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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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d’agir.
    Elle me considéra de ses yeux froids, incarnation de la vertu, et j’eus envie de rentrer sous terre au souvenir d’autres passes d’armes trop souvent perdues. Je n’étais même pas certaine d’être en sécurité auprès d’elle, encore aujourd’hui. Je me trouvais dans sa maison et Brockley ne pouvait m’entendre. Si elle appelait deux serviteurs robustes et leur ordonnait de me tenir pendant qu’elle me « ramenait à la raison » à l’aide d’un fouet, comme si souvent dans mon enfance, je ne pourrais l’en empêcher.
    Aussi, je tins ma langue, méprisant ma propre faiblesse. J’avais perdu l’avantage et je n’imaginais plus aucun moyen de sauver Meg. Dans la cour, un cheval hennit, un homme poussa un juron et je regardai par la fenêtre juste à temps pour voir un palefrenier se frictionner la cuisse pendant que le pie-fauve roulait des yeux, les oreilles aplaties en arrière.
    Le pie-fauve.
    Alors, la petite voix froide, dont je n’avais jamais soupçonné l’existence avant ma fuite de la foire d’Abingdon, me parla à nouveau. Je serais bien avisée, me disait-elle, de ne pas me quereller avec Tante Tabitha, et ce, pas uniquement à cause de la crainte qu’elle m’inspirait.
    Il te reste des choses à découvrir. Les mots tombèrent dans mon esprit telles des gouttes de pluie glacées. J’avais suivi William Johnson et ses amis de porte en porte à travers le sud de l’Angleterre, et j’avais mon idée quant à leurs intentions. Tu cherches une confirmation. La réponse t’attend peut-être ici. Tu connais la manière de t’en assurer, mais tu devras passer la nuit à Faldene. Ne provoque pas ta tante. Pas maintenant.
    Que devenait Meg ?
    Une nuit. Une seule, avec de la chance.
    Très calme, je déclarai :
    — Je veux seulement voir mon enfant et m’assurer par moi-même qu’elle va bien.
    Tante Tabitha se leva.
    — Que d’impatience ! Fort bien. Je vais te conduire à elle.
     
    — Oh, Meg ! Ma précieuse, ma petite Meg chérie ! Tu as tellement grandi !
    J’avais manqué ces étapes-là. Je ne connaissais pas ma fille comme je l’aurais dû. Depuis des mois, je ne l’avais pas tenue dans mes bras. Je la serrai contre moi.
    En me revoyant tout d’abord, elle s’était montrée guindée et timide. Elle avait posé son ouvrage pour me faire une grave révérence, hésitant à courir dans mes bras grands ouverts. Mais à présent, je la tenais contre mon cœur. Tante Tabitha, agissant avec considération pour une fois, nous avait laissées seules, cependant je savais qu’elle n’était pas loin.
    — Je suis tellement contente de te retrouver, ma chérie ! Est-on bien gentil avec toi ?
    Je l’écartai un peu afin de la regarder. Elle était proprette et mignonne dans sa robe, mais son petit visage était trop sérieux. Elle ressemblait à Gerald. Les mêmes cheveux foncés, plus épais que les miens. À travers elle, je le revoyais. Mais ces joues roses et ces yeux marron étaient faits pour le rire, non pour cette étrange gravité. Elle fit à nouveau la révérence.
    — Vraiment, tout le monde est très bon pour moi, mère. Tante Tabitha dit que je dois être reconnaissante d’être ici.
    — Je la reconnais bien là.
    J’avais pris Meg dans mes bras sans qu’elle tressaille, mais il y avait une chose dont je voulais m’assurer.
    — Tu es ravissante, la complimentai-je. Mais j’espère que ta chemise est aussi propre que ta robe ! Laisse-moi voir.
    Un moment plus tard, la pressant contre moi, je murmurai une prière silencieuse de soulagement. En deux semaines, ma petite fille avait été grondée et semoncée au point d’en perdre sa spontanéité, et, à la tristesse de son regard, je savais qu’elle avait pleuré. Néanmoins, elle n’avait pas été battue.
    Elle ne passerait ici qu’une seule nuit de plus. Ce soir-là, je devais rester afin de satisfaire la petite voix froide, et par conséquent Meg resterait aussi, mais le lendemain je trouverais le moyen de m’enfuir avec elle.
    Quant à ce moyen, je n’en étais pas sûre. Je poursuivais de dangereux meurtriers et, si je ne me trompais pas, mieux valait ne pas avoir usé d’une menace de dénonciation. J’avais déjà montré un trop vif intérêt pour le cheval pie. Je devais prendre garde. Ma peur de Tante Tabitha m’avait peut-être évité de commettre un sérieux faux pas.
    Quoi qu’il en fût, nous nous échapperions. Je ne ramènerais pas Meg à la

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