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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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mets particulier. Oh ! Comme elle était mal ! Cela serrait le cœur. Dieu soit loué, elle a un appétit d’oiseau. Quoi qu’on ait versé dans son assiette, elle n’en a pas absorbé assez pour que l’issue soit fatale.
    J’avais remarqué le peu d’appétit d’Amy. À cet instant, elle mangeait sa tartine du bout des lèvres, comme si même cela était trop pour elle.
    — Je suis heureuse que vous goûtiez ma nourriture, me dit-elle. Quand j’ai été malade, je ressentais aussi des douleurs dans tous mes membres. Forster affirmait que cela arrive aux gens atteints par ma maladie, mais le Dr Bayly s’en est inquiété. Les crises ont pris fin après sa querelle avec Forster, il y a quelques mois.
    J’eus soudain un peu mal au cœur. Cette histoire ne me plaisait pas du tout.
    — Mrs. Blanchard, reprit Amy d’un air grave, je vis ici, loin du monde, néanmoins ses échos me parviennent encore. La reine s’est éprise de mon mari, et lui… Eh bien, s’il était libre de l’épouser, il régnerait sur l’Angleterre. Je le connais. Il est ambitieux et fier, et il ne tient plus à moi depuis longtemps. Il m’a placée sous la coupe de ce Forster que je n’aime pas, qui contrôle cette maison et ne me donne de l’argent qu’à contrecœur. Des gens lui rendent visite, ne demandent pas à ce que je les reçoive et parlent pourtant de moi. Demandez donc à Pinto.
    — Pinto ? interrogeai-je.
    — Racontez tout à Mrs. Blanchard.
    Pinto haussa les épaules.
    — Il y a quelque temps, je suis allée dans l’aile de Forster pour chercher une servante qui travaillait là-bas alors qu’on avait besoin d’elle ici…
    — Eh oui, Pinto ! Notre vieille pomme de discorde… Mais continuez.
    Du temps où Amy était en bonne santé, elle avait dû être très douce, avec un humour espiègle.
    — En passant devant le cloître, j’entendis des voix à travers une fenêtre. Forster parlait à des visiteurs et le nom de Lady Dudley fut prononcé. Je n’en sais pas davantage, mais le ton employé m’a déplu.
    — Et moi, je n’aime pas les yeux de Forster, ajouta Amy. En dépit de ses beaux discours, ils ont une lueur inquiétante.
    — Il a feint la plus grande stupeur à l’idée qu’on ait voulu empoisonner ma maîtresse, souligna Pinto. Il n’empêche qu’elle a été malade plusieurs fois, sans raison apparente.
    — Des crampes d’estomac atroces, dit Amy. Forster peut bien prétendre que mon mal en était la cause et que je suis la proie d’idées mélancoliques, cela ne me rassure pas pour autant.
    La jeune Ursula que je revois dans ma mémoire scrute le ciel d’été et feint de se demander si le beau temps durera. La jeune Ursula, en réalité, s’est approchée de cette fenêtre pour mieux dissimuler son visage car, ce matin, quand Amy a entamé ses prières pathétiques, elle a été saisie d’une telle rage qu’elle a craint d’éclater.
    De même que je m’étais révoltée contre Dieu, qui avait permis que la vérole emportât Gerald, je lui en voulais de laisser ce mal ignoble ronger la pauvre Amy. Je rageais aussi contre Dudley, ce bellâtre qui paradait à la cour et jouait les amoureux auprès d’Élisabeth, alors que non seulement il avait une épouse, mais une épouse en pleine détresse. Et comme si cela ne suffisait pas, il l’avait abandonnée dans un véritable nid de vipères. Que l’on y complotât ou non contre sa santé, je n’avais jamais vu une maisonnée aussi incroyable de ma vie.
    Forster avait indiqué qu’il s’agissait en réalité de trois habitations, et c’était à peu près vrai. Arthur Robsart et Thomas Blount avaient apporté de l’argent et des lettres pour Amy, mais étaient traités tels les hôtes de Forster. S’ils dînaient avec elle parfois, lorsqu’elle se sentait bien, c’était en réponse à une invitation formelle, comme s’ils étaient conviés dans une demeure éloignée.
    En fait, bien qu’Arthur fût le frère d’Amy, il avait décliné une fois son invitation. Malgré son affection manifeste pour elle, il passait peu de temps à ses côtés, trouvant, j’imagine, sa compagnie démoralisante. Je pouvais le comprendre, car moi aussi j’étais oppressée par l’atmosphère de peur et de malaise qui régnait dans ses appartements. Je me réjouissais toujours de ses visites, car il nous égayait par ses plaisanteries et ses chansons, même brièvement. Bientôt il repartirait chez lui, et je lui dis

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