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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Falco ! geignit Placidus.
    — Sans doute, mais à deux, on a quatre yeux pour voir venir.
    — On doit se méfier de quelque chose en particulier ?
    — On doit se méfier de tout !
    Il s’avéra difficile de trouver l’endroit où habitait la danseuse. Nous jugeâmes inutile de demander leur aide aux rares passants. Nous pensions à juste titre que, même dans le cas improbable où ils l’auraient su, ils auraient refusé de nous le dire. Nous finîmes néanmoins par tomber sur une pension un peu plus grande et un peu moins crasseuse que les autres, qui semblait correspondre à la description faite par Cyzacus et Norbanus. Une grosse femme à l’air revêche était assise devant la porte sur un tabouret branlant. Elle coupait un chou dans un grand bol ébréché. Je dus beaucoup insister pour qu’elle finisse par admettre de mauvaise grâce que Selia habitait là. Et elle nous autorisa à aller frapper à sa porte. La danseuse était sortie.
    Nous redescendîmes nous installer dans une horrible gargote où il n’y avait quasiment rien à manger ni à boire. De toute façon, le serveur était bien trop occupé à une partie de dés avec un ami pour nous servir. Après avoir fini sa partie, il prit encore le temps d’inscrire des chiffres sur un tableau avant de nous apporter deux gobelets d’un liquide tiède et deux tranches de pain rassis.
    Je vis Placidus essuyer soigneusement le rebord de son gobelet avec la manche de sa tunique. Moi, j’avais appris à boire sans toucher le récipient. Mais de telles précautions s’avéreraient bien inutiles si la boisson elle-même était contaminée.
    — Vas-tu passer la moitié de la journée ici à attendre une fille qui va sans doute essayer de nous défoncer le crâne ? demandai-je.
    — Je peux rester assis ici à attendre, mais je ne sais pas du tout quoi faire si jamais elle arrive, répondit le procurateur.
    — Eh bien, le mieux, c’est de te tenir hors de sa portée, conseillai-je.
    Je commençais à regretter d’avoir laissé Placidus m’accompagner. Le voisinage paraissait vraiment très dangereux, et je n’avais aucune raison de lui faire courir de tels risques. D’ailleurs, je n’aurais pas dû courir de tels risques moi non plus. Mais je savais du moins à quoi m’attendre, et c’était mon métier.
    Les baraques insalubres qui bordaient la venelle, en s’appuyant les unes contre les autres pour ne pas s’écrouler, ajoutaient encore au sentiment d’angoisse.
    — Tu ne serais pas armé, par hasard ? demandai-je à mon vis-à-vis.
    — Tu plaisantes, Falco. Je suis procurateur. Et toi ?
    — Eh bien, j’ai apporté mon sabre à Hispalis, mais comme je ne pensais pas obtenir les coordonnées de la fille aussi vite, je l’ai laissé au mansio.
    Nous nous trouvions dans une situation peu enviable. Nous étions installés dans le seul endroit où il nous était possible d’attendre sans trop nous faire remarquer, mais les rares badauds nous dévisageaient d’un air hargneux. À chaque fois que quelqu’un passait près de nous, nous nous taisions pour ne pas être trahis par nos accents romains.
    Au bout d’un moment, l’ami du serveur s’en alla, et deux filles arrivèrent en ricanant. Elles s’assirent sur un banc sans rien commander. Elles se contentaient de dévisager le garçon qui appréciait visiblement leur intérêt. Il avait de très longs cils. Helena Justina aurait prétendu qu’ils s’étaient développés à ce point parce qu’il devait faire sans arrêt de l’œil aux femmes. Soudain, elles déguerpirent en toute hâte. Un homme corpulent entra, qui se mit à dévisager le serveur à son tour. Le père des deux filles ? Il partit lui aussi sans un mot. Le garçon se mit alors à se nettoyer les ongles avec le couteau dont il s’était servi pour couper nos tranches de pain.
    Une rouquine passa dans la ruelle et adressa un sourire discret au serveur. J’ai mes raisons pour détester les rouquines, mais celle-ci valait le coup d’œil. Nous étions assis suffisamment bas pour la contempler discrètement. Elle savait tirer le meilleur parti des avantages dont les dieux l’avaient gratifiée. Un péplum d’un joli vert tendre s’arrêtait au-dessus de ses chaussures à lanières. Des boucles d’oreilles cascadaient presque jusqu’à ses épaules. Son visage d’une pâleur crayeuse était illuminé par de grands yeux marron qui me parurent familiers. Tout comme sa silhouette provocante. Il y a

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