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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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lui avait guère laissé de répit, l’attirant sur les lits, les coffres, les tapis, la paille des écuries, l’herbe des prés, bref dans tous les endroits propres au jeu d’amour, et même, nous dit-on, « dans les placards à vêtements »…
    À Paris, elle continua son manège et le roi, heureux d’avoir trouvé une maîtresse qui voulût bien répondre à son tempérament, se livrait à des exploits qui n’étaient pas sans inquiéter la cour.
    Car tout le Louvre était au courant des exigences de la favorite.
    — S’il continue, murmurait-on, il n’aura jamais la force d’épouser M lle  de Médicis.
    Au début de décembre, Henriette annonça au roi qu’elle attendait un enfant. Il était temps, car un historien de l’époque nous dit que le pauvre « ne pouvait plus fournir à l’appointement »…
    En apprenant qu’il allait être père, le Béarnais fut vivement contrarié, car il n’avait pas du tout l’intention d’épouser sa maîtresse. Or cette grossesse pouvait l’obliger à rompre avec la Toscane et à placer sur le trône de France une petite intrigante qui ne l’aimait pas. Se sentant coupable, il alla trouver Sully et lui demanda de faire accélérer les pourparlers avec l’oncle de Marie de Médicis.
    Cette parole fit plaisir au ministre qui détestait M lle  d’Entragues, dont il avait deviné l’ambition, et qu’il considérait « comme une franche putain et une belle garce ». Ravi de pouvoir lui être désagréable, il alla répéter à quelques intimes ce que lui avait dit le roi. Deux heures plus tard, toute la cour en était informée et souriait avec ironie en regardant Henriette.
    Celle-ci ne fut mise au courant que le lendemain. Sa colère fut terrible. Elle accourut au Louvre [162] , entra dans le cabinet du roi en claquant les portes, poussa des cris, hurla des injures et, finalement, jura d’ameuter le royaume et d’exhiber la promesse de mariage si une autre qu’elle devenait reine de France.
    Henri  IV n’aimait pas les scènes. Il écouta celle-ci avec ennui. Quand Henriette, à bout de souffle, s’arrêta de parler, il dit simplement :
    — Encore faut-il que vous ayez un garçon !
    La favorite rougit, ne trouva rien à répondre, et s’en alla très vexée.
    Le lendemain, une litière roulait sur la route d’Orléans. À l’intérieur, ruminant sa colère, se trouvait Henriette qui, toutes affaires cessantes, se rendait à Notre-Dame de Cléry pour demander à la Vierge de lui faire avoir un enfant du sexe masculin…
     
    Pendant que la favorite faisait ses oraisons au bord de la Loire, une nouvelle importante parvenait à Paris : le pape venait enfin d’annuler, par un acte daté du 15 décembre, le mariage de Henri  IV et de la reine Margot [163] . Le roi était libre…
    Aussitôt il aborda avec Baccio Giovannini, représentant du grand-duc de Toscane, la question de la dot de Marie de Médicis. Il faut dire que cette question était capitale, puisque le roi de France, en épousant la riche princesse florentine, cherchait moins à trouver l’âme sœur qu’à réaliser une bonne opération financière.
    En effet, la Toscane était depuis longtemps créancière de la France. Pour conquérir son royaume, Henri  IV avait eu souvent recours aux caisses du grand-duc Ferdinand qui s’était toujours montré d’une extrême générosité. Il lui devait 973 450 ducats et espérait bien, en faisant monter Marie de Médicis sur le trône, liquider définitivement cette dette…
    En outre, pour arranger un peu les finances du royaume qui se trouvaient alors en piteux état, le roi comptait recevoir de Toscane une grosse somme d’argent frais.
    Il demanda 1 500 000 écus d’or.
    Le grand-duc était, certes, flatté de remettre une Médicis sur le trône de France et reconnaissait qu’un tel honneur devait appeler un échange de bons procédés, mais il trouva tout de même les prétentions de Henri  IV un peu excessives et discuta.
    De longs débats commencèrent pendant lesquels le roi ne se gêna pas pour parler ouvertement de son prochain remariage.
    Lorsqu’elle revint de Cléry, Henriette trouva donc la cour en pleine effervescence. Apprenant ce qui se tramait, elle entra dans une fureur qui faillit lui faire perdre la raison et menaça, une fois de plus, le roi d’un scandale retentissant.
    Henri  IV , avec sa rouerie habituelle, lui assura que tout cela n’était qu’une affaire politique qui ne devait avoir

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