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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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position y était obligé, toutefois mon oncle, qui donnait à Noël ses vieux vêtements aux domestiques, ne faisait preuve de largesse en aucune circonstance. Les sommes versées étaient dérisoires.
    Cinq livres pour secourir les pauvres de la paroisse de Faldene – don annuel auquel il s’astreignait parce que son père l’avait instauré, et que rompre avec cette pratique eût fait mauvais effet. Cinq shillings – mon cher oncle, quel avaricieux vous êtes ! – pour vêtir les pauvresses de Londres. Une livre à un hospice de Chichester ; dix livres pour les orphelins et les veuves du comté du Sussex. Au milieu de ces modestes oboles, les deux cents marks brillaient de mille feux.
    Je revins à l’écriture en question, et me sentis prise de frissons. La famille était la famille, pour odieuse qu’elle fût, et même si je détestais mon oncle et ma tante, je ne voulais pas leur nuire. Encore moins aux Westley et aux Mason.
    Cependant, il ne s’agissait plus seulement de John. La chose prenait une autre ampleur, à présent. Si cela signifiait ce que je soupçonnais…
    Pendant quelques instants, soupesant les différentes implications de ma découverte, j’avais cessé de tendre l’oreille. J’avais aussi oublié le talent d’Oncle Herbert pour fondre sans bruit sur ses victimes. Je me rendis compte qu’on entrait quand le courant d’air à la porte fit vaciller la flamme de ma chandelle. Je me levai d’un bond et me retournai.
    Sur le seuil se tenait Oncle Herbert, la respiration un peu sifflante comme s’il avait traversé le hall trop vite, une robe de chambre bordée de fourrure sur sa chemise de nuit, sa paume épaisse masquant sa chandelle.
    — Qu’est-ce que tout cela signifie, Ursula ? De la fenêtre de ma chambre, j’ai vu une lumière se déplacer dans le hall. Pourquoi es-tu debout à cette heure de la nuit ? Que fais-tu dans mon bureau, et que diantre cherches-tu dans mes comptes ?
    Tremblante, je répliquai de mon mieux :
    — Vous vous êtes chargé de Meg contre mon gré, Oncle Herbert. Je… Je regardais si vous mentionniez une somme mise de côté pour elle ou déjà dépensée à son profit.
    Quel pitoyable mensonge ! Je tâchai d’insuffler un peu de vigueur dans ma voix. J’étais une mère défendant la chair de sa chair.
    — Très franchement, mon oncle, je ne veux pas vous la confier. Je vous rappelle que vous n’avez aucun droit sur elle et…
    J’étais non seulement effrayée, mais lasse, et je multipliais les erreurs. Je n’avais pas guetté ses pas et je n’avais pas eu la présence d’esprit de fermer le registre. Il s’approcha de la table et regarda l’endroit ouvert.
    — Pourquoi examinais-tu cette page-ci en particulier ?
    — Je feuilletais tout le livre.
    L’article concernant les deux cents marks paraissait écrit en lettres de feu.
    — Si tu souhaitais savoir ce que nous dépensons pour Meg, tu aurais pu nous le demander. Tu n’avais pas besoin de rôder dans la maison en pleine nuit, comme une maraudeuse. Mon palefrenier m’a dit qu’à ton arrivée, tu avais montré un intérêt singulier pour le cheval de William Johnson. Pourquoi donc ?
    Je réussis à ne pas sursauter. Mon oncle, dont la silhouette massive était soulignée par son ombre, sur le mur derrière lui, semblait terriblement menaçant.
    Je songeai à John, alors, et je fus soudain submergée par une fureur telle qu’elle prit le pas sur la prudence. Je jetai la vérité au visage de mon oncle :
    — Je m’intéressais à ce cheval parce que j’ai suivi la trace de son maître et de ses amis. Ils ont parcouru une longue route, s’arrêtant dans des demeures aisées, de confession catholique. J’ignore pourquoi personne ne veut parler de leur dessein ni même admettre leur présence, mais je présume qu’ils collectaient des fonds pour la cause papiste. Dites-moi, Oncle Herbert, ces deux cents marks que vous avez si généreusement offerts le 3 septembre, à quoi étaient-ils destinés ? Ne serait-ce pas votre contribution à un éventuel soulèvement religieux, par hasard ?
    Ses sourcils épais se rapprochèrent, formant une barrière qui assombrit son visage charnu.
    — Et si c’était le cas, penses-tu qu’on te permettrait d’y faire obstacle ?
    — Non, répliquai-je avec témérité, et j’ai le sentiment qu’on ne l’a pas permis non plus à un autre, tout récemment. Johnson et ses amis ont assassiné mon serviteur, John Wilton,

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