Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Crépuscule à Cordoue

Crépuscule à Cordoue

Titel: Crépuscule à Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
couper le cordon ombilical, je me forçai à penser qu’elle mettait aussi au monde des bébés en parfait état. À l’occasion.
    Je passai un accord avec la sage-femme qui nous autorisait à l’appeler en cas de besoin. Mais j’omis de lui donner notre adresse. Je tenais à laisser Helena Justina prendre elle-même la décision finale.
    J’avais été tellement perturbé par cette visite que je quittai la cité par une mauvaise porte. Des colombes s’envolèrent sur mon passage. J’obligeai alors Caracoleur à avancer le long d’un sentier qui allait me conduire vers le fleuve. Le soleil éclatant paraissait se moquer de mon humeur sombre. Coquelicots, bourrache et marguerites dressaient la tête sur notre passage, tandis que des lauriers-roses, joyeusement fleuris, se pressaient contre les remparts. Je finis par atteindre la berge, à un endroit qui ne paraissait pas du tout navigable. Le semblant de marécage sur lequel je me trouvais n’avait pas été inondé depuis longtemps. Un peu plus loin, j’aperçus un groupe d’esclaves publics qu’il fallait beaucoup d’imagination pour appeler des ouvriers. L’un d’eux dansait, trois prenaient leurs aises, assis sur des tabourets, et quatre autres s’appuyaient nonchalamment contre la muraille. Tous attendaient que le graveur finisse d’écrire sur une tablette qu’ils venaient de terminer une réparation. Après les avoir dépassés, j’atteignis enfin le pont.
    Non seulement je n’avais pas avancé dans mon enquête, mais ma visite à la sage-femme ne m’avait pas rassuré. Plus tendu que jamais, je regagnai la propriété de Camillus. La nuit tombait et j’avais hâte de retrouver Helena.

32
    Le lendemain, si la journée ne démarra pas d’une façon particulièrement brillante, elle s’avéra toutefois un peu plus productive.
    Troublé par mes pensées concernant Helena Justina et le bébé, je m’efforçai de penser à autre chose en donnant un coup de main à Marius Optatus qui épandait du fumier. Une activité correspondant assez bien à mon humeur. J’étais persuadé qu’il comprenait dans quel état je me trouvais, mais fidèle à ses principes, il ne dit rien et me tendit un râteau. Je ne tardai pas à transpirer copieusement au milieu de ses esclaves.
    Il m’était impossible de lui demander conseil. D’abord, il était célibataire, et ensuite, si ses esclaves surprenaient notre conversation, ils allaient nous abreuver de contes épouvantables qui ne feraient qu’augmenter mes angoisses. Ou bien ils me conseilleraient de sacrifier des animaux de prix aux dieux de la forêt ou à une déesse celtique – c’est-à-dire la dernière chose que souhaite entendre un futur père romain.
    J’avais atteint un état d’esprit où j’étais quasiment obligé d’admettre que la folie me guettait. Et je suppose que tous les gens concernés qui connaissaient le pourcentage de décès de la mère et de l’enfant à la naissance devaient se trouver dans le même état que moi.
     
    À l’instant précis où les esclaves suggéraient explicitement à Optatus qu’il était temps de décréter une pause, un jeune garçon vint nous prévenir que des visiteurs venaient d’arriver. Le fermier se contenta de lui adresser un signe de tête pour lui signifier qu’il avait entendu. Appuyé sur mon râteau, je demandai des précisions. Il s’agissait en fait de visiteuses : Claudia Rufina et son amie Ælia Annæa nous honoraient de leur présence.
    Optatus continua de travailler aussi longtemps qu’il en eut la force et le courage. Son attitude m’intriguait. Pourquoi ne s’arrêtait-il pas si, comme l’assurait Helena, il avait des vues sur l’une des deux visiteuses. C’était vraiment le premier homme que je rencontrais qui, aimant apparemment le sexe opposé, préférait épandre du fumier que d’aller rejoindre la dame de ses pensées.
    Il fallut attendre que les esclaves menacent de se révolter pour qu’il annonce enfin qu’on allait s’arrêter. Nous prîmes ensemble le chemin de la maison où nous commençâmes par nous laver soigneusement. Les jeunes filles étaient cependant bien décidées à nous attendre le temps qu’il faudrait. Nous les trouvâmes en train de bavarder avec Helena Justina dans le jardin.
     
    Au moment où nous vînmes les rejoindre, elles étaient en train de pouffer de rire ; au point que je ne pus m’empêcher de me demander si c’était bien de la tisane qu’elles étaient en train de

Weitere Kostenlose Bücher