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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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religieux.
    Henri  IV et Gabrielle se regardèrent, consternés. Le conseil du prêtre était sage, ils ne songeaient ni l’un ni l’autre à le contester ; mais ils étaient pris soudain d’angoisse.
    — Rentrons, dit la favorite simplement.
    Le lendemain, en pleurant, elle alla prendre le coche d’eau à Melun. Le roi l’accompagnait.
    — Je suis sûre que nous ne nous verrons plus jamais, lui dit-elle.
    Henri  IV , très ému, regarda le bateau s’éloigner, puis il rentra à Fontainebleau les yeux pleins de larmes.
    À quatre heures du soir, Gabrielle débarquait quai de l’Arsenal. Des amis l’attendaient, qui la conduisirent chez un ami du roi (et son ex-amant), le financier florentin Zamet, où elle dîna. Le repas fut exquis ; pourtant un fruit qu’elle prit au dessert lui laissa un arrière-goût amer, et c’est avec « le feu au gosier » et des « tranchées à l’estomac » qu’elle monta se coucher.
    Le surlendemain, tout Paris se répétait avec stupeur que la favorite était mourante.
     
    Que s’était-il passé ?
    Gabrielle, après une nuit fort agitée, avait quitté, le mercredi matin, la maison de Zamet pour se rendre à l’église du Petit-Saint-Antoine où elle s’était confessée, car elle voulait faire ses Pâques le Jeudi saint. Le soir, elle avait assisté à l’office des Ténèbres en compagnie de la princesse de Lorraine, puis elle était rentrée se coucher chez Zamet où, brusquement, elle avait été prise de convulsions.
    Dès qu’elle s’était sentie un peu mieux, elle avait supplié son entourage de la faire porter chez sa tante.
    — Je ne veux pas rester un instant de plus chez Zamet ! s’était-elle écriée.
    On l’avait donc transportée chez M me  de Sourdis, où elle s’était plainte de violents maux de tête. Le lendemain, pourtant, elle avait tenu à se rendre à Saint-Germain-l’Auxerrois pour y communier, puis elle était rentrée se coucher en chancelant, et de nouvelles convulsions avaient tordu son corps pendant plus d’une heure.
    Depuis, elle étouffait, les yeux exorbités, le visage rendu hideux par la souffrance.
    De temps en temps, elle réclamait le roi. Elle avait eu la force de lui griffonner une lettre entre deux crises et se désolait à la pensée que Fontainebleau était à quinze lieues de Paris.
    — Quand il arrivera, je serai morte, gémissait-elle.
    Des convulsions de plus en plus terribles la secouèrent durant la nuit de jeudi à vendredi. Au matin, sa tête était tournée presque devant derrière et sa bouche, complètement tirée sur le côté gauche, « rejoignait l’épaule », ce qui n’était pas bon signe.
    Naturellement, tout Paris suivait avec curiosité les phases de cette atroce agonie. De porte en porte, les bonnes gens se transmettaient les nouvelles que colportaient les domestiques de la duchesse, et y ajoutaient le plus souvent des commentaires peu charitables. En effet, les conversations se terminaient généralement par :
    — Elle va donc enfin crever, cette putain-là !
    Ce qui ne peut être tenu pour une gentillesse…
    Au début de l’après-midi, on apprit que Gabrielle avait perdu la vue, l’ouïe « et les autres sens », et cette nouvelle plut…
    Pressentant la fin, les Parisiens se rendirent en foule au cloître Saint-Germain-l’Auxerrois avec l’espoir insensé d’entrer subrepticement dans la maison de M me  de Sourdis et d’assister à la mort de la favorite.
     
    Pendant ce temps, Henri  IV , accompagné d’une petite suite, galopait vers Paris. À Essonnes, il vit venir à sa rencontre trois cavaliers qui faisaient de grands signes. Il s’arrêta. C’étaient Ornano, Bassompierre et Pomponne de Bellièvre. Angoissé, il demanda :
    — Quelles nouvelles ?
    Bassompierre baissa les yeux et dit :
    — Sire, la duchesse est morte !
    Le roi demeura un instant comme foudroyé et ses amis durent le conduire dans une abbaye voisine où il se coucha, « la bave aux lèvres ». Après être demeuré « aussi immobile qu’un saint de pierre », il rejeta tout à coup draps et couvertures et sauta sur le plancher en criant qu’il voulait aller au chevet de la morte pour la tenir encore une fois dans ses bras. Bassompierre et Ornano l’en dissuadèrent, disant que Gabrielle était affreusement défigurée par les tourments qu’elle avait endurés et qu’il valait mieux ne pas gâcher le souvenir qu’il avait d’elle.
    Ces arguments frappèrent

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