, 1694, 1719, 1778, 1793, 1803, 1817, 1825, 1842, 1857, 1858, 1921, 1928, 1949, 1976, 2003 ; les plus dures années ayant été autrefois 1718 et 1719 qui ne connurent pas d’hiver, une sécheresse totale à partir de janvier et, comble de malheur, de fortes gelées à la fin d’avril. Cette année-là, on vit les hommes obligés de faire tourner eux-mêmes les meules des moulins à eau que les rivières, asséchées, ne pouvaient plus entraîner.
    On comprend mieux comme il est important de s’être prémuni, en profitant des diverses cérémonies de mai et de juin, pour mettre toutes les chances de son côté.
    Dès la fin de juin donc, la vie rurale prend un autre rythme. À la ferme, en famille, tout le monde est mobilisé.
    Les femmes partagent souvent leurs tâches avec les enfants : préparation et liage des gerbes, râtelage, etc. Les ouvriers saisonniers qui ont été engagés à la louée sont généralement payés à la tâche, c’est-à-dire à l’arpent. Ils s’installent et dorment dans les écuries et les fenils. Le cochon est retiré du saloir pour être servi régulièrement au cours des nombreux repas de la journée.
    Commençant au lever du soleil (au plus tard souvent vers cinq heures), la journée est jalonnée de pauses-repas au cours desquelles la viande salée qui est servie force à boire et facilite ainsi la transpiration. Les repas sont portés aux prés ou aux champs : déjeuners le matin à sept heures et dix heures, dîner vers midi ou treize heures, goûter de seize heures puis souper à la nuit. Partout on entend aiguiser les faucilles, puis les faux, opération exigeant un art confirmé que chacun est fier de maîtriser.
    Pour les foins comme pour les moissons, on retrouve les mêmes traditions : des messes et des bénédictions de début de travaux, parfois avec l’offrande à la Sainte Vierge de la première gerbe ; d’autres fêtes pour célébrer la dernière gerbe et le dernier char avec un bouquet garni de fleurs – appelé souvent le « mai » des moissons par analogie à l’arbre de mai – et un repas final pris en commun, dénommé selon les régions « gerbaude », « paulée ou poêlée », « reboule » ou « passée ». Tout cela assorti de concours : c’est au moissonneur qui fauchera la dernière gerbe que l’on garnit ensuite de rubans, c’est aussi à la ferme qui terminera la première et qui pourra railler les retardataires.
    Le travail est long, dur et pénible, surtout sous la canicule. Il exige un savoir-faire : tout le monde ne sait pas lier les gerbes ou les charger sur le char de manière à éviter la verse. Mais chacun sait aussi s’amuser, sans oublier de chanter, puisque toujours nos ancêtres chantent. Ils chantent au carnaval, à la Saint-Jean, aux mariages, lors d’une foule de fêtes, et au travail, derrière leurs bœufs pour les faire avancer en cadence, comme encore l’été, à tout instant, lors des fêtes de début ou de fin de travaux. Ils acceptent leur sort. L’Église ne leur répète-t-elle pas que Dieu a été le premier artisan et que travailler permet d’échapper à la tentation ?
    L’été est par ailleurs encore souvent jalonné de fêtes patronales et il en est toujours une dans le

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