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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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Elle voulait, en ramenant M lle  Dayelle au Louvre, attirer Navarre à Paris et disloquer ainsi le camp protestant.
    La jeune Grecque fut donc chargée de s’attacher le Béarnais par tous les moyens, y compris les vices les plus singuliers. Il y eut alors à Nérac des nuits extraordinaires au cours desquelles personne ne pouvait fermer l’œil à cause des cris qui sortaient de la chambre du roi [45] …
    Au début du printemps 1579, Catherine de Médicis pensa que le moment favorable à l’accomplissement de ses desseins était arrivé : elle annonça son départ. Aussitôt, M lle  Dayelle alla, en pleurant, informer Henri de Navarre qu’elle devait suivre la reine mère.
    Le Béarnais était beaucoup plus malin que ne le pensait Catherine, il flaira un guet-apens.
    — Adieu. Je vous regretterai toute ma vie, dit-il simplement.
    La jeune fille n’avait jamais imaginé que sa mission pût se terminer mal. Elle regarda le roi avec stupéfaction.
    — Et si vous veniez avec moi ? murmura-t-elle.
    Navarre sourit, l’embrassa et la reconduisit jusqu’à la porte sans rien dire. Cette fois, il était fixé.
    En apprenant cet échec, Catherine de Médicis fut si fâchée qu’elle fit venir M lle  Dayelle dans sa chambre et lui donna une fessée. Ce châtiment peut étonner. La reine mère l’utilisait souvent à cause du plaisir qu’il lui procurait. Elle était en effet sadique et perverse. Brantôme nous dit qu’elle aimait dépouiller ses demoiselles de compagnie et les battre du plat de la main sur les fesses « avec de grandes claquades et plamussades assez rudes ». Alors, ajoute-t-il, « son contentement était de les voir remuer et faire les mouvements et torsions de leurs corps et fesses, lesquelles, selon les coups qu’elles recevaient, en montraient de bien étranges et plaisants ».
    « Aucunes fois, sans les dépouiller, les faisait trousser en robe (car pour lors elles ne portaient point de caleçons) et les claquetait et fouettait sur les fesses, selon le sujet qu’elles lui donnaient, ou pour les faire rire, ou pour pleurer ; et, sur ces visions et contemplations, y aiguisait si bien ses appétits qu’après elle les allait passer bien souvent à bon escient avec quelque galant homme bien fort et robuste [46] . »
    Ce soir-là, elle ne profita pas des heureuses dispositions où l’avait mise la fessée infligée à M lle  Dayelle, car elle fit ses malles pour quitter Nérac le lendemain, tête basse, en compagnie de son Escadron Volant, aussi piteux qu’elle.
     
    Henri oublia rapidement la belle Grecque : il prit pour maîtresse M lle  de Rebours, l’une des demoiselles de la suite de Marguerite [47]  ; mais cette liaison fut courte. Un soir, il découvrit parmi les jeunes femmes qui hantaient maintenant le château de Nérac une ravissante blonde nommée Françoise de Montmorency dont il devint l’amant.
    Un extraordinaire roman commençait…
    Cette jeune fille, que l’on appelait à la cour la belle Fosseuse, parce que son père était baron de Fosseux, avait quinze ans. Marguerite de Navarre nous dit dans ses Mémoires qu’elle était pour lors « toute enfant et toute bonne ». C’est-à-dire pucelle…
    Henri de Navarre l’avait connue alors qu’il était tenu au lit par une petite maladie. Elle avait fait, un jour, son apparition derrière la reine Margot, puis avait pris l’habitude de venir quotidiennement conter à Navarre les potins du palais. Espiègle, elle grimpait sur son lit, l’embrassait, lui tirait la barbe, tandis qu’il lui caressait les jambes.
    Quand il se sentit un peu mieux, il fit quelques pas dans la pièce en la tenant tendrement par la taille.
    Et, dès qu’il alla tout à fait bien, il retourna au lit.
    Mais avec elle…
    Marguerite, au dire de quelques historiens, n’était pas tout à fait étrangère à cette nouvelle passion du Béarnais. D’après Mezeray, elle avait instruit « les dames de sa suite à envelopper tous les braves d’auprès son mari dans leurs filets, et fait en sorte que lui-même se prît aux appas de la belle Fosseuse, qui ne pratiqua que trop bien les leçons de sa maîtresse ».
    Sachant que son mari était de nature infidèle et papillonnante, elle pensait qu’avec cette adolescente, qui « dépendait entièrement d’elle », les risques de se voir répudier étaient considérablement réduits. Elle pensait aussi pouvoir utiliser cette nouvelle liaison du roi pour justifier sa propre

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