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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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donné l’ordre à Optatus de l’abattre.
    — Caracoleur n’appartient pas à Optatus, précisai-je d’un ton tranchant. Son propriétaire est Annæus Maximus, et c’est à moi qu’il l’a prêté. Ce n’est pas le premier cheval à vider son cavalier. Il s’est toujours montré très aimable envers moi, qui ne monte pas très bien. Tu as dû l’ennuyer d’une façon ou d’une autre.
    — Alors ça n’aura pas été intentionnel, assura-t-il.
    Puis, se tournant vers Claudia Rufina, il proposa :
    — Si je dois partir, je peux te déposer en même temps.
    — Il n’en est pas question, intervins-je sèchement.
    Si Rufius Constans avait appris quelque chose sur le complot et qu’on avait voulu le museler par tous les moyens, son meurtrier devait se demander s’il en avait parlé à sa sœur. Il fallait donc la protéger, même contre les suspects qui possédaient de solides alibis. Alors, je n’allais certainement pas la laisser partir seule en compagnie du fils de l’homme qui avait fomenté ce complot. Un accident est si vite arrivé !
    — Quadratus, ajoutai-je d’un ton plus amène, vu l’état de ton dos, tu dois emprunter le plus court chemin. Helena et moi allons raccompagner Claudia dans la voiture de son grand-père.
    — Il vaudrait peut-être mieux que ce soit Tiberius qui s’en serve, proposa-t-elle. Les sièges sont étudiés pour qu’on puisse y voyager allongé.
    L’arrangement paraissait idéal. Claudia voyagerait donc dans notre cabriolet. Et nous pourrions nous arrêter sur le lieu de l’accident – ce que je me gardai bien de mentionner au si charmant Tiberius.

56
    Nous quittâmes la ferme en procession, mais j’avais pris soin de demander au cocher de Claudia d’aller très très lentement pour ménager le dos de son passager souffrant. Marmarides en ayant profité pour presser ses mules, nous ne tardâmes pas à les semer. Et je me sentis tout de suite mieux, même si nous commencions à traverser les vastes étendues de la propriété des Quinctii. J’avais pris place sur le siège du cocher, laissant les deux jeunes femmes ensemble à l’intérieur du cabriolet.
    Helena Justina me confia plus tard qu’elles n’avaient pas échangé une seule parole. Pendant tout le trajet, Claudia avait fixé l’horizon d’un air lointain. Elle avait sans doute atteint l’extrême limite de ses forces et commençait à ressentir les effets secondaires du choc qu’elle venait de subir.
     
    Un autel provisoire avait été dressé à l’endroit où le jeune homme avait trouvé la mort. Il se trouvait tout près de l’allée conduisant à la maison, si bien que tous ceux qui passaient par là pouvaient immédiatement situer le lieu du drame. On y avait déposé des fleurs, des bols d’huile et des gâteaux de froment. L’esclave supposé le surveiller somnolait à l’ombre d’un châtaignier.
    Les pressoirs des Rufius étaient installés dans une cour située derrière le bâtiment originel de la ferme. Une bâtisse rustique que la famille avait vite abandonnée pour une résidence plus digne d’elle, dès qu’elle était devenue plus prospère. Désormais, cette antique demeure était sans doute occupée par des intendants qui la désertaient pendant la journée pour vaquer à leurs occupations dans les champs et les oliveraies. La situation devait être exactement la même la veille, quand le jeune Rufius s’était mis en tête de réparer les pressoirs.
    Je sautai de la voiture dès que Marmarides eut arrêté son attelage à l’ombre d’un bouquet d’arbres. Un cheval se trouvait déjà attaché au même endroit. Je lui flattai machinalement le flanc en passant et le trouvai brûlant. L’animal venait d’effectuer une course. Je vis alors s’avancer vers moi un troupeau d’oies menaçantes, mais leur cacophonie ayant réveillé l’esclave qui gardait l’autel, il se saisit d’un bâton pour les chasser. Je remarquai de nombreux hangars tout autour : des écuries, des remises pour abriter les charrues, un cellier, une aire de battage, et finalement, la partie réservée à la production d’huile. Il s’agissait d’une vaste construction pourvue de portes coulissantes qui restaient ouvertes pendant l’été. Elle était divisée en deux parties. Le premier espace contenait deux pressoirs et des cuves scellées dans le sol, destinées à laisser reposer l’huile. (J’avais entendu dire qu’il fallait renouveler l’opération une trentaine de

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