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Comment vivaient nos ancêtres

Comment vivaient nos ancêtres

Titel: Comment vivaient nos ancêtres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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ressources familiales qui, dans les campagnes, varient selon le temps et les bonnes ou mauvaises récoltes. Ceux qui refusent de partir et n’ont pas les moyens de se faire remplacer fuient dans les bois ou prennent les chemins ; ils sont alors recherchés comme déserteurs.
    Le temps passant, les gars soumis reçoivent un beau matin de novembre ou décembre leur feuille de route. Avant de partir, on prend, après 1900, des « photos de classe ». Le balai ou le drapeau est remis à la classe suivante, et dans le centre de la France, on pend au plafond de l’auberge une bouteille de vin ou de liqueur enrubannée avec diverses inscriptions patriotiques ou grivoises. Le conscrit la dépendra avec force libations à son retour, à moins qu’elle ne tombe toute seule durant son absence, ce qui serait bien évidemment signe qu’un malheur lui est arrivé.
    Vient l’heure des adieux, et c’est le départ pour un grand voyage qui est pour beaucoup le seul de leur vie. À pied, puis par le train, on rejoint la caserne, parfois même Paris ou plus exactement le fort de Vincennes. Il faut bien mesurer ici ce que représente alors le fait de quitter le canton. On s’imagine aller à la découverte de contrées étrangères où l’on s’attend presque à trouver des petits hommes verts. Pensez aux conscrits de 1830 que l’on envoie en Algérie ou à ceux qui partent plus tard pour le Tonkin… !
    Dès son arrivée, le soldat se fait « tirer le portrait » sur ivoire, puis, lorsque la photographie sera diffusée, sur papier qu’il envoie à tous ses proches. S’il sait écrire, il correspond avec la famille et la promise, qu’il craint toujours de se voir souffler par ceux qui sont restés. Le décompte des jours n’en finit plus. Même si de sept ans le temps de service est réduit à trois en 1889, on attend avec impatience le temps de la « quille », ainsi nommé en référence au nom du bateau qui ramenait autrefois en France les forçats ayant purgé leur peine à Cayenne.
    Au retour, banquets et fête accueillent les beaux militaires, toujours prêts à conter leurs exploits. L’année « sacrée », celle qui a précédé leur départ, est désormais bien loin et son souvenir semble bien fade et infantile en comparaison de ceux qu’ils rapportent des pays lointains, de ces pays curieux où les hommes mangent avec des baguettes ou dont les pachas équipent leurs chevaux de selles en or.
    Deux bateaux particuliers :
La Quille et le Corbeillard
    Si l’on sait que le terme « bidasse », désignant le garçon effectuant son service militaire, est né en 1913, lorsque le comique troupier Bach créa sa chanson « L’ami Bidasse », appelée à devenir un « tube » avant le nom, on ne sait pas où cet auteur le trouva. Tout ce que l’on peut dire est qu’il ne s’agit pas d’un nom de famille, ce qui peut laisser supposer qu’il a été forgé sur le mot « bidet », compte-tenu de son emploi les jours de tirages au sort.
    Quoi qu’il en ait été, tout bidasse se respectant mettait autrefois à profit son dernier mois sous les drapeaux pour sculpter une « quille », symbole de sa libération prochaine, elle-même ainsi désignée. Pourquoi la « quille » ? On a dit que ce terme avait pour origine le nom du bateau qui ramenait autrefois les bagnards de Cayenne… Mais faut-il vraiment chercher jusque-là, lorsque l’on regarde le profil de l’objet, phallique à souhait, et donc en totale harmonie avec tout le folklore des conscrits… ?
    Il n’empêche que certains noms de bateaux avaient des destins particuliers, comme celui du Corbeillard, qui transportait à l’origine vivres et gens entre Corbeil et Paris (d’où son nom) et qui pour avoir, durant une épidémie de peste, au XVII e siècle, été utilisé pour évacuer les cadavres de la capitale, s’est retrouvé à l’origine de notre… corbillard.
    Mais le temps des rêves et de l’aventure est terminé. Tout au plus, à la veillée ou aux champs auprès de leurs bœufs, siffleront-ils parfois, à peine nostalgiques : « As-tu vu la casquette, la casquette, as-tu vu la casquette du père Bugeaud ? » Lorsque le soleil tape dur les jours de moisson, ils racontent que le général Bugeaud avait eu l’idée d’une casquette à deux visières, une pour le front et une pour la nuque. Alors, on boit un bon coup, et chacun reprend le refrain : « As-tu vu la casquette, la casquette, as-tu vu la casquette du

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