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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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quand je rentrai dans la maison. Je prépare des conserves de cerises et du sirop de pomme. Nous serons dans la cuisine, et les tabourets ne manquent pas pour s’asseoir si votre cheville vous tourmente.
    Je répondis, en toute sincérité, que ma cheville allait mieux mais guérirait plus vite si j’évitais encore un peu de m’appuyer dessus ; néanmoins, je serais ravie de travailler à la cuisine avec elle tout en bavardant.
    — Nous allons bien nous amuser, assura Kate.
    Elle avait raison. La cuisine ensoleillée avait un plafond de pierre voûté et un foyer généreux. La cuisinière, le jeune marmiton et les deux servantes paraissaient accoutumés à voir la maîtresse de maison parmi eux. Ils s’entendaient bien, chacun aidant les autres. Tandis que Kate faisait bouillir des cerises, des tranches de pommes et du sucre dans du vin rouge, de mon côté, perchée sur un tabouret, je remuais une longue cuiller dans une marmite chauffée à petit feu. Quand les pommes gonflaient, il fallait à nouveau laisser frémir, avec du sucre, jusqu’à ce que le mélange épaissît. Alors, il était temps de verser le sirop dans des cruches, à la cuiller.
    Avec Gerald, j’avais surtout logé en ville, à Londres ou à Anvers, et nous ne cultivions rien. J’aidais assez souvent aux cuisines à Faldene, mais on ne m’avait jamais initiée à la conservation des fruits.
    — Voilà qui est tout nouveau pour moi, confiai-je à Kate.
    Je remuai, versai, puis pelai des pommes destinées à une autre marmite, et à mesure que s’écoulait cette paisible matinée d’activités domestiques, je me convainquis que cette maison était aussi innocente et heureuse qu’elle le semblait. En croyant remarquer une hésitation suspecte, la veille, j’avais dû être victime d’une fausse impression. J’étais contente que ma quête me conduise ici. J’en avais grand besoin. À travailler aux côtés de ces femmes normales et agréables, à respirer l’odeur lourde et sucrée des fruits qui mijotaient, je trouvai une sérénité inattendue, un sentiment d’apaisement. Je me rendis compte que les peurs et les tourments de ces toutes dernières semaines m’avaient brisée.
    Je n’avais pas progressé dans mes recherches, mais, en définitive, cela n’importait pas autant que je l’avais pensé. Brockley avait raison : ce n’était pas l’affaire d’une dame. Les dames confectionnaient du sirop de pomme ou s’occupaient de leurs enfants…
    Ou encore, elles servaient la reine Élisabeth en dansant devant elle et en se promenant à ses côtés. Et, avec un peu de chance, elles étaient courtisées par des hommes comme Matthew. Où était-il à présent ? Pensait-il à moi ? Dans cette cuisine spacieuse, le soleil d’automne pénétrant à flots par la croisée, ma quête commençait à m’échapper sans que j’en éprouve de regret.
    Le lendemain matin, Dale déclara avec vaillance qu’elle supporterait de remonter en selle et, après maintes expressions de gratitude, nous nous mîmes en route tous les trois. Nous suivîmes le chemin vers la grand-route puis, par un accord tacite, nous nous arrêtâmes. Sous le regard interrogateur de Dale et de Brockley, je réfléchis à ce que j’allais dire. J’avais décidé pendant la nuit d’abandonner les recherches pour prendre sans plus tarder la direction du Sussex. Toutefois, il m’incombait d’exposer ce que j’avais – ou plutôt n’avais pas – découvert.
    — J’ai demandé si des voyageurs étaient restés chez eux, ces derniers temps, et dame Westley m’a dit qu’ils n’avaient reçu personne depuis des semaines. Rien n’indique que ceux que nous cherchons aient été ici.
    — Oh que si ! répliqua Brockley.
    Il répondit à mon regard interloqué par un sourire frôlant la suffisance.
    — Comment le savez-vous ? Allons, Brockley. Nous sommes tout ouïe !
    Il me considéra d’un air pensif.
    — Jusqu’à maintenant, madame, votre certitude que Mr. Wilton avait été assassiné par ces trois gentilshommes aux allures respectables me laissait sceptique. Dorénavant je ne le suis plus. Ils sont venus dans ce manoir, pourtant il semble que les Westley évitent d’en faire mention et, d’après moi, tout n’est pas aussi normal qu’il y paraît. Je vous dois des excuses.
    — Aucune importance ! m’écriai-je.
    Mon intérêt pour la chasse s’était ranimé en un clin d’œil. J’étais tel un vieux lévrier au son du

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