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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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mère ?
    J’avais peine à croire que la mère de Brockley, lui-même si digne, pût ressembler à cette vieille peu engageante.
    — Oh oui ! Elle aussi se retrouva seule après la mort de mon père, car je travaillais loin de chez nous. Elle perdit toutes ses dents, ce qui la rendit laide, et comme les enfants lui jetaient des pierres, son caractère s’aigrit. Elle commença à s’en prendre aux voisins ; elle découvrait des choses gênantes à leur sujet, puis lançait des allusions. Alors, le mot « sorcière » fut prononcé. Par chance, je lui rendis visite juste à temps pour l’emmener avant qu’on ne l’arrête. Cela va très vite. Une sorcière ? Quelle baliverne ! Cette vieille femme finira pendue si elle n’y prend garde. Enfin, j’aurai fait de mon mieux.
    À l’évidence, Roger Brockley ne ressemblait pas seulement à John par l’honnêteté, mais par sa détermination à vilipender toute attitude qu’il réprouvait.
    — Votre mère vit-elle encore ?
    — Non. Je lui avais loué une chaumière dans un autre village, mais elle s’y sentait étrangère et se laissa dépérir. Elle mourut trois mois plus tard, dans son lit. Une fin paisible. Cela aurait pu être pire.
    Lorsque nous fûmes sortis du hameau, il s’arrêta au bord de la route. Dale et moi l’imitâmes, et c’est alors qu’il remarqua :
    — Absurde !
    — Quoi donc ?
    — Ce qu’affirme cette pauvre vieille. Elle les aurait vus le samedi avant celui-ci, c’est-à-dire le 14 septembre. Alors que John Wilton a été attaqué le…
    Il calcula rapidement sur ses doigts, puis conclut :
    — Le 3. Où seraient-ils allés, entre-temps ? Quelque part dans les parages, très certainement, mais où ? Et pourquoi ?
    Dale répondit d’un air las :
    — Ils ont dû séjourner chez des gens, puisqu’ils ne sont pas allés à l’auberge.
    — Possible, admit Brockley, songeur.
    Je regardai alentour. Dans cette région très habitée, nous avions fait une brève halte dans des fermes et des chaumières au bord des routes, mais il y en avait encore une multitude, auxquelles on accédait par de petits chemins. Au loin, dans toutes les directions, des volutes de fumée montaient des cheminées.
    — Ils ont pu se réfugier n’importe où ! observai-je.
    — Mais c’étaient des personnes de qualité, persista Dale. Ils ont dû être hébergés dans un manoir, or nous n’en avons vu que deux ou trois.
    Nous étions passés devant sans nous arrêter, considérant nos trois gentilshommes comme des voyageurs pressés. L’idée ne nous avait pas effleurés de bifurquer vers les grandes demeures dont nous apercevions les pignons, très en retrait de la grand-route.
    — On n’entre pas dans une maison inconnue pour s’enquérir des hôtes qui y sont reçus, objectai-je. Ce n’est pas comme lorsqu’on interroge des aubergistes ou des forgerons au sujet de leurs clients.
    Au beau milieu du silence qui suivit, Dale poussa un soupir et, pour la seconde fois ce jour-là, tomba de sa selle.
    Brockley me tendit ses rênes et mit pied à terre. Dale se redressa, indemne mais les larmes aux yeux.
    — Je suis rompue. Je ne peux souffrir de monter à cheval jour après jour. Je me suis sentie glisser, sans parvenir à résister. Pardon, madame, c’est trop. C’est trop.
    — Dale est exténuée et, ce matin, vous vous êtes plainte de votre cheville. Nous avons dépassé un de ces grands manoirs il y a moins d’un quart de lieue. Allons y demander l’hospitalité et poursuivons notre enquête par la même occasion. Vous êtes une dame d’honneur de la reine. On conçoit que vous cherchiez refuge dans un manoir plutôt que dans une auberge. Si nous n’apprenons rien là-bas, nous passerons aux autres.
    — Debout, Dale ! ordonnai-je.
    Elle me lança un regard désespéré, mais Brockley lui tendit la main et l’aida à se relever, puis à se remettre en selle.
    — Ce n’est pas loin, l’encourageai-je. Bientôt, vous vous reposerez à votre aise.
     
    Nous dûmes retourner par le village, puis nous prîmes un chemin sur la droite. La demeure que Brockley avait entrevue était plus petite que Cumnor Place, mais se révéla bien mieux ordonnée. Au portail, la maison du gardien semblait pimpante avec son toit de chaume, et le jeune garçon qui en sortit courut nous annoncer. Nous arrivâmes devant un joli manoir mêlant la brique couleur miel au plâtre orné de colombages noirs. Des cheminées

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