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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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fermée sur une liaison entre M me  de Sauve et elle-même ; mais la perfection est rarement de ce monde.
     
    Pour lors, la reine de Navarre menait d’ailleurs une existence beaucoup moins compliquée. Elle avait choisi parmi les hommes qui l’accompagnaient un joli garçon dont elle appréciait, aux étapes, la vigueur et le savoir-faire : c’était, disait-elle en souriant, son « petit amant de voyage »…
    Ce jeune homme était joueur de luth et se nommait Guillaume Raspault. Il faisait partie du quatuor privé de la reine, composé d’un violoniste, d’un autre luthiste et d’un joueur de musette. À Étampes, Marguerite l’avait fait appeler dans sa chambre, sous prétexte qu’elle avait envie de l’entendre interpréter un solo. Guillaume, sans méfiance, était venu, son instrument sous le bras.
    À peine entré, il avait été jeté sur le lit, déshabillé en partie et contraint de se montrer bon exécutant dans un duo qui ne comportait guère que des soupirs…
    Depuis, Marguerite retrouvait chaque soir son musicien.
    Tout le monde, bien entendu, était au courant de cette liaison, car la volcanique reine de Navarre n’avait pas l’habitude de cacher ses amours. Ce manque de pudeur fut même à l’origine d’une curieuse histoire dont les demoiselles de l’Escadron Volant et les officiers de la suite s’amusèrent fort.
    Au cours d’une halte dans la forêt de Chinon, Margot s’enfonça dans un fourré, en compagnie de Guillaume Raspault. Après avoir cheminé à travers les fougères, ils trouvèrent un petit tapis de mousse sur lequel ils s’étendirent. Quelques instants plus tard, ils se savouraient dans un grand désordre de vêtements et de champignons écrasés, quand, soudain, un bruit de branches remuées leur fit tourner la tête : entre deux arbres, un magnifique cerf, l’air hautain, les contemplait.
    Effrayé, le joueur de luth s’immobilisa et s’aplatit le plus qu’il put pour former un bouclier vivant sur le corps de la reine de Navarre.
    L’animal avança, intrigué, vint flairer le couple qui n’osait faire un geste, sortit une langue énorme, et lécha le visage de Margot. La jeune femme était sur le point de perdre les sens (ce qui eût été navrant si l’on considère les circonstances) quand un groupe de paysans fit bruyamment irruption dans la clairière. D’un bond gigantesque, le cerf disparut dans la forêt.
    Au même instant, quelques cavaliers en fringant équipage surgirent à leur tour.
    — Il était là, messeigneurs, leur expliqua l’un des paysans. Il léchait cette belle dame qui avait grand peur.
    Et il ajouta, à l’adresse de Marguerite et de Guillaume, qui restaient, bien entendu, dans la posture où le cerf les avait surpris :
    — Vous pouvez vous relever, il est parti.
    Très embarrassés, les deux amants adressèrent aux chasseurs un sourire un peu figé.
    — Merci ! bredouilla Guillaume. Merci !
    Et, nous dit le chroniqueur qui rapporte cette anecdote, « le joueur de luth et la reine de Navarre, toujours l’un sur l’autre, comme bête à deux dos, bien que Guillaume Raspault ait depuis longtemps perdu de son beau maintien, n’osaient se redresser, de peur que leur fricatelle ne soit découverte » [41] .
    Alors, brusquement, les cavaliers et les paysans, comprenant dans quelle situation critique se trouvaient Marguerite et son amant, éclatèrent d’un rire énorme, fantastique, qui attira plusieurs dames de la suite.
    En reconnaissant la reine Marguerite, ces jeunes femmes se précipitèrent :
    — Êtes-vous souffrante, Madame ?
    Les cavaliers répondirent en riant qu’il s’agissait d’un mal fort agréable et contèrent l’aventure en détail. On dut, pour les faire fuir, dévoiler l’identité de Marguerite.
    Affolés, ils partirent au galop tandis que les paysans couraient en tremblant se cacher dans les taillis…
    Les deux amants purent alors « se rajuster, prendre l’allure innocente de chercheurs de fleurettes », et rejoindre leur carrosse.
    Cette histoire, qui fut connue immédiatement de tous les « gens du voyage », fit la joie des amateurs de potins, irrita Catherine de Médicis, peina le chancelier Pibrac, qui était amoureux de Marguerite, mais n’arrêta pas la liaison de celle-ci avec le joueur de luth…
     
    Le voyage se poursuivit sans encombre, et, le 2 octobre, la reine de Navarre retrouva son mari à La Réole. Constatant que Henri montrait peu de plaisir en voyant

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