Comment vivaient nos ancêtres
souvent ce que l’on nomme parfois le « fardeau », avec le plus souvent un lit, mais aussi parfois des mesures de grains pour aider le jeune ménage ou le futur beau-père à ensemencer son champ au printemps ou à l’automne prochain. J’ai trouvé plusieurs fois consigné un « mestier à tisser », sans doute pour proposer au gendre une plus saine occupation que de courir les cabarets. Enfin, quelques présents supplémentaires révèlent les ressources des familles : une cavale (une jument, en Lorraine), une ouaille (une brebis) ou une vache et son suivant (son veau).
L’assemblée présente installe le coffre ou l’armoire en un endroit d’où on ne les bougera jamais plus, tout comme le lit que le curé du village vient parfois bénir avant le jour des noces.
Les invitations à la noce sont faites à domicile par les mariés. En moyenne, l’on compte entre vingt et cinquante personnes, voire quatre-vingts à cent dans les familles aisées. En Bretagne, on monte cependant jusqu’à plusieurs centaines d’invités, au point que la réunion ne peut pas, comme ailleurs, avoir lieu dans la salle commune ou une grange décorée de draps et de bouquets de fleurs des champs. On s’installe alors dans un pré, près de la ferme, et chacun doit apporter son couvert. Les sièges sont modelés dans la terre quelques jours plus tôt par une disposition habile de tertres et de fossés, comme le montrent quelques cartes postales du début du siècle.
Dans ces mariages, en guise de cadeau, chaque invité apporte souvent son écot en nature : viande salée, volailles, gâteau, mais en prime, la joie et la bonne humeur : le lendemain, c’est le grand jour.
ON SE MARIE EN DÉBUT DE SEMAINE
ET LA MARIÉE N’EST PAS EN BLANC !
Au fil de l’année, les choses se sont précisées. Fouettée à Noël symboliquement et de façon simulée, la « garce » (féminin de gars, pris alors dans un sens non péjoratif) a été élue par un gars au 1 er mai, par le truchement de quelque branche de charme ou d’aubépine, parfois pesée fin mai à la sortie de la messe, elle a enfin, en tant que fiancée, sauté avec son fiancé au-dessus des braises du feu de la Saint-Jean d’été . Il ne reste plus qu’à fixer le jour du mariage.
Le vendredi est exclu car c’est jour de deuil et de jeûne en souvenir de la mort de Jésus-Christ. Le prêtre refuserait catégoriquement de donner sa bénédiction pour avoir été, dit-on, le jour ou Judas avait vendu le Christ. Le dimanche, de son côté, est traditionnellement réservé au culte, et le clergé a suffisamment à faire avec les messes, petites et grandes, et les vêpres, pour aller y ajouter des épousailles. Contrairement à ce que nous connaissons aujourd’hui, la fin de semaine est donc boudée au profit des trois premiers jours. Le mardi est regardé comme de bon augure, et le jeudi évité, sans doute parce que les festivités se prolongeraient jusqu’au vendredi. De plus, on dit que les mariages du jeudi font les mariés cocus.
Le jour choisi est obligatoirement un jour « ouvrier ». Impossible de se marier un jour de fête, ni d’ailleurs un des jours où l’on honore la Vierge Marie (Chandeleur, Visitation, etc.). Il en va de même pour les mois. Formellement interdit pendant les temps de pénitence (frappés d’abstinence sexuelle) de l’Avent et du carême, le mariage est aussi évité en mai et en été. La raison de la défaveur de mai est assez floue. Ce mois étant devenu le mois de Marie au XIX e siècle, il ne pouvait donc pas avoir d’incidence auparavant. Il semble cependant que, de tout temps, on se soit méfié des noces de mai. « Noces de mai, noces mortelles », « en mai, les méchants se marient », « mariages de mai ne fleurissent jamais », « les mégères s’épousent en mai », affirment à tour de rôle une légion de dictons à travers le pays.
De toutes les couleurs
Presque tous les noms de nos couleurs viennent du latin, comme blanc et noir, jaune, rouge, vert, rose, violet. Sauf orange , qui vient du mot persan « nàrandj », et fut rapidement utilisé pour désigner le nouveau fruit, d’abord appelé « pomme orange », et sauf bleu , qui seul est issu de l’ancienne langue franque. Pourquoi ? Difficile de le dire…
Ce qui est plus étonnant, c’est que l’on connut, au Moyen Âge, un autre éventail d’appellations, qui furent utilisées en héraldique, pour décrire les blasons, et qui
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