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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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en le faisant tuer quelque temps après, au moment où sa garnison tirait une salve d’honneur [107] …
    Comme le dit un historien du temps, « M lle  d’Estrées n’était pas d’un caractère commode ».
     
    Si les amoureux de la belle Gabrielle étaient navrés de voir une intrigue s’ébaucher entre le roi et leur idole, en revanche, la famille d’Estrées considérait les choses avec beaucoup de satisfaction et de nombreuses arrière-pensées… Il faut dire que cette famille avait alors bien des raisons de vouloir se rapprocher du roi.
    Avant de donner ces raisons, il me faut présenter les trois principaux personnages avec qui vivait Gabrielle : son père d’abord, Antoine d’Estrées, sa tante, Isabeau Babou de la Bourdaisière, dame de Sourdis (qui lui servait de mère depuis que M me  d’Estrées avait quitté le domicile conjugal pour vivre en Auvergne avec son jeune amant), et son oncle, François de Sourdis.
    Ces trois personnes étaient, à des titres divers, victimes de la guerre civile. Antoine d’Estrées ne se consolait pas d’avoir perdu son poste de gouverneur de La Fère en 1589 (quand la Ligue s’était emparée de la cité), M. de Sourdis, qui gouvernait naguère Chartres, se désolait d’avoir été chassé de la ville par les catholiques, et M me  de Sourdis était fort triste parce que son amant, le chancelier Hurault de Cheverny, s’était vu retirer le gouvernement du pays chartrain.
    Tous trois attendaient donc beaucoup du roi et suivaient d’un très bon œil le développement de sa passion pour Gabrielle… Ils voyaient là, en effet, un moyen inespéré de retrouver tout ce qui était perdu, et un marché fut habilement proposé par M me  de Sourdis qui laissa entendre à Henri  IV, alors au paroxysme du désir, que Gabrielle serait à lui s’il rendait La Fère à Antoine, Chartres à Sourdis et le pays chartrain à Cheverny…
    En bonne épouse et en maîtresse dévouée, elle insista naturellement pour que l’on commençât par s’occuper de Chartres.
    Henri  IV fut très embarrassé, car il avait alors l’intention de s’emparer de Rouen. « Jamais en effet, nous dit Pierre de Vaissière, les circonstances n’avaient été plus favorables à une tentative sur la capitale de la Normandie » ; le gouverneur, M. de Tavanes, était à ce moment, disait-on, en complet désaccord avec les autorités municipales et les habitants ; les fortifications étaient mal entretenues ; la ville, dénuée de vivres et de munitions. Bien mieux, les membres du Parlement de Normandie réfugiés à Caen offraient de voter « la levée d’une bonne et grosse somme de deniers pour assurer le succès de l’affaire ».
    Il y avait là une occasion à ne pas laisser échapper. Henri  IV hésita pendant quelques jours. Aller attaquer Rouen, tout de suite, c’était économiser des vies humaines et fortifier sa position entre Paris et la Manche par où venaient les secours anglais ; aller mettre le siège devant Chartres, c’était courir l’aventure, perdre des hommes, permettre à Rouen de s’armer, décevoir les conseillers normands, risquer de se faire couper la route de la Manche ; mais c’était aussi mettre Gabrielle d’Estrées dans son lit…
    Finalement, le roi se décida ; il réunit tous ses capitaines et leur annonça sans un mot de commentaire :
    — Nous allons attaquer Chartres !
    Les chefs militaires furent stupéfaits et atterrés. À tous l’entreprise semblait aberrante, extravagante et insensée. Pourtant, ils n’osèrent point élever d’objection et l’armée se mit en route.
    Dès que le siège fut organisé, trois spectateurs fort intéressés par les opérations vinrent rejoindre le roi : M. de Sourdis, son épouse et la belle Gabrielle [108] …
    Henri  IV vit arriver avec ravissement la jeune femme qui était l’enjeu de toute cette opération militaire. Il l’aida à descendre de litière et fut ébloui : elle portait une robe de velours vert qui s’harmonisait parfaitement avec ses cheveux blonds, ainsi qu’une petite toque de même étoffe. Enfin, pour affronter le froid de ce mois de février, elle avait chaussé ses pieds de mignonnes bottes de maroquin rouge.
    M me  de Sourdis était maligne, car cette adorable vision était bien faite pour exciter le roi.
     
    Tandis que la famille d’Estrées-Sourdis s’installait à l’auberge de la Croix de Fer qui servait de quartier général à Henri 

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