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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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destinés n’avaient même pas été aménagés.
    C’est alors que le roi commit une deuxième faute. Au lieu de chercher à faire oublier cette négligence par beaucoup de gentillesse, il organisa une rencontre d’une incroyable muflerie.
    La reine n’était pas arrivée depuis deux heures qu’il vint, en effet, lui présenter Henriette d’Entragues :
    — Cette femme a été ma maîtresse, dit-il, et veut être aujourd’hui votre humble servante.
    La favorite, il faut bien le reconnaître, ne fut pas mieux traitée, en cette occasion, que Marie de Médicis. Lorsqu’elle s’inclina, selon l’usage, pour baiser la robe de sa souveraine, le roi, trouvant probablement qu’elle ne montrait pas un respect suffisant, l’attrapa par le bras et l’obligea rudement à se mettre à genoux.
    Henriette se releva furieuse et quitta le salon, laissant Marie de Médicis un peu interdite. Tout le monde avait été gêné par cette scène, sauf Henri  IV , bien entendu, qui s’amusait beaucoup à la pensée que ces deux femmes étaient enceintes de ses œuvres. Il en parlait d’ailleurs sans cesse, précisant même avec cette belle goujaterie qui le caractérisait :
    — Il me naîtra bientôt un maître et un valet…
    Pour plus de commodité, il installa Henriette au Louvre, à quelques pas des appartements de la reine, et passa son temps à faire la navette de l’une à l’autre.
    Lorsqu’elle fut connue du menu peuple, cette absence de préjugés frappa les esprits. Il s’ensuivit quelques désordres. À l’exemple du roi, bien des gens voulurent, en effet, connaître les joies de l’adultère et un vent de folie souffla tout à coup sur Paris où les mauvais lieux, appelés clapiers, proliférèrent rapidement.
    Il y eut bientôt une telle concurrence que les tenanciers de ces établissements furent obligés de rechercher des « distractions » originales et propres à attirer l’honorable clientèle.
    L’un d’eux eut l’idée du « jeu des cerises », petit intermède qui consistait à faire venir dans la salle commune une ravissante jeune fille d’aspect affriolant et de la faire se déshabiller lentement. Lorsqu’elle était complètement nue, les clients jetaient des cerises (ou des noix, suivant la saison) sur le plancher. La demoiselle devait alors se baisser pour les ramasser et se montrer ainsi « dans des postures intéressantes ».
    Quand elle avait fini, l’atmosphère était assez tendue…
    Naturellement, les bons prêtres essayaient d’endiguer cette vague de lubricité. Mais ils se faisaient mal recevoir :
    — Allez donc faire vos sermons au roi qui a deux femmes, leur répondait-on.
    Et les bons prêtres, fort gênés, baissaient la tête…
     
    Pendant tout l’été 1601 les ventres de la reine et de la favorite s’arrondirent en même temps, pour la plus grande joie du roi.
    Malheureusement, les deux futures mamans ne partageaient pas sa belle humeur. Elles s’entre-déchiraient à belles dents et faisaient, à tour de rôle, d’interminables scènes de jalousie à Henri  IV qui s’en tirait, comme d’habitude, par des promesses ou des cadeaux. La reine, moins intelligente que la favorite, était la plus terrible. Elle poursuivait le roi dans les couloirs en hurlant des injures. Parfois, elle allait jusqu’à le battre, ce qui n’était jamais arrivé à un roi de France.
    — Malheureuse, lui dit un jour Sully qui venait d’assister à une de ces scènes navrantes, vous ignorez donc que Sa Majesté pourrait vous faire décapiter ?
    — Il n’a qu’à quitter sa poutane, glapit-elle.
    Et elle sortit en donnant des coups de pied dans les meubles.
    Fin septembre, comme elle arrivait à terme, on fit appeler une sage-femme nommée Louise Bourgeois, qui nous a laissé de savoureux souvenirs. Écoutons-la :
    « Le roi me dit :
    « — Ma mie, il faut bien faire ; c’est une chose de grande importance que vous avez à manier.
    « Je lui répondis :
    « — J’espère, Sire, que Dieu m’en fera la grâce.
    « — Je te crois, dit le roi.
    « Et, s’approchant de moi, il me dit tout plein de mots de gausserie [166] …
    « Le roi me demandait à toute heure si la reine accoucherait bientôt, et quel enfant ce serait. Pour le contenter je lui dis qu’oui. Il me demanda derechef quel enfant ce serait, je lui dis que ce serait ce que je voudrais.
    « — Eh quoi. N’est-il pas fait ?
    « Je lui dis qu’oui, qu’il était enfant, mais

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