Comment vivaient nos ancêtres
Sand et les écrivains régionalistes ! Tant pis pour les gailles (plaisanteries) des hommes, parlant sans vergonde (sans pudeur) de guilleris et de fendaces (noms respectifs des organes sexuels masculins et féminins), évoquant des filles en perce (engrossées) remplies d’huile de reins (le sperme) ou contant de plus naïves histoires de biclarels (loups-garous), de romiers et de coquillards (de pèlerins et de faux pèlerins) ou de grognards, que vous pourriez odir (entendre) ! Tant pis pour le stage pratique de vannerie ou d’émondage des noix ! Vous êtes curieux, oui, mais pas coquebert (nigaud) ; saige (sage), oui, mais pas sottard (imbécile) ! Il ne saurait être question de converser (séjourner) et vous avez assez travelé (voyagé) dans les temps. Trouvez une excuse polie : vous devez aller chercher une curation (un remède), oubliée dans votre époque, pour laisser vos ancesseurs (ancêtres) pourpenser (méditer) sur la chamogne (le sortilège) ou la sorcerie (sorcellerie) par laquelle vous êtes arrivé et reparti. Nul doute qu’ils s’en recorderont (s’en souviendront). Quant à vous, donc, guerpisssez vistement et orains de leur maisnie (quittez rapidement et immédiatement leur maison), en vous disant que si vous aviez un jour l’idée folle de revenir, vous vous muniriez d’abord d’un masque à gaz, d’un désinfectant et de votre attirail de camping : lampe de poche et couvert en inox, lit pliant, duvet et trousse de toilette.
Sur ce bonne nuit à tous. Et ne regrettez rien !
Le monde de nos ancêtres, disiez-vous, ne connaissait pas le stress. Mais aviez-vous bien mesuré à quelle lenteur ils vivaient ? Les nouvelles mettaient des mois à circuler, et les hommes des jours à faire quelques lieues. Témoin la scène du curé portant le « bon Dieu » à un mourant. Il se hâte, par les rues et les champs, précédé de l’enfant de chœur agitant sa clochette, pour que l’on cède le passage. Avez-vous bien réalisé ? Le parallèle est frappant… La mort pouvait seule mettre nos ancêtres en situation d’urgence : mourir sans avoir reçu les derniers sacrements risquait de priver leur âme du repos éternel. La clochette de l’enfant de chœur, en cette circonstance, n’est donc ni plus ni moins que la sirène de notre SAMU…
Mais continuons notre analyse.
Nos ancêtres ignoraient la solitude ? Voyons la réalité en face : oui, l’individu n’y était jamais seul, mais il y était sans cesse épié, voyant ses faits et gestes toujours commentés ou blâmés. Il n’y avait pas de vie privée : tout le monde faisait table commune, chambre commune, lit commun… Si l’on ne s’y trouvait jamais isolé, on y était jamais seul…
Le monde de nos ancêtres était certes naturel et non pollué, mais il était brutal et inconfortable. Il était le contraire de notre société de consommation et l’on n’y ressentait aucun besoin. On se passait de pétrole, mais on n’y mangeait pas à sa faim. Faute de retraite, on travaillait jusqu’au trépas, sans savoir ce qu’étaient les vacances. Faute de médecine, on était à tout moment guetté par la maladie et la mort. Et si l’on ignorait jusqu’à l’existence du pétrole, on n’en avait pas pour autant beaucoup d’idées, faute d’instruction.
Conclusion : nos ancêtres vivaient sur une autre planète, où nous ferions, si nous pouvions y aller, figures d’extra-terrestres. Et comme Kevinouille et dame Élodie, nous n’y survivrions certainement pas plus de quelques heures.
REVIVRE CHEZ SOI,
À LA MANIERE DE SES ANCÊTRES
Livrons-nous maintenant au second scénario annoncé et essayons, faute de pouvoir explorer les couloirs du temps, de retrouver aujourd’hui les modes de vie de nos ancêtres.
Comment le pourrions-nous ? Comment vivre sans télévision ni portable, sans ordinateur ni voiture, mais surtout sans réfrigérateur, sans électricité et sans eau courante ? Si vous arriveriez sans trop de problème à vous passer de télévision et de portable une semaine ou un mois, vous imaginez-vous passer un été sans réfrigérateur, en vous contentant à tout le mieux d’une cave fraîche ? Vous imaginez-vous vous éclairant à la lampe à huile et vous baladant chez vous, la nuit venue, avec une bougie – sachant que nos ancêtres n’avaient souvent que de mauvaises chandelles dégoulinantes de suif… ? Mieux : vous imaginez-vous, sans eau froide et chaude au robinet, donc
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