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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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offensée, prit la décision de retourner à Paris.
    … À Paris, où elle comptait bien retrouver Champvallon.
     
    Quelques jours après cette scène, Marguerite, qui avait commencé à remplir ses malles, fit remettre son linge dans les armoires, décommanda les chevaux et adressa la parole à Navarre sur un ton presque aimable.
    Pourquoi cette volte-face ?
    Parce qu’elle avait appris que Champvallon venait de quitter Paris pour Londres, où le duc d’Anjou allait faire la cour à la reine Élisabeth. Le « frère chéri » de Marguerite espérait, en effet, se marier avec la « femme sans homme », et le séjour qu’il fit en Angleterre fut si riche en épisodes savoureux, qu’il faut, je crois, en dire deux mots.
    La reine vierge avait une réputation d’austérité bien établie, et personne ne l’avait jamais vue montrer la moindre tendresse à un homme. En toute occasion, son regard demeurait froid. Or, lorsqu’elle vit apparaître le duc d’Anjou, elle fut si troublée qu’à la stupéfaction générale elle l’embrassa d’emblée sur la bouche… Un peu éberlué, François voulut dire un mot aimable. Elle lui coupa la parole :
    — Je suis très heureuse de vous voir. Et je veux que vous acceptiez ceci en souvenir de cette journée.
    Un chambellan lui offrit une bague magnifique.
    De plus en plus confus, le prince français bredouilla quelques remerciements. Élisabeth ne le laissa pas terminer et l’entraîna d’un pas rapide vers ses appartements privés…
    Pendant trois mois, la reine d’Angleterre fut ainsi aux petits soins pour François ; et quand, en février 1582, il la quitta pour rentrer en France, elle éclata en sanglots devant tous ses ministres et lui demanda de la tenir désormais pour son épouse.
    La « femme sans homme » était-elle vraiment amoureuse ? Peut-être. Et, si le mariage projeté par Catherine de Médicis n’avait pas été finalement empêché par les événements politiques, l’histoire des relations franco-anglaises s’en fût sans doute trouvée changée…
     
    Dès qu’elle sut que Champvallon était de retour au Louvre, Marguerite reprit son arrogance à l’égard de Navarre, recommanda des chevaux et refit ses bagages.
    C’est alors qu’une lettre arriva de Paris. Catherine de Médicis, qui nourrissait toujours l’espoir de séparer Henri de Navarre de ses troupes, écrivait à sa fille : Il serait bon que votre mari vînt avec vous à Paris. Le roi votre frère y tient beaucoup. S’il vous est impossible de le décider, emmenez Fosseuse, et il suivra…
    À la fin de février, Marguerite quitta Nérac, traînant Fosseuse, ulcérée, dans un carrosse hermétiquement clos. Henri de Navarre, galamment, accompagna ces dames jusqu’à La Mothe-Saint-Heray, en Poitou, où Catherine de Médicis était venue à leur rencontre.
    Un instant, la Florentine pensa que sa machination avait réussi ; mais Navarre, un beau soir, embrassa sa femme, fit une œillade à sa maîtresse, serra la main de sa belle-mère et rentra chez lui.
    Comme bien on pense, tout le monde fut mécontent : Catherine et Marguerite d’avoir raté leur affaire, et Fosseuse d’être abandonnée avec une telle désinvolture. De ce fait, le voyage de La Mothe à Paris ne fut qu’une longue dispute entre les trois femmes, et Fosseuse dut accepter d’être tenue pour responsable de l’échec.
    Dès l’arrivée au Louvre, elle fut chassée par Marguerite.
    Navarre, qui avait ses informateurs dans la capitale (et même au palais), le sut aussitôt et écrivit une lettre sévère à sa femme, l’enjoignant de reprendre Françoise et de la traiter comme une sœur.
    Marguerite répondit avec ironie :
     
    … Quant à votre fille (Fosseuse), je vous ai mandé ce qu’à mon grand regret j’en ai ouï et en ouïs tous les jours… Vous m’écrivez, monsieur, que, pour fermer la bouche au roi, aux reines ou à ceux qui m’en parleront, que je leur dise que vous l’aimez et que je l’aime pour cela ; cette réponse serait bonne, parlant d’un de vos serviteurs ou servantes, mais de votre maîtresse ! Si j’étais née de condition indigne de l’honneur d’être votre femme, cette réponse ne me serait mauvaise ; mais, étant telle que je suis, elle me serait trop mal séante ; aussi m’empêcherai-je bien de la faire. Ce n’est aussi sans sujet que vous croyiez que je vous devais contenter, ayant souffert ce que je ne dirai pas princesse, mais

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