Comment vivaient nos ancêtres
peuvent nous sembler lourdes et asphyxiantes, et on peut se demander comment un peuple réussit à retenir toutes ces pratiques dont le fondement, souvent séculaire, lui échappe la plupart du temps complètement. À cela, la réponse est que hommes et femmes de la société traditionnelle n’ont pas d’autres connaissances à assimiler et à transmettre, n’ont pas d’autres loisirs et ne vivent que dans l’univers de leur paroisse et des paroisses voisines. Dans ce contexte, il est évident que la moindre amusette sociale ou le moindre événement local revêt une importance extrême. Leur souci majeur est toujours d’essayer de deviner l’avenir. À tout moment, ils guettent la moindre manifestation du monde extérieur qui pourrait les renseigner. Vieux rêve humain que de connaître la destinée ! Mais encore essaient-ils aussi de prévoir la météorologie aux conséquences capitales pour eux et font-ils en sorte de ne pas contrarier ceux à qui l’on prête le pouvoir de la régler.
On touche là aux plus antiques mythes et cultes humains. Pouvons-nous imaginer, au seuil du XXI e siècle, quelle a pu être la crainte de nos très lointains ancêtres de la préhistoire, chaque soir, lorsque se couchait le soleil ? Ignorants de toute loi planétaire, quelles garanties avaient-ils de revoir la lumière baigner la Terre le lendemain ? Quelles garanties avaient-ils que le beau temps reviendrait après la pluie et l’été après l’hiver ? De fait, il semble bien que toutes les sociétés primitives aient adoré le soleil, ou plutôt la lumière du jour, et que la plupart des religions aient été bâties sur la lutte du jour contre la nuit, de la lumière contre les ténèbres.
Notre sujet n’est pas si éloigné de tout cela. En effet, la religion de nos pères a repris, soit dans ses textes soit par la christianisation de coutumes païennes préexistantes, bon nombre d’éléments de ce vieux culte solaire. Jésus-Christ, souvent appelé Lumière, naît au moment du solstice d’hiver, lorsque le jour recommence à l’emporter sur la nuit. Les hommes se purifient pendant le carême, à l’image du Christ mais aussi à celle de la nature qui va bientôt renaître avec le printemps. En tant que généalogiste, et donc en tant qu’historien du quotidien, cette façon de lire et de comprendre l’année n’a pas à être la mienne. À tout moment, cependant, vous la retrouverez en filigrane et c’est elle, souvent, qui vous permettra de comprendre le sens des gestes et des actes que vos ancêtres ont répétés durant des siècles et que vous vous surprendrez encore à accomplir tout au long d’une année. Après tout, cette année n’avait-elle pas ainsi autant de sens qu’elle n’en a aujourd’hui, rythmée par les vacances, le ski, la plage, les week-ends, le métro ou les épisodes des séries télévisées ?
MAIS QUAND DONC COMMENCE L’ANNÉE ?
Combien de mots de tous les jours nous sont complètement hermétiques ! Nous vivons avec eux sans avoir souvent une idée de leur sens et de leur histoire. Témoins les noms de nos jours et de nos mois.
Les premiers contiennent tous les suffixe « -di », hérités du mot latin dies (le jour). Chacun étant consacré, dans l’ordre, à la lune (lundi), au dieu Mars (mardi), au dieu Mercure (mercredi), au dieu Jupiter (jeudi), à Vénus (vendredi), le samedi étant le jour du sabbat (sambadi dies) et le dimanche celui du Seigneur (sur le latin dominus, le maître). Mélange d’héritage romain et hébreux.
L’histoire des mois est liée à celle du calendrier. Mais qui a inventé le calendrier ? La tradition veut que ce soit Numa Pompilius, second roi de Rome et successeur de Romulus, qui divisa l’année solaire en trois cent cinquante-cinq jours répartis en douze mois, auxquels il ajouta un treizième de vingt-deux jours. Il donna un nom aux quatre premiers et aux deux derniers et, peut-être à court d’imagination, se contenta de numéroter les six autres. Il décida ainsi de consacrer le premier mois de l’année au dieu de la guerre, de surcroît père du fondateur de Rome selon la mythologie, et lui donna le nom de Mars. Le second était celui où la terre et les bourgeons s’ouvraient. Le verbe latin aperire « s’ouvrir » fut donc à l’origine de notre avril, et reste encore plus proche du april anglo-saxon. Le troisième, consacré aux majores , c’est-à-dire aux hommes âgés, devint « mai », et le
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