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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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conforme à ce qu’on pense de la conduite [152] , l’opinion du cardinal [153] est que le roi arrivera finalement à ouvrir les yeux et à se résoudre à se marier pour son bien et pour le repos de son royaume.
    La cour était devenue un nid d’intrigues…
     
    Alors que les Florentins essayaient, par tous les moyens, de barrer la route du trône à Gabrielle, Henri  IV , qui souffrait d’un ennui vénérien que lui avait laissé l’abbesse de Longchamp, tomba malade à Montceaux [154] .
    Malgré les soins que lui donna la favorite bouleversée, il fut pris un soir d’une syncope qui le laissa « deux heures sans parler ni mouvoir ». Des médecins, des ministres, des gentilshommes accoururent aussitôt à son chevet en montrant un tel affolement que le peuple s’imagina que le roi était mort.
    Huit jours plus tard, il allait mieux ; mais un rapport de Paris lui apprenait qu’au bruit de son décès les ducs de Montpensier, de Joyeuse et d’Épernon s’étaient réunis dans le but de former un conseil de Régence et d’écarter du trône le fils de Gabrielle.
    Les difficultés dans lesquelles il risquait de laisser la France un jour lui apparurent alors, et il demeura perplexe.
    Est-ce dès cet instant qu’il commença à moins désirer son mariage avec Gabrielle ? C’est possible. En tout cas, sans rien changer dans son attitude à l’égard de la favorite, il entra peu de temps après en pourparlers avec la famille de Marie de Médicis…
    La duchesse de Beaufort, loin d’imaginer une telle trahison, rayonnait de bonheur depuis que son amant était guéri. Elle le cajolait, l’embrassait, le caressait, et lui demandait quand il se déciderait à annoncer officiellement leur mariage.
    — Bientôt, bientôt, disait Henri  IV , lorsque les circonstances le permettront.
    Fin décembre on baptisa Alexandre, ce qui donna lieu à des fêtes extraordinaires dont le prix s’éleva à plus de cent mille écus. Sully, en voyant sur la note « pour les frais du baptême d’Alexandre Monsieur comme Enfant de France », se permit de murmurer d’un ton bourru :
    — Il n’y a pas d’enfant de France !
    Piquée, Gabrielle alla se plaindre au roi qui, pour la première fois, prit la défense de son ministre et répondit sèchement :
    — Je vous déclare que si j’étais réduit à cette nécessité que de choisir à perdre l’un ou l’autre, je me passerais mieux de dix maîtresses comme vous que d’un serviteur comme lui !
    Après cette scène, qui se termina par un baiser de paix. Gabrielle rentra chez elle folle d’inquiétude. Voulait-il toujours l’épouser ? Serait-elle reine ?
    Rendue nerveuse par une quatrième grossesse, elle alla, dès le lendemain, consulter des devins réputés. Leurs prédictions l’anéantirent. L’un d’eux lui dit qu’elle ne se remarierait jamais, un autre qu’un enfant lui ferait perdre toute espérance, et un troisième qu’elle mourrait jeune et ne verrait pas le prochain jour de Pâques.
    Très alarmée, elle courut retrouver le roi qui la rassura en riant.
    Une fois de plus, elle le supplia de presser Rome et de l’épouser rapidement.
    Une fois de plus, Henri  IV promit.
    Enfin, poussé, harcelé, le 2 mars 1599, alors qu’il venait de demander au grand-duc de Toscane un portrait de Marie de Médicis, il annonça officiellement à la cour qu’il avait l’intention de se marier avec la duchesse de Beaufort [155] . En gage de sa promesse, il lui passa au doigt la bague qu’on lui avait donnée le jour de son sacre.
    Inondée de joie, la favorite commença aussitôt à faire exécuter sa robe de mariée.
     
    Un mois plus tard, elle était à Fontainebleau, heureuse d’être libérée de tous ses sombres pressentiments. Détendue, souriante, elle entraînait Henri  IV dans les jardins où fleurissaient les premières violettes. Ils se promenaient bras dessus, bras dessous, s’embrassaient au pied des arbres et rentraient au château en riant. Or on approchait de Pâques, et le père Benoît, confesseur du roi, qui trouvait inconvenant que les amants vécussent ensemble pendant la semaine sainte, alla un matin les retrouver dans le parc.
    — La duchesse de Beaufort ne doit pas rester ici, dit-il, car cela risquerait de causer un scandale qui vous serait, Sire, préjudiciable. Elle doit rentrer à Paris, où elle en profitera pour faire seule une retraite fervente afin d’édifier le peuple sur ses sentiments

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