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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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ornementales s’élevaient du toit en ardoise et, au-delà d’un mur sur la droite, j’aperçus un jardin d’une grande beauté, composé de parterres dont les entrelacs formaient des étoiles et des croissants de lune. Deux palefreniers attendaient déjà devant la porte d’entrée pour montrer à Brockley le chemin des écuries, et une dame était venue nous accueillir sur le perron.
    Elle pouvait avoir une trentaine d’années. Elle portait une robe rouge foncé sans vertugadin, avec, par-dessus, un tablier taché de jus de fruit, mais son bonnet et sa petite collerette étaient d’une blancheur immaculée. Elle avait les traits sereins d’une femme heureuse en mariage et ne manquant de rien. Elle nous sourit.
    — Je m’appelle Kate Westley, et vous êtes à Springwood House, la propriété ancestrale de mon mari, Edward Westley. J’apprends que vous êtes des voyageurs en détresse. Je vous en prie, entrez.
    Tandis que Dale et moi descendions de nos montures, j’expliquai nerveusement :
    — Nous sommes en route pour le Sussex, mais je me suis tordu la cheville et ma femme de chambre est souffrante. Nous aurions besoin de nous reposer, si ce n’est pas abuser de votre bonté. Je suis dame Ursula Blanchard, veuve de mon état et dame d’honneur de la reine, à présent en congé.
    Notre identité était ainsi établie, non que Kate Westley parût beaucoup s’en soucier. Elle avait remarqué la pâleur de Dale au premier coup d’œil et nous guidait déjà à l’intérieur. J’avançais en boitant, ce qui n’était pas difficile car ma douleur était réelle.
    Je pénétrai dans un large vestibule lambrissé, très clair, où le parquet reluisait de propreté. Les portes, à l’extrémité, étaient grandes ouvertes. Celle de gauche donnait sur un salon et celle de droite sur une salle à manger, où je vis une longue table, un buffet, des joncs frais sur le sol. Je reconnus l’odeur à la fois forte et douce de la cire d’abeille, à peine mêlée d’une senteur exotique indéfinissable, une herbe aromatique rare, peut-être. La reine eût aimé cette maison. Élisabeth détestait les odeurs désagréables, or il était clair qu’ici on s’efforçait de ne pas offenser les narines.
    Quelques instants plus tard, Dale et moi étions assises dans un salon spacieux et une servante allait nous chercher du vin épicé. Dale fut invitée à desserrer son corset et dame Westley examina ma cheville. Je constatai, soulagée, qu’elle était enflée.
    — Je vais chercher une compresse froide. Mon Dieu ! Avez-vous vraiment voyagé dans cet état ? Ah, Madge apporte le vin. Prenez-en toutes les deux. C’est une recette de ma composition, qui contient de la teinture de marjolaine et de camomille – je les cultive moi-même. Elle apaise et désaltère, tout en étant savoureuse.
    Kate Westley avait un charmant sourire. Il était difficile d’imaginer que cette maison harmonieuse eût donné asile à des criminels.
    — Je suis désolée de m’imposer, m’excusai-je en sirotant le breuvage, en effet délicieux. Nous vous sommes reconnaissantes au plus haut point.
    — Oh, je vous en prie ! Nous nous réjouissons toujours d’offrir l’hospitalité.
    Madge avait apporté une cuvette d’eau froide, des linges et des serviettes. Kate, assise au bout de la banquette, déploya une serviette sur ses genoux, au-dessus du tablier, puis elle prit mon pied entre ses mains et le lava.
    — J’ose croire que vous resterez cette nuit, et plus longtemps si nécessaire.
    — Je vous sais gré de votre gentillesse, dame Westley.
    Dale dégustait son vin, les yeux fermés. Un jour de repos lui ferait grand bien. Dans toute demeure, on était censé offrir l’hospitalité aux voyageurs, mais à Faldene l’accueil était plus poli que chaleureux. Tante Tabitha avait beaucoup à apprendre de Kate Westley.
    — J’espère que nous ne vous causons pas le moindre dérangement. Si vous avez d’autres invités…
    — Nous n’en avons pas, et mon mari serait horrifié si je ne m’occupais pas de vous comme il convient. Il rentrera bientôt ; il fait le tour de ses champs. Je l’accompagne souvent, mais aujourd’hui je prépare des confitures. Nous avons eu de beaux fruits, cette année. Il faudra que vous goûtiez nos pommes et nos cerises ! Elles sont réputées dans la région.
    Je répondis en riant :
    — Les gens ne trouvent-ils pas prétexte pour séjourner chez vous à cette époque de

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