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Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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dû lui être attribué il y a fort longtemps. Cet animal devait avoir une vocation rentrée de botaniste, car il avançait assez lentement pour me laisser le temps d’étudier chaque plante devant laquelle nous passions.
    Le domaine de Licinius Rufius était relativement proche, mais encore trop éloigné étant donné mon moyen de locomotion. Avant d’arriver chez lui, j’eus l’occasion de longer les oliveraies appartenant à Quinctius Attractus, puis ses champs de lin et de blé, ses potagers, ses vignobles, et même sa porcherie. Difficile de ne pas en être impressionné.
    Lorsque j’atteignis la demeure des Rufius, je compris tout de suite ce qu’Helena avait voulu dire. La famille avait entrepris de vastes travaux. Après avoir franchi un portail important avec leur nom gravé sur une colonne, j’avais parcouru plusieurs milles d’un chemin bordé d’oliviers qui avaient merveilleusement vieilli. Je n’apercevais qu’une fraction de la propriété qui, je le savais, s’étendait jusqu’au fleuve. Le transport de l’huile s’en trouvait grandement facilité. J’étais passé devant non pas un, mais deux pressoirs. Et j’avais encore été plus surpris de constater qu’ils possédaient cinq fours pour fabriquer leurs propres amphores. Je vis aussi des briques en train de sécher au soleil, prêtes à être cuites à leur tour.
    Dans un endroit réservé aux ouvriers, j’aperçus le jeune garçon que j’avais vu en train de vomir. Ce devait être le petit-fils, comme nous le supposions. Il était vêtu d’une tunique brillante à larges rayures pourpres, un vêtement qui proclamait haut et fort que sa famille pouvait se payer ce qu’il y avait de mieux. Il était plongé dans une discussion avec un régisseur, tandis qu’un charpentier, debout devant un châssis de fenêtre posé sur deux tréteaux, paraissait attendre qu’ils prennent une décision. On donnait à peine vingt ans au jeune Rufius. S’il n’avait pas l’air au mieux de sa forme, du moins avait-il fini par se lever, et un plan à la main, il semblait sûr de ce qu’il avançait. Par ailleurs, sa façon de s’adresser aux employés était plaisante. Je poursuivis mon chemin sans m’arrêter pour me présenter. Arrivé près de la maison, je laissai Caracoleur sous un chêne ; il me parut bien inutile de l’attacher.
    La vue de l’édifice m’avait arraché une exclamation de surprise.
    À l’origine, il s’agissait d’une ferme bétique tout à fait classique, semblable à celle achetée par Camillus. Mais c’était devenu rapidement insuffisant pour des gens qui se prenaient pour les étoiles montantes de Cordoue.
    Tous les murs disparaissaient sous les échafaudages, et le toit avait été enlevé pour surélever la maison d’un étage. Les murs de pisé étaient progressivement remplacés par des briques, comme celles que j’avais vues en train de sécher. Un portique massif avait été rajouté en plein centre de la façade ; il atteignait la hauteur du nouveau toit et l’on n’avait pas lésiné sur les marches de marbre ni sur les colonnes. L’ordre corinthien avait fait une entrée en force dans la province ! Le rez-de-chaussée allait tripler sa superficie et, à mon grand étonnement, la famille continuait d’habiter là pendant les travaux.
    Je demandai à voir Licinius Rufius et, au bout d’un certain temps, ce fut sa femme qui vint me rejoindre dans le nouveau vestibule. Elle me trouva bouche bée devant des fresques gigantesques représentant les batailles d’Alexandre le Grand.
    Claudia Adorata était une femme d’un certain âge qui portait encore beau et se tenait très droite. Ses cheveux gris, divisés par une raie médiane, étaient rassemblés en un chignon bas sur la nuque, maintenu en place par des épingles de cristal. Elle était joliment drapée dans du lin safran, et son cou s’ornait d’un magnifique collier d’or serti d’agates, de cristal de roche et d’émeraudes, le tout dessinant un papillon.
    — Je t’en prie, excuse tout ce chambardement, dit-elle.
    Et, étrangement, elle me fit penser à ma mère. Des servantes l’avaient suivie jusque dans l’atrium, mais ayant constaté que je paraissais plutôt apprivoisé, elle les renvoya à leurs métiers à tisser en tapant dans ses mains.
    — Permets-moi de saluer ton courage et ton initiative, déclamai-je avec grandiloquence.
    Mentionner le nom d’Helena et de la famille Camillus fut suffisant pour qu’elle

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