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Consolation pour un pécheur

Consolation pour un pécheur

Titel: Consolation pour un pécheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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de meurtre sans la moindre preuve !
    — J’en ai, dit Martí avec une confiance en soi que Daniel trouvait effrayante vu les circonstances. Sur lui comme sur tous ceux qui auraient pu le faire.
    Il s’assit lourdement sur un banc et dévisagea son visiteur.
    — Qui vous pousse à me parler ainsi ? J’aimerais bien le savoir. Qui vous a envoyé ici ? Je jurerais que ce n’est pas Astruch.
    — Personne ne m’a envoyé.
    — C’est la jolie fille du médecin, c’est cela ? Et pour elle, vous accuseriez un ami de faux témoignage ?
    — Vous mentez ! cria Daniel, déstabilisé par la lâcheté de ce dernier coup.
    — Répétez-le une fois encore et je vous ferai goûter de mon épée !
    — Vous vous en prendriez à un homme désarmé ? Donnez-moi une arme et je vous prouverai que vous mentez, rugit Daniel. Pleutre !
    — Là, vous allez trop loin ! Vous allez avoir une épée, et puissiez-vous en faire bon usage.
    Il regarda autour de lui, dans la cour, comme s’il s’attendait à ce qu’une épée vienne se placer d’elle-même dans sa main.
    — Des armes ! hurla-t-il.
    Rien ne se passa.
    — Apportez-moi des armes, tas de fainéants !
    — Martí, dit alors une voix féminine, que se passe-t-il ?
    Daniel ne put s’empêcher de trouver comique le spectacle de ce jeune homme tentant de faire apparaître une paire d’épées devant sa mère, la robuste maîtresse Sibilla.
    — Même les serviteurs ne nous prêtent pas attention, ricana-t-il.
    Sur ce, Martí plongea sur Daniel – plus grand, plus âgé, plus fort et mieux découplé que lui – comme pour le vaincre de ses mains nues.
    La cour était maintenant pleine de serviteurs. Maîtresse Sibilla se dirigea vers son fils d’un pas assuré.
    — Ton père est à peine dans sa tombe et voilà que tu brailles comme un voyou ! Rentre tout de suite ! Vous, lança-t-elle à un valet et au portier, ramenez votre maître dans la maison, immédiatement. Je vous demande pardon, Daniel, pour le comportement de mon fils. Il n’est plus lui-même. Je dois vous prier de m’excuser. Je vous souhaite une bonne journée.
    Dans un bruissement de soie, elle se retira.
    Le portail se referma derrière Daniel, et la porte de la maison sur la maîtresse et le jeune maître. Aussitôt, les bavardages allèrent bon train parmi les serviteurs. Le portier et le valet s’en revinrent, pressés d’ajouter leurs observations sans fondement à des certitudes déjà bien maigres. Au bout de quelques minutes de conversation agitée, un marmiton s’en alla rapporter cette histoire prodigieuse à un ami qui travaillait non loin de là ; un des valets fit de même, tandis que la servante prenait son panier avec un enthousiasme peu commun et fonçait droit sur le marché.
    Elle alla d’abord chercher du poisson. Non que sa maîtresse en eût particulièrement demandé – le chagrin et le souci la tenaillaient tant qu’elle se moquait bien de ce qu’elle mangeait –, mais la conversation de Bartolomeu était habituellement aussi abondante et précise que ses produits étaient frais et coûteux.
    — Tu arrives bien tard ce matin, fit-il remarquer. Les plus belles pièces à cuire au four sont déjà parties. Mais il me reste quelques belles sardines. Elles devraient réveiller l’appétit de ta maîtresse. Pauvre femme… J’ai aussi du maquereau.
    — Pas étonnant si je suis en retard. Il s’est passé tellement de choses ce matin…
    — Rien à voir avec ce qu’on a connu ici, dit le poissonnier en baissant la voix.
    — Vraiment ?
    Elle était quelque peu ennuyée de voir se ternir son instant de gloire.
    — Mon jeune maître était d’une telle humeur…
    — Tu n’as donc pas entendu parler du meurtre ?
    — Quel meurtre ? Celui de mon maître ? C’est à ce propos qu’ils se querellaient…
    — Non, c’est déjà vieux, ça. Je parle du meurtre du marchand qui logeait chez Rodrigue, expliqua-t-il en remplissant son panier de sardines.
    Elle les recouvrit d’un linge avant de se pencher vers lui.
    — Il a été tué ? Quand ça ?
    — La nuit dernière. Ou tôt ce matin.
    — Mais qu’est-ce qui lui est arrivé ? ne put-elle s’empêcher de demander.
    — On lui a tranché la gorge et son corps a été abandonné près de la cathédrale, contre l’enceinte sacrée.
    — Qui a fait le coup ?
    — Je suppose que Rodrigue est sorti de son brouillard d’ivrogne assez longtemps pour comprendre ce que

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