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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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général, et tous deux décidèrent d’unir leurs forces et leurs conseils pour s’efforcer de venir à bout des Guisards et des Lorrains qui tenaient une grande partie du royaume.
    Cette union rendit les Ligueurs furieux et, le 7 mai, le duc de Mayenne, nommé par le Conseil de la Ligue « lieutenant général de l’État royal et couronne de France » [83] , vint attaquer le faubourg Saint-Symphorien, à Tours, avec l’espoir d’entrer dans la ville et d’y prendre le roi.
    Les troupes royales, malgré l’appui des soldats de Navarre, furent bientôt débordées et obligées de fuir en désordre, laissant de nombreux morts sur le pavé. Encouragés, les Ligueurs se jetèrent à la poursuite des fuyards, et, sans doute, leur élan les eût-il conduits jusqu’à la demeure du roi si quelques jolies Tourangelles, curieuses de savoir ce qui se passait dans la rue, n’avaient fait, fort opportunément, leur apparition à une fenêtre.
    Les premiers soldats qui les virent furent émerveillés. Jetant leur arquebuse, ils grimpèrent des escaliers, enfoncèrent des portes et, tout échauffés encore par l’ardeur du combat, violèrent les demoiselles avec entrain.
    Le mouvement fut naturellement suivi et tous les hommes de M. de Mayenne, se désintéressant des choses militaires, « abandonnèrent Mars pour Vénus ». Pénétrant dans les maisons, fouillant les chambres, bouleversant les boutiques, ils se jetaient sur toutes les femmes qu’ils rencontraient, et des scènes pittoresques se déroulèrent. Car si la plupart de ces malheureuses, terrorisées, se laissaient prendre en public, sur le pavé, contre un arbre, sur une marche, inconscientes du spectacle qu’elles offraient, d’autres, au contraire, se débattaient, hurlaient, griffaient, parvenaient à se sauver. Un groupe réussit même à se réfugier dans une église ; mais les Ligueurs, saisis par une véritable folie érotique, les y rejoignirent et les maltraitèrent sans respect pour le saint lieu.
    Tout à coup, une nouvelle se propagea de groupe en groupe, stoppant net cet accès de lubricité : le roi de Navarre arrivait avec des troupes fraîches ! Terrifiés à la pensée des représailles qu’ils allaient subir, les soldats de Mayenne abandonnèrent les Tourangelles et se replièrent précipitamment.
    Ce fut la débandade.
    Ce fait est attesté par un médecin de la cour qui, relatant pour un ami les circonstances de la retraite du duc de Mayenne, écrivait « qu’il eût pu tenir davantage s’il n’eût eu peur d’être suivi et puni pour les violences de filles et de femmes que firent ses gens dans le milieu d’une église ». L’Estoile ajoute que ces violences « furent telles et si grandes que le vicaire dudit Symphorien a, depuis, assuré y avoir vu forcer les filles et femmes réfugiées, en la présence de leurs maris et de leurs pères et mères, et que, leur en voulant remontrer quelque chose, ces gens de bien de l’Union, comme fort respectueux envers les gens d’église, l’auraient, l’épée à la gorge, menacé de lui en faire autant s’il ne se taisait ».
    Ainsi les femmes de Tours, sans le savoir, avaient-elles sauvé Henri  III et peut-être le royaume…
     
    Tout en guerroyant, Navarre continuait de courir le jupon, et M me  de Gramont, à qui il écrivait pourtant presque quotidiennement des billets enflammés, se doutait bien de son infortune [84] . On en a une curieuse preuve. Le 18 mai, il lui envoya une lettre sur laquelle elle ne put s’empêcher de noter des remarques piquantes et désabusées qui témoignent de ses soupçons et aussi d’un caractère moins désintéressé qu’on aurait pu le croire. Voici la lettre avec, en notes, les commentaires que la belle Corisande avait griffonnés dans les interlignes :
    Mon âme, je vous écris de Blois, où il y a cinq mois que l’on me condamnait hérétique et indigne de succéder à la couronne, et j’en suis à cette heure le principal pilier. Voyez les œuvres de Dieu envers ceux qui se sont toujours fiés en lui. Car y avait-il rien qui eût tant d’apparence de force qu’un arrêt des États ? Cependant j’en appelai devant Celui qui peut tout [85] , qui a revu le procès, a cassé les arrêts des hommes, m’a remis en mon droit, et crois que ce sera aux dépens de mes ennemis [86] . Ceux qui se fient en Dieu et le servent ne sont jamais confus [87] . Je me porte très bien, Dieu merci ; vous jurant avec vérité que

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