Comment vivaient nos ancêtres
élément essentiel de leur régime alimentaire.
Ce n’est que bien plus tard qu’il fut révélé à des marins hollandais par des jonques chinoises rencontrées en mer de Chine, Hollandais qui furent les premiers à l’introduire en Europe. Pourtant ce seront les Anglais qui se lanceront dans son importation, par le biais de la East India Company, qui avait reçu de la reine le monopole de l’ensemble du commerce oriental. Initialement vouée au commerce des épices, cette compagnie ne va pas cesser de voir la demande de thé augmenter, pour passer de 20 000 livres importées en 1700, à deux millions en 1750, même si le produit se voit alors de plus en plus lourdement taxé.
Les Français ? Ils furent – anglophobie obligent – longtemps hostiles au thé, qu’ils accusèrent notamment de rendre les femmes en consommant « pâles, maladives, parleuses, ennuyeuses et prêcheuses ». Il faudra attendre des temps plus anglophiles, qui ne tardèrent pas à arriver.
DE « L’OVERDOSE » DE LA DUCHESSE
À LA TÊTE DE M. PERSIL :
L’IRRÉSISTIBLE ASCENSION DU TABAC
Jour du Seigneur et du café, le dimanche est également celui du tabac car, en ce temps-là, le tabac aussi est cher. Au XIX e siècle, il est parfois énoncé dans les contrats de mariage, comme en Bretagne par exemple où le beau-père s’engage à en fournir à son futur gendre appelé à travailler avec lui. Considéré comme un luxe, il rejoint donc les privilèges dominicaux, tant et si bien que les prêtres doivent parfois interdire de fumer dans les églises et pendant les offices.
Pourtant, à la cour de Versailles, le roi tolère l’usage du tabac à ses courtisans pendant la messe. Tolérance très limitée et réglementée, il est vrai, puisque seul le marguillier peut présenter la tabatière aux fidèles pour une prise, afin d’atténuer les claquements de couvercle des boîtes à tabac personnelles, les éternuements et les reniflements trop bruyants de l’assistance. Les mœurs ont donc bien évolué ; ce qui nous amène à raconter brièvement l’histoire de cette précieuse plante.
À l’origine, le tabac fait partie des cadeaux offerts à Christophe Colomb par les Indiens d’Amérique. On s’étonnait alors de leur goût à fumer ces feuilles roulées et plus encore de leur incapacité à s’en passer. Au siècle suivant, des botanistes espagnols en ont planté dans la péninsule Ibérique et, très vite, les soldats des rois très catholiques y ont eux-mêmes pris goût.
En 1560, le bruit court que l’on cherche une fiancée pour le futur roi du Portugal. Des princesses Habsbourg et d’Angleterre sont proposées. Pour Catherine de Médicis, il est hors de question de laisser passer cette alliance. Elle dépêche aussitôt un ambassadeur pour « placer » une de ses filles. Cet ambassadeur se nomme M. Nicot. Il échoue dans sa mission, mais, pour ne pas revenir les mains vides, rapporte quelques présents achetés sur le port de Lisbonne : des épices, de l’indigo, des orangers, un esclave noir et… du tabac, qui devient « l’herbe à Nicot », ou « nicotine ».
Comme tout produit nouveau, le tabac commence par se voir reconnaître des propriétés médicinales. C’est, au dire des contemporains, « une espèce d’herbe, de vertu admirable pour guérir toutes navrures, playes, ulcères, chancres, dartres, et autres tels accidents du corps humain ». Cela lui vaut alors le nom « d’herbe à tous les maux » et aussi « d’herbe à la Reine », puisque Catherine de Médicis, conquise, se charge de le propager. Très vite, c’est donc l’engouement, d’abord pour le tabac-remède, puis pour le tabac-plaisir. Le pape Urbain VIII a beau menacer d’excommunication ceux qui s’y adonnent, rien ne peut plus freiner son « irrésistible ascension ».
Seul Louis XIV tente de s’y opposer tant il déteste la fumée et l’odeur. Il fait passer le goût de la pipe que les gens raffinés considèrent alors comme vil et vulgaire, et tolère la prise, hors de sa présence. Mais toute règle a ses exceptions et les passe-droits se multiplient. Le marin Jean Bart en fut un des premiers bénéficiaires, ce qui lui vaut d’être aujourd’hui immortalisé par des enseignes de bureaux de tabac. Le duc de Vendôme persiste lui aussi dans son vice. Saint-Simon n’hésite pas à l’accuser de collectionner les saletés : non seulement il est bâtard, sodomite, véroleux, mais en plus
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