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Dans l'ombre des Lumières

Titel: Dans l'ombre des Lumières Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Dingli
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d’un mourant.
    Il s’endormit. Lorsqu’il s’éveilla, elle était tournée vers lui et le regardait amoureusement. Il était comblé. Il l’embrassa et ils firent encore l’amour.
     
    Ils se rencontrèrent ainsi pendant deux semaines, comme deux affamés qui s’entredévorent sans jamais atteindre la satiété. L’essentiel de leur relation était physique. Ils parlaient peu et se contentaient de se déshabiller pour se donner du plaisir. Malgré son âge, Juliette était une amante extraordinaire. Antoine se rendit compte très vite qu’elle avait dû connaître beaucoup d’hommes avant lui. Il la questionna, mais elle restait dans le vague.
    Et puis, un jour de novembre, alors qu’ils étaient couchés dans la petite chambre de la rue Mauconseil, ils entendirent frapper à la porte. Antoine s’enveloppa rapidement d’une chemise et d’une culotte de ratine, persuadé qu’il s’agissait de Manon. Il entrebâilla la porte, prêt à éconduire gentiment la servante, lorsqu’il découvrit, face à lui, Mme d’Anville.
     
    Cela faisait déjà quelques semaines qu’il ne lui avait pas rendu visite. Il n’osait pas ouvrir plus largement, d’autant qu’Éléonore cherchait à voir ce qui se passait à l’intérieur de la chambre.
    — Me laisserez-vous dehors, Antoine, demanda-t-elle ?
    — Pardonnez-moi, je ne suis pas seul…
    Il ouvrit davantage afin de trouver l’équilibre entre l’impolitesse et le respect de son intimité. Éléonore plongea les yeux dans la pièce et vit la silhouette de Juliette emmitouflée.
    — C’est moi qui m’excuse de vous déranger, Antoine, puisque vous êtes en si galante compagnie.
    Elle partit sans lui laisser le temps de réagir.
     
    Antoine se sentait mal à l’aise, comme si ce n’était pas Amélie, mais Éléonore qu’il trahissait. Le fait de transformer la chambre des d’Anville en garçonnière pouvait paraître inconvenant, mais il était jeune. Et puis, un autre motif expliquait sans doute le départ précipité d’Éléonore. Il pensait devoir lui rendre des comptes comme il l’eût fait à sa propre mère.
    — Où vas-tu ? lui demanda Juliette.
    — Je vais m’excuser auprès de ma logeuse, je ne veux pas lui manquer de respect.
    — De respect ? Mais tu es un homme ou un petit garçon ?
    — Tais-toi, cette femme est importante pour moi.
    La jeune Marquet se renfrogna.
    — Elle m’a vue ?
    — Je n’en sais rien.
    — Je suis sûre qu’elle a eu le temps de me voir avant que je me cache sous les draps.
    — Et alors ? glapit le Toulousain en continuant de s’habiller.
    — Et alors, rien…
    Elle réfléchit quelques instants.
    — Oh et puis, je préfère partir moi aussi, je ne vais pas passer mon temps à attendre un petit garçon qui s’excuse.
    À ces mots, Antoine devint fou de rage et serra violemment le bras de Juliette.
    — Ne répète jamais ça, tu m’entends ?
    — Lâche-moi ! Antoine, tu me fais mal. Qu’est-ce qui te prend ?
    Il la lâcha.
    — Excuse-moi… un souvenir douloureux.
    Elle baissa la tête, puis s’habilla à son tour. Ils sortirent.
    — Tu préfères aller la voir ? Tu en es sûr ?
    Antoine s’était apaisé.
    — Oui, mais, je ne veux pas que nous restions fâchés. Allez ma petite chatte, promets-le moi.
    Elle accepta ; elle paraissait pourtant accablée, mais Loisel ne le vit pas. Ils s’embrassèrent avant de se quitter.
     
    Il se précipita chez les d’Anville. Éléonore lui ouvrit et le fit entrer dans le salon.
    — Je ne vous demande rien, Antoine, déclara-t-elle en guise d’introduction.
    — Je tiens pourtant à vous parler. Je ne veux pas que vous croyiez que je reçois n’importe qui chez moi, ou plutôt, chez vous. Je suis très attaché à Juliette.
    Mme d’Anville parut catastrophée.
    — Savez-vous qui est cette fille, Antoine ?
    — Elle est couturière et habite près de Saint-Jacques.
    — Vous en êtes sûr ?
    — Évidemment, quelle étrange question…
    Éléonore était de plus en plus embarrassée.
    — C’est que…
    — Qu’y a-t-il ?
    — Je ne voudrais pas me montrer indiscrète ni brutale, mais cette jeune femme est…
    — Quoi ?
    — Une prostituée.
    Loisel resta paralysé sur son siège.
    — Qu’est-ce que vous dites ? Vous plaisantez ?
    — Je n’ai aucune envie de plaisanter. Je vous assure que cette Juliette est une fille publique. Je l’ai souvent vue se promener dans le quartier et partir

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