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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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penser que de vieux monastères serviront de gentilhommières, une fois rénovés.
    — Une rénovation ne ferait pas de mal à celui-ci, quoiqu’il soit déjà habité, répondit John, qui observait la demeure sans enthousiasme.
    Il avait raison. Bien sûr, ce n’était pas une ruine comme Withysham la dernière fois que je l’avais vu, ses pans de murs effondrés envahis par les ronces. Néanmoins, l’ensemble offrait un aspect négligé. L’herbe poussait entre les pavés de la cour et plusieurs ardoises manquaient, sur le toit. Le lierre tapissant les murs avait depuis longtemps besoin d’être taillé.
    Deux bâtards accoururent en aboyant et des oies cacardèrent dans la cour, mais nous avions déjà mis pied à terre quand des hôtes humains apparurent, sans hâte, comme si notre arrivée ne les intéressait guère.
    Deux garçons d’écurie se montrèrent les premiers. Ils arrivèrent par un passage voûté et aidèrent John et Martin à tenir les chevaux. Puis un petit homme brun vêtu de sombre, surgi par une porte du côté des cloîtres, accueillit Thomas Blount et Arthur Robsart par leur nom et se présenta à moi – Anthony Forster, régisseur du domaine.
    — Vous êtes Mrs. Blanchard, bien entendu. Nous vous attendions. Soyez la bienvenue.
    Il ne paraissait pas réjoui outre mesure de me voir.
    — Pourquoi n’y a-t-il personne, que diantre ? Vos serviteurs dorment-ils à cette heure ?
    — Ils sont à l’église, Mr. Blount. Nous les avons autorisés à assister à un mariage. Une de nos servantes épouse un garçon d’Abingdon. Nous ne savions pas quand au juste vous arriveriez. Ah ! Mrs. Blanchard, permettez-moi de vous présenter ma belle-sœur, Mrs. Odingsell.
    Une femme digne, au regard gris et froid, avait suivi messire Forster. Thomas Blount et Arthur Robsart s’inclinèrent devant elle, et je fis la révérence. Par une autre porte sortit une grosse dame aux cheveux gris fer ramenés en frisottis sur le front, sous un bonnet de velours écarlate. Le reste de sa personne était enveloppé dans une robe volumineuse en satin magenta. Elle bâilla, comme tirée de sa sieste, et demanda la cause de ce vacarme.
    Quand Forster et Blount lui eurent expliqué en chœur la raison de ma présence, elle remarqua :
    — Ah ! oui, nous avons reçu une lettre.
    Je me demandais s’il s’agissait de Mrs. Forster lorsqu’elle m’informa qu’elle était Mrs. Owen, pensant à l’évidence m’impressionner. Il n’en fut rien, car je n’avais jamais entendu parler d’une Mrs. Owen (ni d’une Mrs. Odingsell, du reste). Dudley n’avait pas songé à m’exposer en détail l’organisation de la maison et je n’avais pas eu l’idée d’interroger mes compagnons de voyage. Cependant, le bonnet de velours et le satin rose n’évoquaient pas une gouvernante, aussi, par prudence, je lui adressai à elle aussi une révérence, qui parut rencontrer son approbation.
    Les deux femmes se retirèrent par leur porte respective, et dans une légère effervescence de sacoches de selle que l’on détache et de chevaux que l’on emmène, Dale et moi fûmes séparées des autres. Je regardai, intriguée, Blount et Arthur s’éloigner vers la porte de Forster. Ce dernier me sourit. Ses yeux, bien que malicieux, exprimaient trop la ruse pour être séduisants.
    — Ils logeront dans mon aile. En raison de sa mauvaise santé, Lady Dudley reçoit rarement. Après s’être rafraîchis et changés, ils lui rendront visite. Mais vous ferez partie de sa maison ; je vous emmène auprès d’elle, vous et votre femme de chambre.
    En nous conduisant vers une troisième entrée, il ajouta :
    — La maisonnée est organisée d’une manière particulière. Vous en a-t-on avisée ?
    — Non. Je ne sais que très peu de chose sur Cumnor.
    — Eh bien, Mrs. Odingsell et moi habitons l’aile derrière nous. À votre gauche se trouve la partie occupée par Mrs. Owen. Le reste, où nous nous rendons, est le domaine de Lady Dudley. En réalité, il y a trois foyers tout à fait distincts, bien que la cuisine soit commune. Il serait trop onéreux d’en installer une dans chaque aile. Dans l’ensemble, nous nous en accommodons très bien.
    J’en doutais. Mon enfance de quasi-servante à Faldene avait été riche d’enseignements en la matière. J’imaginais fort bien les disputes aux cuisines à qui utiliserait la broche ou la meilleure marmite, et les plats arrivant tièdes à table,

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