Comment vivaient nos ancêtres
tir.
Plus tard, le poisson d’avril est utilisé pour décorer les cartes postales que s’envoient les amoureux, car alors
« Recevoir un poisson fleuri,
Fait trouver un tendre mari. »
DU CHAPEAU DE PAILLE AU PAPEGAI DE BOIS
Le retour des cloches marque également le retour de l’Alléluia, disparu depuis maintenant soixante-dix jours, enterré même parfois symboliquement pour mieux favoriser la fécondation de la terre. Le carême a tout purifié. Il ne reste qu’à se confesser pour communier, ce qui est absolument obligatoire en temps de Pâques. La lumière est revenue à l’église comme dans le ciel. L’été s’annonce. Nos aïeules, pour mieux s’en convaincre, vont à la grand-messe en chapeau de paille quel que soit le temps et, dans le Midi, chacune revêt ses vêtements d’été cousus et remis en forme au début de la semaine peineuse.
L’après-midi, on se livre à toute sorte de divertissements : soule et crosse, naturellement, mais aussi danses ou pastorales. Enfin, la semaine pascale est souvent celle d’un autre sport très en vogue : le tir à l’oiseau, que tout un cérémonial, plus ou moins élaboré selon que l’on est en ville ou à la campagne vient régler. Souvent, de grandes cibles sont installées sur des bottes de paille fleuries. Au centre, on y place l’oiseau de bois que l’on doit abattre avec une flèche.
Certaines villes sont dotées de tout un folklore comportant des uniformes à ses couleurs, avec parements, épaulettes et galons dorés, glands, chapeaux à plumet, comme on a des cris, des devises ou des chansons de circonstance. Celui qui abat l’oiseau est fait « roi du jeu ». S’il réussit deux années de suite, de roi il devient logiquement « empereur ». Voilà l’amusante explication de tant de surnoms transmis comme noms de famille à nos actuels Leroi, Leroy ou Lempereur. Ce roi reçoit « le bouquet » et quitte la partie sous un triomphe d’acclamations. Un cortège bruyant se répand dans les rues, avec bien souvent à sa tête la statue de saint Sébastien, patron des archers puisque mort criblé de flèches.
L’oiseau est généralement peint de couleurs vives. On l’appelle alors le « papegai » ou « papegaut », ancien nom du perroquet, forgé sur son nom arabe. Le perroquet reste longtemps un oiseau extraordinaire par ses dons de parole. Les Visitandines de Nevers n’en ont-elles pas un qu’elles chérissent de leur mieux et qui, dans leur région, excite la curiosité, jusqu’à Nantes même, où leurs consœurs leur demandent de bien vouloir le leur envoyer quelque temps en pension. Elles y consentent et Vert-Vert (c’est son nom) est confié à des mariniers qui, par la Loire, l’acheminent à Nantes. Malheureusement, à leur contact, l’oiseau oublie toutes les saintes formules apprises à Nevers, pour ne débiter aux religieuses bretonnes que les ordures et paillardises qu’il a entendues dans les bouches des bateliers durant son voyage ! Elles le renvoient donc illico. Absous, il mourra finalement d’indigestion !
L’histoire serait authentique et se situe dans la droite ligne de ce que l’on aime à se raconter en semaine pascale. L’été est là. La viande et les œufs font leur apparition sur la table comme en témoignent les grandes omelettes au lard. Souvent, ce temps correspond aussi à la fin des veillées.
Le dimanche suivant, le cycle de Pâques s’achève avec Quasimodo. Les retardataires peuvent encore se confesser pour communier dans le temps pascal. Aussi appelle-t-on ce jour le « dimanche des meuniers », tant ceux-ci ont alors la réputation d’être de grands pécheurs, à force de tricher sur les mesures de grain. On l’appelle aussi le dimanche de « Pâques closes ».
Le printemps s’installe de plus en plus résolument. Durant quelque temps, on n’aura pas encore à s’atteler à de gros travaux dans les champs. Les grands chemins, défoncés par le dégel, commencent à sécher au soleil, invitant à la promenade, plus souvent pratiquée alors sous la forme du pèlerinage.
DE L’ANCÊTRE DU PARIS-DAKAR
AUX MARCHES À RECULONS
Pour nos ancêtres du Moyen Âge, les pèlerinages sont de formidables aventures. J’ai déjà raconté comment, aux termes de longues et souvent dangereuses « pérégrinations », les « pèregrins », devenus pèlerins, parviennent à Saint-Jacques-de-Compostelle, à Rome, et plus rarement encore à Jérusalem. Vêtus de leur
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