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Dans l'ombre des Lumières

Titel: Dans l'ombre des Lumières Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurent Dingli
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soudain une idée. Et si Virlojeux, alias Mercœur, avait volontairement choisi la voie la plus périlleuse afin de déjouer toutes les recherches ? Pourquoi n’aurait-il pas débarqué en plein jour, dans la cohue du port de Marseille ? C’était bien ce que lui, Daubier, aurait fait si son plan avait été découvert. Organiser une conspiration représentait un travail de longue haleine. S’il renonçait, Virlojeux mettrait sans doute des mois ou plutôt des années, à établir un nouveau réseau. La situation politique pouvait changer à tout moment, les relais se dérober ou être découverts. Mais Daubier doutait encore. Tout de même, le port de Marseille, et en plein jour !... Le policier persévéra toutefois dans son intuition ; il soupçonnait Virlojeux d’avoir l’esprit d’un joueur ; cet individu à l’intelligence perverse aimait certainement se frotter à de grands défis. Bah ! Après tout, songea le commissaire, que risquait-il à galoper jusqu’à Marseille avec les meilleurs de ses hommes ? C’était cela ou il ne retrouverait jamais le gredin.
    Il donna aussitôt ses ordres, abandonna sa voiture, bien trop lente, et sauta à cheval avec une dizaine d’agents d’élite.
     
    Ils n’arrivèrent à Marseille qu’en début d’après-midi. Daubier posta ses subordonnés à des endroits stratégiques, donna quelques consignes aux barrières et se rendit lui-même au port de Marseille avec deux de ses plus proches collaborateurs, Neyrolles et Chantrin. Ils se renseignèrent discrètement sur tous les navires qui avaient débarqué depuis trois jours, puis allèrent arpenter les quais. Au milieu de cette foule de voyageurs, de pêcheurs et de débardeurs, il semblait pourtant impossible de repérer le visage d’un inconnu, qui excellait d’ailleurs dans l’art du déguisement.
    Ils tournèrent ainsi jusqu’au soir sans rien trouver ; ils firent ensuite le tour des cabarets à la recherche de renseignements et poussèrent jusqu’aux environs, fouillant les voitures, les relais de poste et les auberges. Mais tout fut vain. Aucune trace de Mercœur.
    Cet échec confirma Daubier dans ses craintes. Le prétendu vicomte avait découvert l’espion de la police qui infiltrait son groupe. Daubier doutait de l’hypothèse d’une fuite venue de France. Il avait en outre confiance dans ses propres services, malgré les insinuations d’Antoine. Fouché avait été écarté du ministère par Talleyrand pendant plusieurs années. De toute manière, le sénateur du Nord, qui venait de retrouver son poste à la tête de la police, était un homme bien trop puissant pour craindre les révélations d’un petit imposteur comme Virlojeux. Depuis qu’il avait donné la chasse à ses amis jacobins et prêté allégeance au Premier consul, on avait tout pardonné à Fouché, même les fusillades de Lyon, alors ce n’étaient pas quelques conjectures sur les biens nationaux qui pourraient desceller une telle statue de son socle. Non, décidément, Daubier ne croyait pas à cette hypothèse. Il avait en outre entouré son coup de filet du plus grand secret. Il s’était même gardé d’en informer les préfets du Var et des Bouches-du-Rhône. Seuls ses plus proches collaborateurs, comme Neyrolles et Chantrin, étaient au courant des détails. Ceux-là, il le savait, resteraient muets comme des tombes.
    Après deux jours de recherches infructueuses, Daubier dut se résoudre à abandonner, la mort dans l’âme. Il savait qu’il devrait affronter le désespoir de Loisel. Mais que faire ? Il avait tout tenté.
     
    Avant de reprendre la route de Paris, il réquisitionna un fiacre et se dirigea de nouveau vers Toulon où il avait laissé le reste de sa brigade ainsi que son équipage. Il était inutile désormais de se presser ; il prit donc le temps de faire une petite halte à Aubagne, où Neyrolles, qui était originaire de Roquevaire, lui avait conseillé une auberge. Les trois hommes en profiteraient pour se reposer quelques heures, car depuis près d’une semaine, ils avaient beaucoup voyagé et fort peu dormi.
    Ils allèrent donc dîner dans l’auberge que leur avait indiquée Neyrolles. Ils prirent ensuite deux heures de repos. Au réveil, Daubier alla faire quelques pas sur la place, puis ils remontèrent en voiture.
    Ils avaient quitté la ville depuis un moment lorsque Daubier et Chantrin furent soudain projetés à l’avant du fiacre. Ils descendirent. Le cocher observait,

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