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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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émoi au connétable de Luynes ? On l’ignore. Mais cinq jours plus tard celui-ci vint trouver Louis  XIII , le sortit de son lit et le poussa dans l’appartement de la reine. Le souverain, rouge de honte, résistait, s’accrochait aux meubles, demandait à réfléchir. L’autre poussait toujours. Finalement, le roi se trouva dans la chambre de son épouse et y resta.
    Le lendemain, Anne d’Autriche avait un sourire apaisé et les yeux fatigués. On comprit que tout s’était passé de façon satisfaisante. D’ailleurs le maître des cérémonies vint annoncer la bonne nouvelle à tous les ambassadeurs et bientôt des dépêches, envoyées par courriers spéciaux, allaient apprendre à l’Europe entière que le roi de France avait enfin couché avec sa femme…
     
    La nouvelle provoqua de grandes explosions de joie et l’on vit les personnages les moins susceptibles, semblait-il, de pouvoir apprécier les délices d’une nuit de noces se réjouir pour les jeunes époux.
    C’est ainsi que le cardinal Borghèse, en réponse à la dépêche du nonce, écrivit suavement que « le fait du congiungimento du roi et de la reine avait été très goûté à Rome et que le Saint-Père en avait ressenti le plus grand plaisir ».
    La satisfaction intime d’Anne d’Autriche – est-il besoin de le dire ? – était toutefois plus profonde, et la petite reine, émerveillée par ce qu’elle venait de découvrir, demanda au roi de revenir souvent. Pendant quelques semaines, on vit donc Louis  XIII se diriger chaque soir vers l’appartement de son épouse, et l’on put croire qu’il prenait plaisir au jeu qui lui répugnait tant naguère.
    Cette assiduité ne tarda pas à inquiéter les médecins de la cour. Craignant que le souverain, poussé par l’enthousiasme des néophytes, ne perdît le souffle en voulant se montrer trop bon jouteur, ils lui défendirent de s’adonner à la bagatelle avec excès.
    Ce conseil était superflu, car Louis, ressaisi par la pudeur, se lassa bientôt de cet exercice qui avait tant passionné son père et redevint chaste. Alors la malheureuse reine promena de nouveau dans les couloirs du Louvre un regard un peu trop brillant et une poitrine haletante qui troublaient tous les hommes.
    — Sa Majesté a besoin de se faire caresser le gardon, disait-on avec cette saine verdeur de langage qui caractérisait l’époque.
    Et c’était vrai !
     
    Mais la cour allait avoir bientôt un autre sujet de conversation. À la fin de février, Marie de Médicis, qui vivait à Blois en résidence surveillée, parvint à s’enfuir du château par une fenêtre, grâce à la complicité de son bon ami le duc d’Épernon et l’on oublia les soupirs d’Anne d’Autriche pour s’entretenir des pantalonnades et des menées sournoises de la reine mère. Pendant plus d’un an, Marie de Médicis, d’abord à Angoulême, puis à Angers, dirigea un groupe important de factieux qui voulaient obliger le roi à chasser Luynes. Aidée par quelques grands seigneurs, elle leva des troupes contre son fils. Mais, le 7 août 1620, ces rebelles furent battus par l’armée royale aux Ponts-de-Cé, et le roi se réconcilia avec sa mère. Il l’autorisa même à revenir à Paris, où elle s’installa dans son palais du Luxembourg.
    En 1621, après la mort de Luynes, elle retrouva sa place au Conseil et, le 5 septembre 1622, elle obtint pour son confident, l’évêque de Luçon, qui ne l’avait pas abandonnée, le chapeau de cardinal.
    Ainsi Richelieu continuait de faire sa carrière par les femmes.
    En 1624, toujours grâce à la reine mère avec laquelle il se montrait galant et empressé (il avait appris à gratter de la guitare pour lui plaire), il devint ministre d’État, puis chef du Conseil et premier ministre.
    N’ayant plus, dès lors, besoin de la grosse Florentine, il tourna son regard perçant vers Anne d’Autriche, dont il connaissait le drame, et résolut de jouer dans sa vie le rôle que Louis  XIII avait si fâcheusement abandonné.
    Mais cet homme étrange ne perdait jamais de vue le bien du royaume, ainsi qu’on va le voir.
    « Le cardinal, nous dit Tallemant des Réaux, haïssait Monsieur [218] et craignait, vu le peu de santé que le roi avait, qu’il ne parvînt à la couronne : il fit dessein de gagner la reine et de lui aider à faire un dauphin . Pour venir à son but, il la mit, sans qu’elle sût d’où cela venait, fort mal avec le roi et avec la reine

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