Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
Vom Netzwerk:
air sérieux Lady Katherine, qui était également restée debout. Cependant, je dois vous avertir, Ursula, que la reine s’oppose à tout risque de scandale parmi ses femmes.
    — La reine a-t-elle déjà… ? m’enquis-je, alarmée.
    — Exprimé sa préoccupation ? Mais oui, bien qu’elle n’ait pas critiqué votre comportement. Vous n’avez rien fait de répréhensible, cependant soyez prudente à tous égards. Il n’est pas interdit d’avoir des sympathies pour le catholicisme, sans quoi la moitié du Conseil serait enfermée à la Tour ; Henry FitzAlan d’Arundel et le comte Edward de Derby, par exemple ! Néanmoins, de la Roche a été élevé en France et sans doute dans cette foi. C’est un point que vous devriez considérer avant… de prendre une décision définitive.
    Je hochai la tête. Matthew m’avait parlé de lui. Je savais qu’il était veuf et que sa jeune épouse, morte en couches, avait été française. Tous deux étaient catholiques. J’avais gardé le silence au moment où je l’avais appris.
    — Je serai prudente, répondis-je.
    — J’étais sûre que vous vous montreriez raisonnable, déclara Lady Katherine. Vous avez produit une excellente impression sur la reine, Ursula.
    Le lendemain, Élisabeth me fit mander.
     
    Sa Majesté était restée recluse toute la matinée, en compagnie de Kat Ashley. Les autres et moi-même nous étions installées au-dehors, profitant d’un temps radieux pour continuer divers travaux d’aiguille. Je confectionnais des manches en soie blanche, brodées de feuilles argent. Cela revenait moins cher que de les acheter toutes faites.
    Nous avions choisi un jardin clos, parmi nos préférés tant il était joli avec sa tonnelle de roses et ses arbres fruitiers, palissés contre les murs de briques patinées. Un if se dressait au milieu de la pelouse ; les parterres géométriques offraient une profusion de phlox et de giroflées, ponctués çà et là par les hampes des lupins et des delphiniums, pareilles à des flammes bleues. Ces parterres n’étaient pas bordés de lavande, comme dans le grand jardin de l’entrée, mais de buis, qui avait son parfum particulier, plus subtil. C’était un lieu charmant.
    Nous étions placées suivant le rang. Les dames du Conseil privé occupaient la roseraie, tandis que les dames de la salle d’audience se contentaient modestement du carré d’herbe autour de l’if. À mon grand regret, j’étais assise à côté de Lady Catherine Grey, qui avait admiré mon ouvrage, puis ajouté que coudre ces points méticuleux était fatigant. Désirais-je le nom de sa couturière ? Elle était chère, bien entendu, mais si expérimentée…
    Lady Catherine possédait un réel talent pour ces remarques fielleuses, auprès desquelles mes propres traits paraissaient bien candides. Elle me prenait souvent pour cible parce que j’étais dans la gêne et que je l’avais accusée de trop aimer les cancans ; en outre, à la partie de chasse, j’avais admis devant elle que j’étais une bâtarde. Toutefois, j’apprenais à riposter. Souriante, je répondis que j’appréciais la satisfaction du travail bien fait, après quoi j’ajoutai : « Évidemment, cela requiert de la concentration. »
    Lady Catherine brodait bien, mais se révélait incapable de se concentrer longtemps. Parfois, elle abandonnait au beau milieu un projet que Lady Jane finissait pour elle. Quelques-unes de nos compagnes nous jetèrent un coup d’œil amusé.
    On disait que Lord Hertford, frère de Lady Jane Seymour, éprouvait une tendre inclination pour Catherine et qu’elle la lui rendait. On les voyait souvent danser ensemble ; elle ne le quittait pas des yeux et supportait mal qu’il en invitât une autre. Elle était jolie, à sa façon, et eût peut-être été moins odieuse si on lui avait prodigué de l’affection ; mais ses parents, morts à présent, s’étaient plus distingués par l’ambition que par une nature aimante, et Élisabeth la détestait cordialement. Les sentiments de ceux qui l’entouraient ne semblaient dépendre que de la politique, et nul, excepté Lady Jane et son frère, ne s’intéressait à elle pour ce qu’elle était. S’il ne se laissait pas rebuter par sa maussaderie, Hertford la rendrait peut-être heureuse un jour, adoucissant ainsi son caractère.
    Car celui-ci demandait certes à être adouci. Lady Jane s’y efforçait sans succès notable. Quand un page vint adresser quelques mots

Weitere Kostenlose Bücher