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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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l’assassinat. Or l’ardente sœur de Henri  III n’avait pas du tout envie de s’arrêter, à trente-cinq ans, de goûter les plaisirs terrestres. Tout en prenant du bon temps avec le marquis de Canillac, elle s’intéressait aux arts et complotait avec volupté. Son château, qui était devenu un important centre ligueur, tenait à la fois du quartier général politique et du salon littéraire. On y voyait aussi bien Saint-Vidal, chef du Velay, que Brantôme, ou Honoré d’Urfé, auteur de L’Astrée.
    Ce dernier eut d’ailleurs l’occasion de constater pendant son séjour à Usson qu’il existait sur terre des gens beaucoup moins compliqués que ses personnages. Un soir, nous dit-on, Margot, séduite par son joli maintien, l’entraîna sur un canapé et lui demanda, après s’être convenablement troussée, d’être assez complaisant pour « éteindre une ardeur qui lui venait »…
    Urfé étant la gentillesse même, tout se termina à la satisfaction générale, et l’écrivain regagna Paris, la mémoire enrichie de quelques belles images voluptueuses…
     
    Malgré le tempérament exigeant de la reine de Navarre, tous les visiteurs ne repartaient pas aussi comblés. Ceux qui n’avaient pas eu l’honneur d’être distingués par la maîtresse de céans gardaient seulement le souvenir de quelques détails curieux se rapportant au paysage. Le savant Scaliger, par exemple, nous conte qu’il fut surpris de la situation qu’occupait Margot sur ce nid d’aigle où trois villes « s’étageaient à la façon d’un bonnet de pape ». « Elle peut, écrit-il, émerveillé, pisser sur ceux des deux villes du dessous. Elle est libre ; fait ce qu’elle veut ; a des hommes tant qu’elle veut et les choisit [80] . »
    Si la première phrase ne constitue qu’une image un peu hardie, la dernière est l’expression de la plus stricte vérité. Margot avait attiré à Usson, sous le prétexte de former une chorale pour sa chapelle, de jeunes garçons parmi lesquels elle choisissait ses partenaires. L’un d’eux, fils d’un chaudronnier du pays, le jeune Claude François, qui avait d’abord tapé sur les chaudrons avant de chanter des cantiques, devint rapidement l’amant de cœur.
    Elle le fit seigneur de Pominy et bénéficiaire de Notre-Dame du Puy. La jalousie qu’elle montrait à son égard était terrible. Elle avait peur qu’il ne se laissât attirer par une femme plus jeune qu’elle et passait son temps à le surveiller. « C’est pour lui, nous dit l’auteur du Divorce satyrique , qu’elle fit faire les lits de ses Dames d’Usson, si hauts, qu’on y voyait dessous sans se courber, afin de ne s’écorcher plus comme elle soûlait [81] les épaules, ni le fessier, en s’y fourrant à quatre pieds, toute nue, pour le chercher. C’est pour lui qu’on l’a vue souvent tâtonner la tapisserie, pensant l’y trouver, et celui pour qui, bien souvent, en le cherchant de trop d’affection, elle s’est marqué le visage contre les portes et les parois [82] . »
    Elle eût été plus avisée en se méfiant d’elle-même, car, à la suite d’une nuit d’amour particulièrement agitée, le pauvre, exténué, mourut d’essoufflement…
     
    Tous ces faits étaient connus du Béarnais qui, le 1 er  janvier 1589, dans une lettre adressée à M me  de Gramont, écrivait : Je n’attends que l’heure de ouïr dire qu’on aura envoyé étrangler la feue reine de Navarre. Cela, avec la mort de sa mère, me ferait bien chanter le cantique de Siméon .
    Cinq jours plus tard, il était en partie exaucé : Catherine de Médicis trépassait à Blois. Sa joie fut si grande qu’il ne voulut point avoir le mauvais goût de se montrer exigeant avec le Ciel. Il se contenta de ce premier cadavre et offrit à ses amis un bon déjeuner pour fêter l’événement.
    Se croyant soutenu par le Seigneur, Navarre envisagea dès lors l’avenir avec confiance et ne s’étonna pas lorsque Henri  III , chassé de Paris par la Ligue, manifesta le désir de se rapprocher de lui. Le dernier dimanche d’avril, les deux beaux-frères, qui s’étaient tant molestés durant quatre ans, se rencontrèrent au Plessis-lès-Tours, « montrant chacun, nous dit L’Estoile, une incroyable joie ». Ils s’embrassèrent, les yeux pleins de larmes, au milieu du bon peuple en liesse qui hurlait curieusement :
    — Vivent les rois ! Vivent les rois !
    Henri  III fit de Navarre son lieutenant

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