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Dans l'ombre des Lumières

Titel: Dans l'ombre des Lumières Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Dingli
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avait désormais l’espoir de reconquérir Mlle de Morlanges.

IX
    Lorsqu’il ouvrit la porte de sa chambre pour aller aux Tuileries, le Toulousain trouva Gaspard immobile devant lui. Le gazetier n’avait même pas frappé. Était-il là depuis longtemps ? Sans doute une coïncidence. Son expression était lugubre.
    — J’allais vous chercher dans Paris, dit Antoine fébrilement. Quelles sont les nouvelles ?
    — Mauvaises, je le crains, répondit Virlojeux en ôtant son chapeau.
    — Comment ça ? Vous m’arrachez le cœur, parlez, s’il vous plaît !
    — Amélie part dans trois jours pour le Bas-Poitou. Elle ne reviendra pas.
    Antoine resta pétrifié.
    — Je ne comprends pas.
    — Il n’y a rien à comprendre, mon cher. Je vous assure que j’ai tout essayé pour convaincre Gabrielle, et vous savez l’influence que j’ai sur elle d’ordinaire. Elle n’a rien voulu entendre. Vous avez trop chatouillé sa vanité. Avec ces femmes-là, c’est un sujet sur lequel il n’y a point de quartier.
    — Laissez-moi au moins un espoir.
    — Cela ne dépend plus de moi, malheureusement.
    — Et Amélie, l’avez-vous vue, qu’a-t-elle dit ?
    — Elle regrette bien entendu, mais elle doit obéir à sa famille, comme vous l’imaginez.
    — Alors, tout est perdu.
    — Je le crains… À moins que…
    — Oui ? fit Antoine en sursautant.
    — À moins que je fasse comprendre à Gabrielle qu’elle perdrait mon amitié en condamnant définitivement votre cause.
    — Gaspard, vous feriez cela pour moi ? Je ne sais comment vous témoigner…
    Il eut une nouvelle quinte de toux.
    — Vous êtes surtout très malade. Soignez-vous donc. Cela me paraît urgent. Pour le reste, ne vous inquiétez pas.
    — Pensez-vous que cette menace suffira à lui faire changer d’avis ?
    — Je l’espère… Et maintenant, je dois vous laisser, le devoir m’appelle ; et soignez-vous, je vous trouve bien malade.
    Il le salua et partit. Antoine resta seul dans sa chambre. Cette fois, ses forces l’abandonnèrent. Il se leva de son lit pour écrire une lettre à Amélie, sans se faire d’illusions, car toutes les précédentes lui étaient revenues cachetées. Mais, dès qu’il se leva, il eut un violent vertige. Il s’évanouit et s’écroula sur le sol.
     
    Il entendit une voix féminine l’appeler. Il peinait à distinguer les mots qui résonnaient dans sa tête.
    — Antoine, réveillez-vous, je vous en prie.
    Il reconnut le visage de Mme d’Anville. Elle était penchée sur lui. Il sentit qu’il avait une forte fièvre. La migraine pesait sur son nerf optique à la manière d’une enclume. La douleur lui fit plisser les yeux. Il vit un inconnu aux côtés d’Éléonore.
    — Le docteur Couder est là pour s’occuper de vous. Ne vous inquiétez pas, mon enfant, tout ira bien.
    — Que s’est-il passé ? marmonna Antoine.
    — Manon vous a trouvé par terre ; je l’avais envoyée prendre de vos nouvelles ; vous avez dû vous heurter la tête en tombant.
    Il se toucha le visage et sentit une plaie douloureuse sur la tempe.
    — N’y touchez pas, commanda Éléonore.
    — Quel jour sommes-nous ?
    — Jeudi.
    — J’ai donc dormi près de vingt-quatre heures.
    — Oui, intervint le docteur. Mme d’Anville vous a veillé toute la nuit.
    Antoine serra davantage la main d’Éléonore.
    Le médecin s’isola avec elle. Il les entendit chuchoter. Puis Couder s’en alla et Mme d’Anville revint s’asseoir au bord du lit.
    — Est-ce grave ? Dites-moi la vérité.
    Elle était blême.
    — C’est donc grave, puisque vous ne dites rien.
    — Vos poumons sont touchés, Antoine, mais le docteur m’assure que vous vous remettrez si vous prenez immédiatement soin de votre santé. Je ne veux pas vous perdre. Ne me faites pas revivre le drame que j’ai vécu.
    — M’aimez-vous donc pour moi-même ou seulement parce que je vous rappelle votre fils ?
    — Taisez-vous ! Je vous aime pour vous-même, évidemment. Et vous ? M’aimeriez-vous, si vous aviez encore votre mère ? Vous ne pouvez pas le savoir. Vous voyez, toutes ces questions sont finalement oiseuses. Les causes de nos affections nous échappent et il est souvent vain de vouloir à tout prix les trouver.
    — Vous avez peut-être raison, concéda le Toulousain d’une voix mourante.
    L’expression d’Éléonore changea subitement. Elle paraissait animée d’une grande détermination.
    — J’ai réfléchi

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