Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Conspirata

Conspirata

Titel: Conspirata Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
Vom Netzwerk:
choisissez comme tribun, je
vous fais cet engagement et cette promesse, mes amis : ceux qui ont ôté
sans jugement la vie de citoyens romains vont goûter au plus vite la justice de
la plèbe !
    Cicéron se retira ensuite dans sa bibliothèque pour discuter
de ce verdict avec Hortensius, Catulus et Lucullus pendant que Quintus essayait
de voir s’il pouvait découvrir ce qui s’était passé. Les sénateurs accusaient
encore le choc et Cicéron me demanda d’aller chercher du vin.
    — Quatre voix, murmura-t-il. Il s’en est fallu de
quatre voix que ce dépravé irresponsable ne soit déjà en train de quitter l’Italie
à tout jamais. Quatre voix ! ne pouvait-il s’empêcher de répéter.
    — Eh bien, je dois vous dire que pour moi, c’est la
fin, annonça Lucullus. Je me retire de la vie publique.
    De loin, il semblait aussi froid et maître de lui que
jamais, mais lorsqu’on se rapprochait, comme je le fis pour lui donner une
coupe, on s’apercevait qu’il clignait de yeux de manière incontrôlable. Il but
le vin aussitôt et tendit sa coupe à nouveau.
    — Nos collègues vont paniquer, observa Hortensius.
    — Je me sens faible, avoua Catulus.
    — Quatre voix !
    — Je vais m’occuper de mes poissons, étudier la
philosophie et me préparer à la mort. Il n’y a plus de place pour moi dans
cette république.
    Sur ces entrefaites, Quintus arriva avec des nouvelles du
tribunal. Il avait parlé avec certains membres de la partie plaignante, et avec
trois des jurés qui avaient voté la condamnation.
    — Il semble qu’il n’y a jamais eu autant de pots-de-vin
versés dans toute l’histoire de la justice romaine. On dit que certaines
personnalités essentielles ont reçu jusqu’à quatre cent mille sesterces pour s’assurer
que le verdict soit favorable à Clodius.
    —  Quatre cent mille ? répéta Hortensius,
incrédule.
    — Où Clodius a-t-il été trouvé des sommes pareilles ?
questionna Lucullus. La petite garce qu’il a épousée est riche, mais même comme
ça…
    — D’après la rumeur, l’argent viendrait de Crassus.
    Pour la deuxième fois de la journée, j’eus l’impression que
le sol se dérobait sous mes pieds. Cicéron m’adressa un bref regard.
    — J’ai du mal à y croire, commenta Hortensius. Pourquoi
Crassus voudrait-il dépenser une fortune pour secourir Clodius en particulier ?
    — Je ne peux que te répéter ce que j’ai entendu dire,
répondit Quintus. Crassus a fait venir vingt des jurés chez lui la nuit
dernière, les uns après les autres, et a demandé à chacun d’eux ce qu’ils
voulaient. Il a réglé les dettes de certains et signé des contrats avec d’autres.
Les jurés restants ont pris de l’argent liquide.
    — Cela ne fait toujours pas la majorité du jury, fit
remarquer Cicéron.
    — Non, mais on dit que Clodius et Fulvia ne sont pas
restés les bras croisés, poursuivit Quintus, et qu’ils ne s’en sont pas tenus à
leur or. Les lits ont grincé dans certaines grandes maisons romaines la nuit
dernière, car certains jurés ont préféré recevoir leur paiement en nature – garçon
ou fille. Il paraît que Clodia elle-même n’a pas chômé pour obtenir plusieurs
votes.
    — Caton a raison sur toute la ligne ! s’exclama
Lucullus. Notre république est pourrie jusqu’à l’os. Nous sommes finis. Et
Clodius est l’asticot qui nous détruira tous.
    — Non, mais vous imaginez, un patricien qui
passe du côté de la plèbe  ? demanda Hortensius d’un ton incrédule.
Vous imaginez qu’on puisse vouloir une telle chose ?
    — Allons, allons, fit Cicéron, nous avons perdu un
procès, rien de plus… ne nous affolons pas. Clodius n’est pas le premier
coupable à sortir libre d’un tribunal.
    — Il ne va pas te lâcher, frère, avertit Quintus. S’il
devient plébéien, tu peux être sûr qu’il sera élu tribun – il est
maintenant trop populaire pour qu’on puisse l’empêcher – et une fois
qu’il aura tous les pouvoirs qui vont avec cette charge, il pourra te causer
beaucoup d’ennuis.
    — Cela n’arrivera pas, assura Cicéron. Les autorités de
l’État ne le laisseront jamais faire. Et si, par quelque malchance
extraordinaire, cela se faisait, tu crois vraiment qu’après tout ce que j’ai
accompli dans cette ville, en partant de rien, tu crois sincèrement que je ne
serai pas capable de me charger d’un petit pervers puéril et ricanant comme
notre jeune Reine de Beauté ? Je

Weitere Kostenlose Bücher