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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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semble-t-il du vivant de Henri  IV , puisque l’auteur de Henriciana nous conte l’histoire suivante :
    Un jour, le roi qui se promenait sur la colline de Chaillot s’arrêta, se mit la tête entre les jambes et dit en regardant la ville :
    — Ah que de nids de cocus.
    Un seigneur qui était près de lui l’imita et se mit à crier :
    — Sire, je vois le Louvre…
     
    En 1617, les Parisiens s’exprimaient avec plus de liberté encore et, lorsque le maréchal d’Ancre, qui possédait un maison située à côté du Louvre, fit jeter un pont de bois sur le fossé pour se rendre plus facilement au palais, le peuple désigna ouvertement cette passerelle sous le nom de « pont d’amour ». Il est vrai que « le favori le passoit chaque matin pour apporter ses hommages à la reine, nous dit Sauval, et prenoit le même chemin vers le soir pour y rester jusqu’au lendemain » [212] .
    L’intrigue amusait toute la Cour et l’on chantait :
     
    Si la reine allait avoir
    Un enfant dans le ventre
    Il serait bien noir
    Car il serait d’Ancre.
    O guéridon, guéridon
    Dondaine
    O guéridon, guéridon
    Dondon.
     
    On se permettait même certaines plaisanteries assez audacieuses devant Marie de Médicis.
    Un jour qu’elle demandait son voile à une dame de sa suite, le comte de Lude s’écria :
    — Un navire qui est à l’ancre n’a pas autrement besoin de voile [213] .
    Concini, il est vrai, ne faisait rien pour cacher ses relations avec la reine mère, au contraire : « Lorsqu’il sortoit de la chambre de Sa Majesté, aux heures qu’elle étoit couchée ou toute seule, nous dit Amelot de la Houssaye, il affectoit de renouer son aiguillette pour faire croire qu’il venoit de coucher avec elle… »
    Ce qui dénotait, il faut bien le dire, une assez mauvaise éducation.
    Finalement, au printemps de 1617, le jeune Louis  XIII , excédé par ces manières et par les sarcasmes dont sa mère était l’objet, ordonna à son capitaine des gardes, Vitry, d’assassiner Concini. Le meurtre fut prévu pour le 17 avril.
    Ce matin-là, vers 10 heures, le favori de la reine arriva au palais accompagné des cinquante ou soixante personnes qui constituaient sa suite ordinaire.
    Lorsqu’il fut sur le pont dormant, Vitry vint à sa rencontre et lui saisit le bras droit :
    — De par le roi, je vous arrête !
    Concini roula ses yeux noirs et cria :
    —  A me ?…
    —  Oui, à vous !
    Stupéfait, il recula d’un pas, voulut saisir son épée, mais n’acheva pas son geste. Trois balles de pistolet venaient de l’atteindre en même temps : une au front, l’autre à la joue, la troisième à la gorge. Il s’écroula dans la boue et fut aussitôt piétiné par les hommes de Vitry qui n’avaient pas appris les bons usages.
    Ses amis ne cherchèrent pas à intervenir. Ils prirent la fuite, pensant qu’il était bien triste de mourir ainsi par un beau matin d’avril…

21
    L’ambassadeur d’Angleterre veut violer la reine de France
    Les Anglais sont occupés ; ils n’ont pas le temps d’être polis.
     
    Montesquieu
     
    Tandis que les gardes s’amusaient à donner de grands coups de pied dans le corps de Concini, M. d’Ornano se rendit chez le roi, s’inclina et dit d’une voix suave :
    — Sire, c’est fait !
    Louis  XIII fit alors ouvrir la fenêtre, sortit sur le balcon et, tout joyeux, cria aux assassins qui se trouvaient toujours devant le Louvre :
    — Grand merci ! Grand merci à tous ! À cette heure, je suis roi !
    Une clameur lui répondit :
    — Vive le roi !
    Au même instant, Marie de Médicis était informée de la fin tragique de son favori. Elle devint blême :
    — Qui a fait lé coup ?
    — Vitry, sur l’ordre de Sa Majesté.
    Comprenant que désormais son fils allait prendre en main les rênes du gouvernement, elle s’effondra dans un fauteuil. Pour elle, tout était fini.
    — J’ai régné sept ans, dit-elle. Jé n’attends plou qu’ouné couronne au ciel.
    Elle n’eut pas une larme pour Concini. La crainte de n’être plus en sécurité l’emportait sur tous autres sentiments. On le vit bien lorsque La Place lui demanda comment il fallait apprendre la nouvelle à Léonora. Elle eut un geste agacé.
    — J’ai bien assez à m’occuper dé moi. Si on né veut pas la loui dire, qu’on la loui chante.
    Et comme l’autre se permettait d’insister, disant que la maréchale d’Ancre allait certainement éprouver un grand chagrin, la

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